Monde
Malgré une décision de justice suspendant temporairement les expulsions, les autorités américaines ont transféré plusieurs centaines de migrants vénézuéliens vers le Salvador. Une opération qui s’inscrit dans une politique migratoire de plus en plus externalisée.
Dimanche 16 mars, un vol affrété par les autorités américaines a atterri au Salvador avec à son bord plusieurs centaines de migrants vénézuéliens expulsés des États-Unis. Cette opération a été menée en dépit d’une ordonnance fédérale émise la veille, suspendant temporairement les renvois. Washington a justifié ce transfert par l’impossibilité d’arrêter des vols déjà programmés.
Les autorités américaines affirment que les migrants renvoyés sont affiliés au Tren de Aragua, un gang criminel vénézuélien opérant en Amérique latine. Pourtant, aucune preuve tangible de leur appartenance à cette organisation n’a été rendue publique. Ces expulsions massives rappellent celles menées contre les migrants haïtiens depuis 2021, où des milliers de personnes ont été refoulées sans véritable possibilité de déposer une demande d’asile.
Le Salvador, nouvelle destination des expulsés
À leur arrivée, les migrants vénézuéliens ont été immédiatement conduits au CECOT, la plus grande prison d’Amérique latine, sous la surveillance de forces de sécurité en tenue anti-émeute. Ce centre pénitentiaire ultra-sécurisé est devenu un outil central de la politique répressive du président salvadorien Nayib Bukele.
Ce transfert s’inscrit dans un accord signé en février 2024 entre Washington et San Salvador, visant à déléguer la gestion des migrants jugés indésirables. En contrepartie, le Salvador reçoit un soutien financier de la part des États-Unis.
Une politique migratoire externalisée
Depuis plusieurs années, les États-Unis multiplient les accords avec des pays tiers pour sous-traiter la gestion des migrants. En plus du Salvador, des expulsions similaires ont ciblé le Mexique et d’autres États d’Amérique latine.
Cette stratégie permet à Washington de réduire la pression migratoire sur son territoire tout en évitant d’avoir à traiter certaines demandes d’asile. Une approche qui soulève de nombreuses critiques, notamment en raison du risque de violations des droits humains et du manque de garanties pour les expulsés.
En poursuivant ces expulsions malgré une interdiction judiciaire, l’administration américaine confirme un durcissement de sa politique migratoire.
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