Politique
Cependant, le suspense qui en résulte, depuis le sacré discours annonciateur des grandes réformes, à l’issue de ces concertations nationales, tenues du 7 septembre au 5 octobre 2013, n’aura que trop duré, s’il faut compter avec le temps nécessaire à la mise en œuvre de 689 recommandations dont 100 ont été jugées urgentes et prioritaires, par le duo Kengo-Minaku, au nom du comité de suivi.
L’impatience est lisible sur tous les visages des participants aux concertations nationales. Nombreux sont ceux qui, sous le sceau de l’anonymat, s’interdisent de spéculer tant que le président de la République, initiateur de ces concertations, n’aura pas dit son dernier mot.
Certains disent, néanmoins, qu’il – le Président Joseph Kabila – prend tout son temps, pour ne pas taper à côté, dans le choix à opérer face à la problématique de la désignation des animateurs de cette nouvelle équipe gouvernementale dite de cohésion nationale, selon ses propres termes.
Mais, s’il faut calculer les jours, à compter du jour de l’annonce des grandes réformes, voici pratiquement trois mois passés, depuis que le chef de l’Etat a promis à la Majorité, la Société civile ainsi qu’à l’Opposition politique qu’il instituerait un gouvernement de cohésion, en exécution d’une des recommandations des concertations nationales. L’affaire procède bel et bien de son pouvoir discrétionnaire. Là-dessus, le ministre de la communication et des médias n’a cessé de le répéter, toutes les fois qu’une telle question lui a été posée, lors de ses multiples points de presse, à Kinshasa.
Cependant, l’inquiétude gagne du terrain, du côté des membres de l’actuel gouvernement, même si Augustin Matata, le Premier ministre, n’ose pas en donner l’air. Mais, au fond, que peuvent-ils bien faire, dès lors qu’une circulaire restreignait leurs faits et gestes, en les inscrivant dans la logique de l’expédition des affaires courantes ? De l’autre côté, par contre, les participants aux concertations dont la plupart s’attendaient à trouver ne serait-ce qu’une place au soleil, la même inquiétude est partagée. D’autant plus qu’il était question, pour le Président de la République qui, soit dit en passant, avait « écouté et compris », de ne plus tenir la Minorité, c’est-à-dire, l’Opposition à l’index de la gestion de la chose publique. D’où, la raison était-elle fondée de se forger un espoir, si épais soit-il.
Dans tous les cas, dans les deux camps, rien ne se perd, rien ne se gagne, à ce stade. Matata joue aux prolongations, avec ses crédits provisoires, son Budget 2014 et ses chantiers dans la capitale et ailleurs. Kengo et Minaku, eux, jouent, à leur manière, sur le clavier de la tempérance. Ils s’occupent, d’abord, de la session extraordinaire, tout en rivant, ensuite, un œil sur le comité de suivi des résolutions et recommandations des concertations nationales. L’Opposition s’ingénie, quant à elle, à trouver des mots, pour colmater des brèches d’une cohésion nationale dont les premières bases ont été secouées, avec l’arrestation de Fidèle Babala, à la CPI, et l’assassinat du MLC/Lajos Bidiu. A la Société civile, le phénomène Mukungubila est venu, spécialement, envenimer la situation, en jetant un sérieux doute sur les hommes de Dieu. Entretemps, Malumalu serait, lui, au point de se lancer sur le marché, avec une nouvelle feuille de route, pour des élections locales. Tout ceci, aurait dû, normalement, se mettre en ordre, si Kabila lâchait la nouvelle équipe ou, à la limite, s’il confirmait un, deux ou trois et, pourquoi pas, cinq ou dix parmi ceux qui sont déjà là, avec Matata, peut-être, en tête.
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