Politique
Le groupe de quatre opposants vient de connaître une fissure stratégique silencieuse. Désormais, toujours dans le même but de battre Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2023, Moïse Katumbi Chapwe, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng quadrillent le front de la recomposition du système électoral (Ceni, Cour Constitutionnelle) tandis que Martin Fayulu que vient de rejoindre Adolphe Muzito, opte pour la vérité des urnes malgré les imperfections du processus. Dans un mémorandum, les trois premiers exigent un toilettage global de l’architecture électorale de la République démocratique du Congo.
Katumbi, Matata et Sesanga sont formels. Le processus électoral nécessite des correctifs intelligibles et harmonisés. « Ces dernières années, nous n’avons cessé de dénoncer les déviations du processus électoral », indiquent les trois poids lourds de l’opposition congolaise. La Loi électorale, premier instrument de travail entre les mains de la CENI, contient des dispositions sujettes à controverse. « Elle a été adoptée sans le moindre respect de la loi ». La CENI qui est l’institution attitrée pour l’organisation des élections, est contestée dans sa composition. Ils évoquent la désignation du président de la CENI par les confessions religieuses qui, selon eux, a été « obtenue au forceps », même si les grandes Églises catholique et protestante ont arrêté leur contestation sur la question.
Les trois candidats présidents de la République déplorent que « les délégués censés venir de l’opposition aient été choisis par le pouvoir et continuent à ne pas être reconnus par leur famille d’origine ». Or, disent-ils, la CENI ne saurait tenir sa mission que sur la base de la confiance des compétiteurs électoraux. Mais là, elle (la CENI) est déjà une partie du problème, un motif de contestation des résultats de son travail, signalent les trois commandants de l’opposition radicale. Même la Loi électorale, premier instrument de travail entre les mains de la CENI, contient des dispositions sujettes à controverses, expliquent-ils.
Une seule tribu dirige tout le processus
« Quand on sait que le président de la CENI est du même bord politique et ethnique que le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur qui gère la sécurité intérieure du pays, la ministre de la Justice qui donne des injonctions au parquet, le président du Conseil supérieur de la magistrature, le président de la Cour constitutionnelle ainsi que le chef de l’ANR / service des renseignements, on est fondé de croire que le calvaire de l’opposition est programmé dans leur réunion de famille et/ou leurs officines conditionnées pour établir un climat de terreur et éliminer toute voix discordante de manière à faciliter des résultats électoraux tronqués », résume le mémorandum des quatre leaders de l’opposition. En plus de ces indications, les trois opposants fustigent la tribalisation excessive du processus électoral : « Toutes les institutions en charge de l’organisation des élections et la proclamation des résultats : la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le ministère des Finances, le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Justice, la Banque centrale et la Cour constitutionnelle sont politisés et tribalisés ».
Katumbi, Matata et Sesanga rappellent que la première étape opérationnelle importante de la CENI, l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, a été chaotique et s’est déroulée dans l’opacité la plus totale. Cependant, ils notent malheureusement que « des questions pertinentes posées à la CENI par la société civile, la Mission d’observation CENCO-ECC et nous-mêmes sont demeurées sans réponse ».
Flou financier et rétrécissement de l’espace politique
Outre le fait que le fichier électoral est jugé corrompu, l’opposition estime que « c’est encore un outil de travail défectueux dans les mains d’une CENI elle-même sujette à caution ». Tout ceci au moment où il n’existe pas à ce jour, décrivent-ils, un véritable cadre de concertation tripartite entre le pouvoir, l’opposition et la société civile pour faire le monitoring régulier du processus électoral. Malgré les vociférations de l’Union sacrée, l’opposition relève que le financement des opérations électorales fait régulièrement l’objet des contradictions entre le gouvernement de la République qui tente toujours de montrer qu’il libère tous les moyens nécessaires au processus électoral et la CENI qui rappelle à intervalles réguliers que les contraintes financières sont toujours une menace sur le bon déroulement du processus, car « les ressources obtenues ne sont pas en adéquation avec l’agenda de sa mission ».
Pour le trio, l’opinion a le droit de connaitre ce qui se passe pour ne pas craindre de désagréables surprises de dernière minute. Par ailleurs, les trois leaders dénoncent le cas du rétrécissement de l’espace politique par le « musèlement de l’opposition, par les arrestations arbitraires, les brimades, le déploiement des milices à la solde du pouvoir, les répressions violentes de ses membres » qui, selon eux, n’est pas de nature à rendre possible une compétition électorale saine et apaisée.
Lever la méfiance généralisée des acteurs vis-à-vis du processus
Les trois candidats présidents de la République appuient sur l’impératif de la restructuration de la CENI en respectant les droits des parties prenantes à désigner librement leurs représentants. « La CENI ne saurait assurer sa mission que si elle a la confiance des parties prenantes, sinon un grain de contestation est déjà semé là », expliquent Katumbi, Matata et Sesanga. Autant qu’ils soulignent la nécessité d’organiser l’audit du fichier existant par un « cabinet international dont l’expertise en la matière et l’indépendance sont avérées ». L’audit devrait requérir la présence des délégués des parties prenantes puisqu’il s’agit d’une question de crédibilité du processus. Les présidents d’Ensemble pour la République, Leadership et gouvernance pour le développement (LGD) ainsi de l’Envol attirent l’attention de l’opinion sur les besoins de respect du calendrier. Besoin qui, disent-ils, ne sont pas à négliger.
Comme suggestion, ils encouragent l’organisation des élections dans le respect des délais constitutionnels comme voulu par tous. « Des élections de bonne qualité », car il est possible de réaliser cet audit externe sans suspension des autres opérations inscrites au calendrier de la CENI, c’est-à-dire concomitamment, mentionnent les trois leaders.
Libérer la justice congolaise
Les trois têtes d’affiche de l’opposition reviennent à haute voix sur le besoin de recomposition de la Cour constitutionnelle, dans le respect de la loi, « en lui assurant toute son indépendance dans son rôle de gardien suprême du respect de la Constitution et de la légalité en RDC ». Dans cette optique, ils exigent la fin de l’instrumentalisation des institutions politiques, judiciaires et fiscales contre les candidats de l’opposition à la présidence de la République. Ils illustrent précisément les cas de Matata Ponyo Mapon et Moïse Katumbi Chapwe comme les plus éloquents. « Il en est de même des arrestations et des détentions arbitraires des collaborateurs des candidats présidents de République issus de l’opposition tels que Lens Omeonga, Salomon Kalonda Della, Mike Mukebayi Nkoso, Daniel Safu, Franck Diongo ainsi que l’intimidation et l’arrestation des journalistes ».
Liberté de mouvement des candidats de l’opposition
Les trois leaders de l’opposition déclarent que “seule la rencontre de leurs exigences et correctifs” permettra la tenue des élections crédibles et évitera le chaos au pays. « Mettre fin aux restrictions de liberté de mouvement des candidats présidents de la République à l’intérieur du pays au cours du second semestre 2023 », est l’autre exigence afin de permettre à ces derniers de s’assurer du dépôt de candidatures des membres de leurs partis à tous les niveaux des élections (présidentielle ainsi que législatives nationale et provinciale). Enfin, Katumbi, Matata et Sesanga demandent au gouvernement de s’interdire d’instrumentaliser les structures étatiques pour bloquer les paiements en faveur des structures liées aux candidats présidents en contrepartie des services rendus conformément aux règles en vigueur. Enfin, les trois candidats veulent s’assurer avec l’appui de la Monusco et l’accompagnement des autres partenaires, « que les élections se dérouleront sur toute l’étendue de la République ».
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