Société
Les prévenus à la barre hier, jeudi 29 mars, dans l’affaire des présumés miliciens du mouvement terroriste Kamwena Nsapu branche de Kinshasa, ont soutenu avoir signé sur les procès verbaux sur fond de tortures. Des affirmations qui ont été balayées d’un revers de la main par l’Officier du Ministère public (MP) qui a démontré, à travers le jeu de question-réponse, que tous les prévenus sont passés librement et volontairement aux aveux et se sont accusés mutuellement.
L’audience a commencé par la comparution du prévenu Tshilengi Bea Gecko présenté sous la casquette de vice-président de la Ligue des jeunes de l’UDPS. Le Ministère public l’a accusé de neuf chefs d’accusation, dont le terrorisme, la participation à un mouvement terroriste et le refus de dénoncer. Il a été chargé par son co-prévenu Christian Mukadi, d’avoir été au courant de l’attaque du poste de Police de la 11ème rue, le 9 mai 2017, ainsi que de celle de l’ex prison centrale de Makala, le 17 mai de la même année, sans l’avoir dénoncé à l’autorité publique.
Dans ses déclarations sur PV, rappelle le Tribunal, Christian Mukadi a avoué avoir été soigné aux frais propres de Gecko Bea, après avoir été touché par balle lors de l’attaque du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) perpétrée par le mouvement terroriste Kamwena Nsapu auquel il faisait partie. "Le prévenu Gecko Bea l’a, après son traitement, présenté auprès d’un cadre de son parti l’UDPS tout en vantant les prouesses de ce mouvement insurrectionnel", a martelé l’organe poursuivant.
LA DEFENSE REJETTE LES HUIT AUTRES PREVENTIONS
La Défense soutient qu’il est inexplicable d’imputer à leur client toutes ces infractions, alors que dans la phase pré-juridictionnelle du dossier il ne lui était reproché que la prévention de "refus de dénoncer des actes terroristes". Tout en affirmant que les signatures apposées sur les PV qu’on attribue à leur client ont été obtenues à coup de tortures, son Conseil demande à la composition de revenir à la phase antérieure de l’instruction.
L’officier du Ministère public estime que cette exception est sans objet. Aussi, a-t-il convié la défense à bien lire la "décision de renvoi" qui, explique-t-il, est très éloquent à ce sujet. "Ce document par lequel le Ministère public a saisi le Tribunal militaire de garnison Kinshasa Gombe reprend noir sur blanc toutes les neufs préventions à charge du prévenu Gecko Bea", a fait remarquer le lieutenant-colonel Alpha Limbaya.
"Je ne vois pas pourquoi les conseils du prévenu doivent demander au tribunal de revenir à la case départ. Cette procédure n’existe pas en droit positif congolais, dès lors que le tribunal s’est déjà prononcé en faveur des procès verbaux à travers un jugement Avant dire droit (ADD). Pas plus tard qu’au début de cette audience, le tribunal a pris soin de lire à l’intention du prévenu toutes les neuf préventions à sa charge. Les parties civiles sont elles aussi revenues abondamment là-dessus", a indiqué l’organe de la loi.
IL NE S’AGIT PAS D’UN PROCES POLITIQUE
Réagissant aux propos de la Défense, l’OMP a tenu à préciser que Gecko Bea n’est pas poursuivi comme cadre de l’UDPS. Il est déféré devant la justice comme un citoyen congolais qui a enfreint la loi. Afin d’être suffisamment éclairé sur ce dossier, le juge président a promis de faire comparaitre à l’audience prochaine, le médecin auprès de qui Gecko aurait amené Christian Mukadi pour des soins après blessure par balle, à titre de renseignant.
Le deuxième prévenu à comparaître à l’audience d’hier a été le nommé Biaya Mukanza Augustin. Il a rejeté en bloc les huit préventions à sa charge. Vendeur de carburant, Il dit avoir été arrêté alors qu’il revenait de s’approvisionner en marchandises. Il a, à la même occasion, nié avoir été entendu sur PV. Des affirmations qui ont vite été contre-balancées, car les réponses données par devant le tribunal correspondaient in extenso à celles contenues dans lesdits PV.
"Le rôle du Tribunal est d’écouter et de vérifier ce qui est affirmé et ce qui est nié. Ça ne nous étonne pas de voir les prévenus nier les faits qu’ils ont commis. C’est au tribunal de vérifier si leurs dénégations sont acceptables. Au départ, ces prévenus ont été interrogés séparément. Ils ont dans la suite été confrontés. Forcement qu’ils se sont concertés pendant qu’ils sont en prison. Et avec l’aide des avocats, ils ont mis sur pied un système de défense consistant à tout nier. Ce qui est curieux, c’est le fait qu’ils nient même les choses en leur faveur", s’est étonné Me Matadi Wamba, Bâtonnier national.
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