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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Pourquoi certains pays du Sud global condamnent-ils les actions d'Israël, mais pas l'agression russe en Ukraine?

2024-02-28
28.02.2024
2024-02-28
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En réaction aux guerres en Ukraine et au Proche-Orient, les nations des Brics+ affichent les mêmes discours nuancés, souvent propalestiniens, prorusses et antioccidentaux.

Luiz Inácio Lula da Silva, plus communément appelé Lula, vient d'être déclaré « persona non grata » en Israël. Les 18 et 23 février, le président brésilien a comparé l'offensive israélienne dans la bande de Gaza à un « génocide » et plus précisément à la Shoah. Le 19 février, Israël Katz, ministre des Affaires étrangères israélien, a tenu à l'informer personnellement de cette nouvelle, déclarant que Lula devrait présenter ses excuses et retirer ses propos rapidement. Benyamin Netanyahou a lui aussi rapidement réagi, en expliquant que ces propos étaient « honteux et graves ».

Soutien historique de la Palestine, le président brésilien s'est donc attiré les foudres de la classe politique israélienne. À l'inverse, le Hamas a salué ces propos, dans ce que l'organisation palestinienne perçoit comme une simple description de la réalité des populations dans la bande de Gaza. Une sortie qui place le curseur des positions diplomatiques du Brésil à l'égard d'Israël.

Une notion d'« agresseur » fluctuante selon les intérêts

Parallèlement, le Brésil continue d'entretenir des relations diplomatiques et commerciales avec la Russie de Vladimir Poutine, même s'il déplore l'agression russe sur le sol ukrainien, comme en atteste son vote d'une résolution de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU), en faveur d'une « paix durable » en Ukraine, en février 2023.

Mais le Brésil refuse toujours de voter des sanctions contre la Russie et renvoie la responsabilité du conflit à chaque partie prenante. Au début de la guerre en Ukraine, l'agro-industrie brésilienne a lourdement payé sa dépendance aux engrais russes. Mais, malgré le conflit, la Russie reste un important fournisseur du Brésil (2,9% des importations totales du pays en 2022), et notamment en matière d'hydrocarbures: en 2023, 30,4% du pétrole raffiné ou brut importé dans le pays de Lula venait du pays de Vladimir Poutine.

Membre des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le Brésil est l'un des visages de ce que l'on appelle le «Sud global», ce groupe de pays informel qui prend de plus en plus de distance avec la gouvernance occidentale et la superpuissance américaine. Ensemble loin d'être homogène par ses positions défendues sur la scène internationale, il n'en reste pas moins que certains de ses membres affichent des positions communes, notamment sur le plan diplomatique.

Mais le Brésil, la Chine ou encore l'Éthiopie (qui a rejoint, le 1er janvier 2024, le groupe élargi à cinq pays supplémentaires et dit des Brics+) affichent une neutralité évidente face à la situation en Ukraine. Leurs positions, sur la guerre que livre Israël au Hamas dans la bande de Gaza, sont quant à elles beaucoup plus claires, en demandant à plusieurs reprises un cessez-le-feu humanitaire et une «protection des civils», lors de votes de l'Assemblée générale de l'ONU (alors que les projets de résolution du Conseil de sécurité sont toujours bloqués par le veto des États-Unis).

Tout compte fait, pourquoi certains pays du Sud global condamnent-ils les actions d'Israël, mais pas l'agression russe en Ukraine? La Chine reproche toujours à Benyamin Netanyahou de punir collectivement la bande de Gaza et accuse les États-Unis de faire empirer la situation au Proche-Orient. Dans le même temps, elle refuse de condamner la Russie pour son invasion de l'Ukraine (malgré ce que l'on avait pu lire ici et là).

Contester la gouvernance occidentale

À travers différents conflits, certains pays des Brics+, dont les relations avec les États-Unis sont clairement délétères, voient l'opportunité de fragiliser la gouvernance occidentale et son modèle. L'Iran, que les sanctions des États-Unis et de l'Union européenne (UE) ont exclu des marchés financiers occidentaux, a vu l'opportunité de se rapprocher de nouveaux partenaires économiques, la Chine en tête. Là est le symbole du virage asiatique que l'Iran a pris depuis le rétablissement des sanctions américaines à son encontre, par Donald Trump en mai 2018.

