Politique
La crise sécuritaire qui sévit en République démocratique du Congo ne se limite plus à un simple affrontement local ou régional : elle s’inscrit désormais dans un jeu d’influences internationales où les grandes puissances se livrent une bataille diplomatique aux enjeux géostratégiques majeurs. Les États-Unis et la France, deux acteurs historiques de la scène mondiale, apparaissent aujourd’hui comme les figures opposées d’un conflit où la souveraineté du peuple congolais devient l’enjeu d’un bras de fer sans précédent.
Alors que la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée à l’initiative de la France, exige explicitement du M23 la cessation des hostilités et le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais, Paris opère un revirement qui ne manque pas d’intriguer. Contre toute attente, le gouvernement français se désolidarise de sa propre initiative et fait désormais du plan CENCO-ECC – un « Pacte social pour la paix » – son principal levier diplomatique. Ce retournement de position s’inscrit dans une dynamique ambiguë qui laisse planer le doute sur les véritables intentions de la France dans la région.
Pendant que la diplomatie congolaise dénonce avec vigueur l’inapplication de la résolution 2773, considérée comme un levier juridique et politique en faveur de la souveraineté nationale, la France projette de saisir à nouveau le Conseil de sécurité. L’objectif ? Faire entériner un plan élaboré par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), contraignant les autorités congolaises à s’aligner sur une approche dite consensuelle, mais perçue par une large partie de la population comme défavorable aux intérêts du pays.
De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis adoptent une posture diamétralement opposée. Le conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique, récemment en mission diplomatique en RDC, au Rwanda, en Ouganda et au Kenya, a clairement affirmé, le jeudi 17 avril, que la position américaine était sans équivoque : « Le M23 doit déposer les armes et le Rwanda retirer sans condition ses troupes du territoire congolais. ». Cette déclaration, en phase avec la résolution 2773, confirme la volonté américaine de soutenir la RDC dans sa quête de stabilité, tout en préservant l’intégrité de ses frontières.
Il est désormais évident que Washington et Kinshasa partagent un intérêt stratégique commun : la signature d’un accord minier de grande envergure, qui renforcerait la capacité de la RDC à exploiter ses ressources naturelles tout en assurant sa souveraineté territoriale. Dans ce contexte, les États-Unis semblent vouloir accompagner la RDC sur le chemin d’un partenariat équitable, loin des logiques néocoloniales et des compromissions diplomatiques.
La France, quant à elle, donne l’impression de poursuivre un agenda parallèle. À travers son soutien historique au Rwanda – qu’il soit militaire, technologique ou diplomatique – elle a contribué, selon plusieurs analystes, à l’occupation partielle de l’est de la RDC, notamment dans les villes stratégiques de Goma et Bukavu. Sa défense actuelle du plan CENCO-ECC apparaît alors comme un prolongement de cette politique, visant moins la paix véritable que la consolidation d’un rapport de forces favorable à Kigali.
Dès lors, une série de questions légitimes se pose : pourquoi la France cherche-t-elle à substituer au cadre onusien un plan émanant de structures religieuses dont l’impartialité est aujourd’hui remise en cause ? Que gagne-t-elle à imposer un Pacte social perçu comme un instrument de compromis au profit des puissances régionales alliées du Rwanda ? La CENCO et l’ECC, qui prétendent œuvrer pour la paix, mesurent-elles l’impact de leur initiative sur la dynamique du conflit et sur la légitimité de l’État congolais ?
Ce Pacte social, tel qu’il est conçu, dispose-t-il réellement des leviers pour contraindre le Rwanda à retirer ses troupes du territoire congolais ? Peut-il se substituer à une résolution des Nations unies sans trahir l’esprit du droit international ? Et si ce plan est véritablement porteur de paix, pourquoi ne pas commencer par appliquer la solution américaine – fondée sur le désarmement et la libération du territoire – avant de passer à une phase de réconciliation nationale ?
Ce double discours de la France traduit en réalité une volonté de maintenir le peuple congolais dans une forme de dépendance déguisée, où la paix n’est qu’un prétexte à la perpétuation des intérêts économiques et politiques étrangers. En soutenant le Pacte social sans préalablement exiger le retrait des forces d’occupation, Paris semble cautionner la logique du fait accompli, au mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le plus inquiétant dans cette manœuvre, c’est que la CENCO-ECC, en se plaçant sous l’aile d’une puissance étrangère, s’éloigne de sa mission originelle de médiation neutre. En cherchant à infléchir la position du pouvoir congolais par des canaux extérieurs, elle prend le risque d’être instrumentalisée au détriment de la souveraineté populaire.
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