Les destructions des constructions anarchiques : un travail de forme sans fond est une prime à la récidive

Les kinois assistent depuis quelque temps aux opérations des démolitions des constructions anarchiques que mènent l’actuel gouverneur de la ville, Gentiny Ngobila Mbaka et son vice, Gecoco Mulumba. Trop de familiarité dans cette entreprise, ”du déjà vécu”, ces actions n’en sont pas à leurs premières frasques. Elles sont une représentation de l’histoire de la poule et de l’œuf comme de la chenille et du papillon, un cycle qui n’en finit point.

La technique de bricolage et de rafistolage s’élargit à toutes les sphères se modelant chaque fois au contexte dans lequel elle s’applique, que la majorité des personnes se contentent du travail de surface, le fond, sans lequel on ne parlerait de réel changement, est trop souvent laissé pour compte.

Du déjà vécu dans la mégapole Kinshasa, une prime à la récidive

Loin d’anticiper le dénouement du travail qu’abattent les autorités de la ville, il y a lieu de s’interroger toutefois : à qui profitent ces démolitions ? Un futé dira certainement que ”la loi est dure, mais c’est la loi”, et l’on acquiesce par applaudissements. Néanmoins, celle-ci ne devrait pas que prendre en compte un aspect de la situation. Au regard des infractions commises, la faute est partagée.

Les tenanciers des bars ou propriétaires des constructions dites anarchiques n’agissent pas de leur propre gré. Il y a lieu de retourner la situation et soulever une autre préoccupation : auprès de qui obtiennent-ils la paperasse nécessaire pour leur fonctionnement en bonne et due forme ? Soulignons que certains doivent construire. Pour ce faire, il leur faut une autorisation de bâtir ou autres documents similaires. C’est un peu comme mettre aux arrêts le corrompu et laisser libre le corrupteur circuler à sa guise...

Dans ces conditions, comment ne punir que les tenanciers des commerces et promoteurs immobiliers pendant que ceux qui légalisent leurs actions continuent de se tourner le pouce en attendant qu’une autre affaire hypothétique leur tombe sur la table dans la perspective de faire des futures victimes de l’urbanisation ?

A l'image de l’Inspection générale des finances qui fournit son rapport après chaque enquête, détournement s’il y a, au pouvoir public de s’en charger, le congolais espère que le gouvernorat en fasse autant. Que les autorités de la ville ne frappent par des mesures draconiennes pas que les propriétaires des constructions anarchiques. Mieux, c'est qu’elles ouvrent des actions en justice contre les personnels commis à la délivrance des différentes autorisations.

Qu’on se le dise, leurs fonctions les contraignent, à une certaine mesure, à détenir les informations relatives aux espaces pouvant faire objet d’exploitation ou pas. Cette nouvelle façon de faire apportera un coup de massue à la prime à la récidive. Faire les choses de façon juste et équitable, c’est cela faire respecter la loi.

 Des énergies aux moyens dépensés, des ressources à utiliser autrement...

Ils se limitent à des décisions populistes. Ils bâtissent leur notoriété sur des actions éphémères. Alors qu’il y a des vrais soucis qui relèvent du ressort de la ville ou requiert sa compétence : l’insalubrité, la pollution sonore, la délocalisation des ménages qui vivent dans des conditions infrahumaines en plein cœur de la capitale...

Les énergies et les moyens mis ensemble pour la démolition des constructions anarchiques serviraient aussi à la mobilisation des bourgmestres et chefs des quartiers en vue de la salubrité de leurs administrations respectives. Il faut bien commencer quelque part... la beauté et le chic de la ville ne pas qu’à côtoyer sur Tshatshi et ses encablures.

Il y a mieux à faire dans la ville. Des problèmes qui menacent la vie des citoyens sont bien réels. Pourquoi ne pas commencer par les spoliations qui dévient les cours de certaines rivières dans la capitale, occasionnant des dégâts matériels importants lorsqu’il pleut et faisant des sinistrés par ricochet.

Mieux encore, une année jour pour jour (02 février), le marché de Matadi Kibala a repris ses activités, toujours sous les câbles électriques à haute tension en dépit du réel danger qu'ils continuent de représenter et sous l’œil passif des agents de l’ordre.