Nouveau représentant de l'Onu pour les Grands Lacs, Saïd Djinnit entame sa première tournée dans la région

Le nouveau représentant de l'Onu pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, a entamé  mercredi 20 août sa première tournée allant du 20 août au 15 septembre dans cette région avec pour mission de favoriser l'établissement d'une paix durable dans une vaste zone instable d'Afrique centrale.

Le nouveau représentant de l'Onu pour la région des Grands Lacs a entamé sa tournée par Nairobi au Kenya où se trouve son bureau. Quoique son programme ne soit pas encore clairement arrêté, on laisse entendre que Saïd Djinnit devrait se rendre du 25 au 26 août à Addis-Abeba en Ethiopie, avant l'étape de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC) du 28 au 29 août prochains.

Durant sa tournée, Saïd Djinnit va rencontrer les différentes autorités des pays des Grands Lacs ainsi que les partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord cadre d'Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération dans la région. Une sorte de tournée de prise de contact avec tous les partenaires avec lesquels il aura à traiter durant son mandat.

Le 25 février 2013, onze pays africains ont signé à Addis-Abeba l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région ou l'Accord-cadre d'Addis-Abeba. Par ce document d'une importance capitale, les pays de la région s'engageaient à ne soutenir aucune rébellion dans l'Est congolais, en proie à une instabilité chronique depuis vingt ans due à l'activisme de nombreux groupes armés nationaux et internationaux.

De son côté, la RDC devait s'engager à mener diverses réformes (politique, sociale, sécuritaire...).

Avaient signé l'Accord-cadre, les présidents Joseph Kabila (RDC), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Armando Quebuza (Mozambique), Paul Kagame (Rwanda) Denis Sassou N'Guesso (Congo), Jakaya Kikwete (Tanzanie) ainsi que les représentants des chefs d'Etat du Burundi, de l'Ouganda, l'Angola, la Centrafrique et de la Zambie.

La nomination par le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon de l'Algérien Saïd Djinnit comme représentant spécial pour la région des Grands lacs a été annoncée le 17 juillet. Il venait ainsi de succéder à l'Irlandaise Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande, devenue envoyée spéciale de l'Onu pour le changement climatique.

A peine sexagénaire, Saïd Djinnit est auréolé par une longue carrière diplomatique. Représentant spécial de l'Onu pour l'Afrique de l'Ouest depuis 2008, l'Algérien s'est illustré notamment dans la résolution de la crise en Guinée ou du conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria. Avant l'Onu, il a assumé au sein de l'Union africaine le poste de premier Commissaire pour la paix et la sécurité de l'organisation continentale.

Désarmement et élections au programme

Comme nouveau représentant de l'Onu pour les Grands Lacs, Saïd Djinnit va s'atteler dans une mission aussi délicate que celle de prévenir des conflits, parvenir à faire appliquer l'Accord-cadre d'Addis-Abeba censé maintenir la paix dans l'Est du Congo, encourager la mise en œuvre des déclarations de Nairobi entre l'ancienne rébellion pro rwandaise et le gouvernement congolais, et ce, dans une zone en proie à une insécurité grandissante.

Avec les autres envoyés spéciaux de la communauté internationale, le diplomate algérien aura également pour tâche d'obtenir le désarmement total des éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Ceux-ci ont jusqu'en décembre prochain pour désarmer, selon un ultimatum des chefs d'Etat et de gouvernement de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) dont le mini-sommet s'est tenu à Luanda en Angola jeudi 14 août. Et en cas d'échec, ils seront désarmés par l'option militaire.

Mais le plus grand défi que le nouveau représentant de l'Onu pour les Grands Lacs aura à relever sera sans doute d'assurer des processus électoraux pacifiques au Burundi et surtout au Rwanda et en RDC. Pays dans lesquels aux termes de leurs Constitutions respectives, les présidents Paul Kagame et Joseph Kabila ne peuvent se représenter.

Depuis 1960, la crise congolaise d'après indépendance a fait appel aux forces des Nations Unies de maintien de la paix ainsi qu'aux représentants spéciaux de l'Onu. Depuis 1999, les Nations Unies ont été spécialement représentées en RDC par sept représentants spéciaux qui se sont succédé. Il s'agit notamment de Kamel Morjane, Amos Namanga Ngongi, William Swing, Alan Doss, Roger Meece, Martin Kobler, dont les trois derniers ont occupé le poste de chef de la Mission de l'Onu en RDC, Monuc qui va devenir plus tard Monusco.