Société
Vendredi dernier en effet, l’Administrateur délégué intérimaire de cette entreprise publique transformée en société commerciale, Ludjwera Birindwa, a été mis aux arrêts. Mais, ce n’était pas sans mal. En effet, en dépit de l’information lui parvenue et faisant état de la descente d’une équipe d’enquêteurs de l’ANR (Agence nationale des renseignements) dûment mandatés à son bureau, l’homme a choisi la voie de la résistance active. Il a commencé par instrumentaliser la délégation syndicale, laquelle a pris soin de barricader toutes les entrées de la société.
Plus grave, des militaires armés veillaient au grain. Alertés par des syndicalistes qui leur ont fait croire que l’Administrateur délégué Ludjwera allait être enlevé par des inconnus, ces éléments en uniforme ont fait pleuvoir plusieurs tirs de sommation en l’air. Compte tenu de la haute sensibilité du secteur où se trouvent à la fois la Présidence de la République, la Primature, la Banque centrale du Congo, plusieurs ministères et ambassades ; ce déluge de feu a créé une véritable psychose.
C’est ainsi que l’on a vu débarquer à la Cohydro à la fois des éléments de la Garde républicaine, de l’Inspection urbaine de la Police et des « services », venus tous s’enquérir de la cause des tirs nourris qui ont secoué Gombe pendant quelques minutes. L’unique certitude, à ce stade, est que l’AD Ludjwera, après avoir sans doute saisi la gravité de la situation qu’il venait de créer, s’est finalement laisser embarquer.
Toutefois, des questions restent à élucider. Comment expliquer la présence des militaires dans les installations d’une société de l’Etat, pour assurer la protection d’un mandataire public ? S’il se sentait en danger, pourquoi n’avait-il pas requis la présence de la police ? Et, qui a donné l’ordre des tirs ?
Pour le reste, la délégation syndicale de la Cohydro, qui a accepté de se laisser manipuler par un prédateur, mérite d’être interpellée par qui de droit. Elle devrait notamment justifier le mensonge qu’elle a soutenu dans sa lettre au Premier ministre, et selon lequel la cargaison de pétrole commandée par l’AD Ludjwera était en route et qu’elle allait être livrée au plus tard le 7 octobre 2013. Tout le monde peut constater que le mois d’octobre tire à sa fin et qu’aucun pétrolier n’est annoncé dans les eaux territoriales congolaises. Par ailleurs, aucune précision n’est fournie à qui que ce soit au sujet de l’exécution de la commande de 10 millions de dollars passée par Cohydro auprès de LTI (Labolhano Trading Investment), une société sud-africaine.
Par ces temps où les Congolais sont appelés à s’inscrire à l’école de la bonne gouvernance, le Premier ministre Augustin Matata a du pain sur la planche avec la caste des mandataires publics qui éprouvent tout le mal du monde à se débarrasser du vieil homme. Sa volonté de traduire en actes la vision du chef de l’Etat dans l’optique de la Révolution de la modernité ne peut aboutir avec des pratiques du genre de celles couvertes par la délégation syndicale de la Cohydro.
Les observateurs s’interrogent, dans le même ordre d’idées, sur le silence radio observé par les ministres du Portefeuille et des Hydrocarbures, qui donnent l’impression de s’être montrés impuissants face au tout puissant AD Ludjwera. Pourquoi, depuis son arrestation, ne donnent-ils pas de la voix sur l’évolution du dossier ?
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