Kinshasa : Déguerpissement annoncé au camp lufungula : grogne des femmes des policiers concernées

Une grogne sociale des familles des policiers du camp Lufungula à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), en voie d’être déguerpis, a été observée mardi sur l’avenue des huileries où le trafic a été brièvement perturbé à cause des pneus brûlés sur la chaussée.

« Nous ne sommes pas contents de la situation que nous connaissons présentement. Hier des gens sont venus nous proposer une somme de 500 (cinq cent) USD à chaque famille des policiers pour quitter le terrain où, faute d’espace au sein du camp, nous avons érigé nos maisons. Il nous a été dit que ledit espace servira à la construction d’une morgue. Nous avons refusé de quitter parce que nous ne saurons pas louer une maison avec cette somme. Nous travaillons pour l’Etat congolais. Nos maris souffrent», a déclaré l’épouse d’un policier qui a requis l’anonymat.

Et de poursuivre : «Nous allons continuer à manifester jusqu’à obtenir gain de cause. De toutes les façons, si on veut nous déplacer d’ici, qu’on nous donne 3.000 (trois mille) USD à chacune des familles. Cette affaire ne date pas d’aujourd’hui. On croyait que c’était une simple rumeur. Mais on a finalement compris que c’est une réalité parce qu’il y a même une maquette placée juste à côté du terrain que nous occupons ».

Selon les témoignages recueillis auprès des occupants de ce terrain, certaines familles ont carrément accepté la somme proposée. « Il y a des gens qui ont quand pris cet argent même si ce n’est pas suffisant. Nous attendons voir quelle sera la suite pour ceux qui ont refusé », a dit l’une des manifestantes du nom de Marthe Mabele.

L’espace habité par les familles de ces policiers a été choisi par les autorités pour la construction d’une morgue moderne à côté de l’hôpital central de référence de la Police nationale congolaise, également situé au camp Lufungula. Selon un démembrement du service technique du commissariat général de la police nationale congolaise, cet espace est actuellement occupé par 40 (quarante) ménages.

Les montants proposés aux familles des policiers en colère figurent bel et bien dans une lettre adressée au commissaire général de la Police nationale congolaise, avec copie pour information au commandant de la police ville de Kinshasa, est plus explicite à ce sujet.

«Dans le cadre de la réalisation du projet de construction de la morgue moderne de l’hôpital central de référence de la police nationale congolaise au camp Lufungula, l’espace prévu pour cette fin est actuellement occupé par 40 ménages selon leur démembrement effectué par le SGI», peut-on lire dans une lettre datée de 14 mars 2023 signée par le commissaire divisionnaire supérieur, Kalala Tchembe,
adressée au commissaire général de la police avec copie pour information au commissaire provincial de la police nationale ville de Kinshasa. «A ce sujet, la coopération PNC et l’ONG ASPACO ont prévu un montant forfaitaire de 500 (cinq cent) USD pour chacune de 31 (trente et un) familles qui ont construit des baraques et 800$ (dollars américains huit cents) pour 9 (neuf) autres familles qui ont construit chacune en dur pour se loger», indique le communiqué.