Economie
En République démocratique du Congo (RDC), le géant minier sud-africain Barrick et sa filiale Kibali Gold Mine sont dans la tourmente. Le groupe est menacé de fermeture, à cause de cas de fraudes liés à la sous-traitance.
Selon les autorités congolaises, le numéro deux mondial de l’or avait confié 90% de ses contrats de sous-traitance à une entreprise belgo-indienne, qui à son tour exigeait des commissions aux entreprises congolaises sous-traitantes. Dans le pays, la loi impose qu’au moins 51% des parts dans les sociétés de sous-traitance soient détenus par les Congolais, seulement 49% pour les étrangers. Entre perdre ses mines et se débarrasser d’un partenaire, la société sud-africaine n’a pas eu de choix.
D’après Miguel Katemb Kashal, le « gendarme » de la sous-traitance en RDC, Kibali Gold Mine s’est -non seulement- rendue coupable de sous-traitance de ses activités à des sociétés non éligibles, mais elle a aussi recruté une société belgo-indienne dénommée TCFF pour gérer 90% de ses marchés. Des millions de dollars s’échappaient ainsi du circuit financier congolais.
Hémorragie stoppée
Et pour Miguel Katemb Kashal, le directeur général de l’Autorité de régulation de la sous-traitance, c’est une hémorragie qui vient d’être stoppée : «Ce sont des faits graves. Nous avons demandé à la société Kibali Gold de radier cette société et les 90% des marchés de Kibali Gold qui étaient centralisés par cette société étrangère viennent aujourd’hui d’être libérés au profit des entrepreneurs congolais. C’est le combat du président de la République. La société TCFF avait déjà centralisé tous les marchés et les paiements s’effectuaient à l’étranger ; ici chez nous au niveau de l’ARSP, nous allons dissoudre l’attestation. Ce qui fait que cette société ne sera plus du tout éligible sur toute l’étendue du territoire national.»
Partie visible de l'iceberg
Après des heures de réunion, la multinationale s’est engagée à augmenter le volume des marchés au profit des sociétés à capitaux congolais. Mais, pour se séparer de son prestataire indésirable, Nicolas Marques, l’un des hauts dirigeants du groupe Barrick dont fait partie Kibali Gold Mine, a obtenu des autorités un court moratoire: «Parce que révoquer brutalement une société avec laquelle nous travaillons depuis douze ans pourrait causer d’énormes problèmes à la mine et ce problème pourrait se répercuter même jusque dans le paiement des taxes et dans la production de l’or.»
Le cas de cette firme n’est que la partie visible de l’iceberg. Kinshasa compte capter dans ce secteur et au profit de ses finances, plus de 8 milliards de dollars qui lui échappaient chaque année.
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