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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 aout 2024
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M23 : ces regrets d’un jeune combattant Rwandais sur la ligne des fronts en RDC (Interview exclusive)

2023-04-09
09.04.2023
2023-04-09
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Pour des raisons de sécurité, nous appelons notre source Shema Habyarimana (nom d’emprunt). Ce jeune de 21 ans a été rencontré par Tazama RDC dans le groupement Jomba, lundi 27 mars 2023, alors qu’il assurait la garde d’un officier qui, visiblement, était en réunion dans une résidence privée dans la région.

Il voulait acheter la cigarette de son commandant, lorsque nous l’avons approché pour une conversation.

Avec prudence et plein de gentillesse, nous nous approchons de notre cible lourdement armée, nous assayons sur une pierre tout près de lui et lui parlons en Kiswahili pour qu’il se sente à l’aise. Mais après l’avoir mis en confiance, Shema nous avoue n’avoir pas beaucoup de mots en Kiswahili et qu’il souhaite parler Kinyarwanda.

Shema Habyarimana très hésitant, arrive tout de même à nous parler de son enrôlement « Forcé » dans l’armée à partir de nyundo son village au Rwanda, jusqu’à se retrouver au Nord-Kivu où pour la première fois, il a porté une arme et tenue militaire.

« Chez-nous c’est à nyundo au Rwanda, c’est là où mes parents se trouvent.

On nous avait pris par force en nous amenant à Kigali, disant qu’on allait nous engager pour un bon travail. Nous étions tous des jeunes Hutu de nyundo, très nombreux de sorte que je ne me souviens même plus des autres. Une fois arrivé à Kigali, on nous a enfermé dans un enclos avec d’autres jeunes qui étaient venus de je ne sais où. Au petit matin, on nous a mis dans des camions completement fermés, puis nous avons voyagé jusque tard la nuit. Après, nous sommes descendus des camions, puis partir à pied jusqu’à un endroit inconnu de tous.

C’est quelques jours après, lorsque nos chefs nous avaient envoyé puiser de l’eau, que nous avons rencontré des enfants à qui nous avions demandé de nous indiquer l’endroit où nous étions. C’était pour nous une surprise d’apprendre que nous étions à Chanzu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo. C’est là-bas qu’on nous a formé à devenir militaires. Voilà donc comment je suis devenu militaire du M23 ».

Ce jeune Rwandais qui se dit membre de la communauté Hutu, voit son avenir ruiné par son enrôlement involontaire dans une rébellion. Il vit dans une frustration accompagnée du désespoir extrême. Il estime d’ailleurs que cette guerre, en plus d’être fondée sur des intérêts égoïstes de ses initiateurs, viserait aussi à mettre en péril la communauté Hutu du Rwanda dont les jeunes sont recrutés par force et envoyés dans une guerre pour mourir dans l’Est de la RDC.

« En vrai, nous n’avons aucune autorisation à parler aux gens de l’extérieur. Et si le commandant me soupçonnait d’avoir échangé avec vous, il n’hésitera pas de me tuer. On nous refuse d’avoir le téléphone, mes parents ne savent pas si je suis ici comme militaire du M23, s’ils l’apprennent, c’est certain qu’ils piqueront une crise cardiaque. Et si par malheur le commandant apprenait que c’est des questions pareilles que nous discutons, je suis un homme mort. Mais bon, la vie que nous menons dans cette rébellion, je ne peux savoir la décrire. Nous vivons péniblement dans le Nord-Kivu ».

Plusieurs informations font état d’un mensonge diffusé au Rwanda par les autorités publiques disant que le Rwanda est en combat en RDC pour éviter les populations rwandophones des massacres voir même de génocide en cours. Une thèse que Shema ne comprenait pas depuis, mais dont il a eu la preuve que c’est une invention des laboratoires de Kigali tout simplement : « Lorsque nous étions arrivés à Chanzu, on nous avait signifié que nous sommes venus nous battre pour notre langue et notre communauté. Que nous étions venus aider nos frères qui sont marginalisés et massacrés au Congo seulement parce qu’ils parlent le Kinyarwanda. Mais ce que je vois aujourd’hui est bien le contraire. Dans des localités que nous occupons après des combats, tous les gens qui parlent Kinyarwanda se méfient de nous, ils ont du mal à cohabiter avec nous jusqu’à ce que nous nous imposions. Ceux qui trouvent le moyen d’abandonner leurs villages à temps, n’hésitent pas de le faire pour se réfugier dans des endroits contrôlés par les FARDC », explique-t-il avec étonnement.

« Lorsque nous allons à la guerre, c’est nous les jeunes Hutu qui sommes mis à la première ligne nous exposant au plus grand des dangers (la mort). C’est devenu très compliqué et même très grave par rapport aux raisons nous annoncées au départ. Les Tutsi, ce sont eux qui commandent. Et les quelques Hutu gradés, sont visiblement très surveillés. Il n’y a pas égalité entre Hutu et Tutsi dans notre mouvement. Je suis désolé de vous le dire, mais c’est par émotion que j’y parviens. Ça fait deux fois que j’ai survécu aux bombardements des FARDC dans des montagnes, je suis conscient que c’est Dieu qui a voulu que je survive. Je ne sais comment vous le dire, mais j’espère que ce même Dieu, permettra que je rentre vivant chez nous à nyundo au Rwanda, et que je retrouve ma famille. Si non, je regrette beaucoup d’être ici », dit Shema Habyarimana.

Certains opposants politiques rwandais ont à maintes reprises dénoncé l’enrôlement des jeunes de leur pays dans la rébellion du M23 que leur gouvernement soutiendrait, des affirmations jamais admises par Kigali malgré la confirmation des nations unies. Des analystes évoquent même une tendance d’épuration ethnique au Rwanda, où les Hutus sont considérés comme membres d’une communauté de second rang.
Dans ce pays, seuls les Tutsi ont droit à des postes de décision dans toutes les entreprises, et pour masquer cette discrimination, certains Hutus jugés acquis à l’idéologie politique du Président Paul Kagame prennent des postes de décision, mais qui peuvent leur coûter leur vie en cas de moindre dérapage.

Tazama RDC aurait bien voulu poursuivre la conversation avec Shema Habyarimana, mais celui-ci a estimé qu’il a donné l’essentiel des informations. « Je ne souhaite plus répondre à d’autres questions. Partez avant que le pire ne nous arrive tous. »

Le lieu exact de l’entretien, le vrai nom ainsi que le village exact de l’interviewé ont été cachés pour garantir son anonymat.

 


Tazama RDC / MCP, via mediacongo.net
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