Naturellement, quand les États-Unis décident de s'engager financièrement auprès de l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, jamais l'Iran ne soutiendra une quelconque résolution déplorant l'invasion russe. Par ailleurs, Téhéran est aujourd'hui un partenaire fiable pour Moscou au Moyen-Orient. Les relations irano-américaines sont totalement inexistantes depuis près de quarante-cinq ans. La prise d'otages à l'ambassade américaine en 1979 a été une rupture. Elle n'a jamais été réparée, malgré les tentatives de l'administration Obama en 2015, avec l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Ici encore, les positions de l'Iran sur la guerre dans la bande de Gaza se justifient aisément. Soutien de la cause palestinienne, la république islamique entretient des rapports privilégiés avec le Hamas et lui assure un appui financier, logistique et militaire. Menaçant régulièrement Israël, l'Iran voit le Hamas comme l'un de ses bras armés au Moyen-Orient, au même titre que le Hezbollah au Liban ou les rebelles houthis au Yémen.

L'Afrique du Sud, membre de la première génération des Brics, est déjà bien connue pour ses positions sur le Proche-Orient. En ayant porté fin décembre 2023 des accusations de «génocide» par Israël sur les populations gazaouies, devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye (Pays-Bas), Pretoria s'est fait le porte-parole des pays qui n'entendent pas abandonner la cause palestinienne. Et ce, au moment où les chancelleries occidentales font toujours valoir le droit d'Israël de se défendre, tout en jouant à un jeu d'équilibriste difficile, tant la réaction militaire israélienne laisse sans voix.

Les États-Unis, qui entretiennent de bonnes relations avec l'Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid, n'ont toutefois pas digéré l'absence de sanction sud-africaine contre la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a tout juste deux ans. La tension est même montée d'un cran lorsque l'ambassadeur américain en Afrique du Sud a accusé Pretoria d'avoir livré des armes aux Russes en décembre 2022.

Historiquement, l'URSS a été un grand soutien du nationalisme africain au XXe siècle et a dénoncé les projets coloniaux des Européens sur le continent. Le parti politique du Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994, sait que l'URSS puis la Russie ont été à ses côtés dans sa lutte contre l'apartheid et contre les projets impérialistes européens. Par ces circonstances historiques, Pretoria ne veut pas lâcher Moscou.

Des pays aux velléités douteuses

De la même manière que l'Iran et la Russie ont des intérêts communs à la fois au Moyen-Orient, mais aussi en Europe, en voyant l'Ukraine –aidée par les États-Unis– être mise en échec dans ses tentatives de contre-offensive, la Chine ne doit pas non plus être mécontente de la tournure des choses depuis la fin de l'été 2023.

Le pays de Xi Jinping a également un autre intérêt à ne pas prendre de sanctions contre Moscou. C'est un secret de polichinelle, mais Pékin a des ambitions territoriales en mer de Chine méridionale et à Taïwan. Condamner l'invasion russe en Ukraine apparaîtrait alors invraisemblable.

Au contraire, ce serait même se tirer une balle dans le pied, après que les principales banques russes ont été exclues du système de messagerie financière Swift et que la Russie s'est tournée vers la Chine pour pallier le manque à gagner sur les marchés occidentaux. Enfin, pour des raisons diplomatiques et dans sa volonté de se démarquer de Washington, la Chine adopte une position de plus en plus propalestinienne.

Pour des raisons différentes, des ambitions diverses, des histoires homogènes, le Sud global est un ensemble qui traduit la multipolarité du monde et des relations internationales. Si les membres des Brics+ ont des intérêts à soutenir la Palestine, elles en ont également à ne pas soutenir l'Ukraine. De prime abord, on peut percevoir cela comme une contradiction assez évidente. Pour eux, cela répond à une logique implacable: la leur.

 


SLATE / MCP, via mediacongo.net
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