Société
Tout récemment une polémique est née après la présentation dans la presse et sur les réseaux sociaux d’une usine de fabrication de chikwangue installée près de Kinshasa, appartenant à des expatriés.
La chikwangue, une pâte de manioc fermentée et emballée dans des feuilles de bananier, est un aliment de base dans la capitale et dans les provinces occidentales du pays (Grand Bandundu, Kongo central et une partie du Grand Équateur). C’est dire qu’elle concerne un marché potentiel de plus de 30 millions d’habitants, qui consomment en moyenne plusieurs millions d’unités au quotidien, sans parler de la production exportée vers la diaspora congolaise.
L’essentiel de la production de Chikwangue est artisanale, confectionnée par des « mamans » dont c’est l’activité et la source de revenus principale. Cette « économie de la chikwangue », quoique largement informelle, pèse assez lourd dans la part agricole du produit intérieur brut, son ingrédient principal étant le manioc.
Le bouleversement de cette économie par l’introduction de lignes de production industrielle est perçu comme une menace pour la production artisanale qui occupe et nourrit plusieurs familles de la classe la plus démunie du pays. Ceci alors que le Congo souffre déjà d’un sous-emploi chronique et affiche de mauvais indices de pauvreté. D’ores et déjà, il y a une levée de boucliers et une manifestation d’inquiétudes face à la perspective de voir ce secteur de production artisanale entrer en crise du fait de la concurrence qui se profile. Certains n’hésitent pas à réclamer l’interdiction de cette usine, allant à l’encontre des règles qui régissent les activités économiques en RDC, pays qui est par ailleurs membre de l’Ohada.
Il faut dire que des petites unités de production semi industrielles existent déjà et achalandent les supermarchés de la capitale. D’autre part, la diaspora est inondée de produits en provenance de certains pays d’Asie et d’Afrique (le Cameroun notamment) où des commerçants ont flairé le bon filon et se sont organisés pour mettre en place des réseaux d’approvisionnement vers les consommateurs congolais en Europe et en Amérique du Nord.
Si cette concurrence existe déjà à une échelle assez modeste en RDC, elle est en passe d’atteindre un niveau supérieur avec la production industrielle et semi industrielle qui présente certains atouts sur le plan sanitaire et au niveau de la traçabilité des produits. En effet la production artisanale souffre d’un défaut d’exigences sur la qualité sanitaire de sa chaîne de production. Les autorités publiques se doivent de sensibiliser les « mamans » productrices sur les dangers en matière sanitaires, notamment sur ceux liés aux maladies dites des « mains sales » et à la qualité de l’eau utilisée.
D’aucuns diraient que nous avons grandi en consommant sans problème la chikwangue de la maman du coin de la rue, mais aujourd’hui il y a beaucoup plus d’exigences sanitaires pour éradiquer certaines pathologies, comme la fièvre typhoïde ou le choléra, qui sont causées par les mauvaises conditions sanitaires et qui ont fait beaucoup de ravages sur le taux de mortalité générale.
Les modes de consommation des congolais ont changé. Comme l’avait clamé naguère avec prémonition un chanteur congolais « santé ya alimentation, nzoto ya pharmacie… », la tendance chez congolais vivant dans les milieux urbains est de consommer les produits manufacturés et d’entretenir leurs corps avec des produits cosmétiques modernes, de préférence aux produits artisanaux ou traditionnels. En témoignent les supermarchés qui poussent comme des champignons, y compris dans les communes reculées de la capitale. Cela même si une majorité de gens modestes s’approvisionnent encore en victuailles dans les « Wenze » (petits marchés de quartier).
En définitive, cette tendance générale à la modification des habitudes de consommation pose la question essentielle de la production des biens manufacturés, dont la demande est croissante dans un pays qui possède un des plus grands marchés intérieurs du continent, avec près de 120 millions de consommateurs.
Malheureusement, la plupart de ces produits sont importés. D’ailleurs la quote part des produits importés d’Angola ne fait que croître. Ces produits inondent une bonne partie des rayons des supermarchés en concurrence avec les produits sud-africains, créant une dépendance économique et un déséquilibre accru de la balance du commerce extérieur (l’ouverture du corridor de Lobito ne va pas arranger les choses…)
Il est vital d’organiser une riposte pour protéger et développer notre économie manufacturière. De ce point de vue, la création des zones économiques spéciales est une stratégie primordiale.
Encore faut-il déployer avec détermination cette politique sur l’étendue du territoire, près des centres de consommation, et mettre à la disposition des investisseurs les infrastructures indispensables, en particulier l’énergie.
La sauvegarde de la très symbolique chikwangue traditionnelle (qui pourrait par exemple être labellisée ou encore servie sur les lignes aériennes) passe par la prise en compte de ces exigences de traçabilité sanitaire ainsi que celle des nouvelles tendances des consommateurs…
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