Monde
Déclenchées par la mort brutale de Mahsa Amini, arrêtée pour un voile jugé mal ajusté, les manifestations courageuses des Iraniens mettent en scène une nouvelle fois un régime sans peuple, tout entier concentré sur sa survie.
Une nouvelle fois, le régime iranien est pris de court par des manifestations. Une nouvelle fois, il leur répond de la seule manière qui s’impose à ses yeux, la seule qu’il semble connaître : par la force. Tout est parti de la mort brutale à Téhéran, le 16 septembre, d’une jeune femme, Mahsa Amini, trois jours après son arrestation par la police des mœurs, la sinistre Gasht-e Ershad. En cause, un voile, dont le port est obligatoire en Iran, arboré d’une façon jugée inappropriée.
Après des décennies d’arbitraire, les dénégations des autorités, qui ont exclu le moindre « contact physique » entre cette police et la jeune femme, n’ont convaincu personne. Aucune autopsie n’a été pratiquée. Une partie des Iraniens, souvent très jeune, a répliqué comme elle le fait quand l’exaspération est à son comble dans un pays cadenassé : dans la rue.
Les manifestations ont été particulièrement suivies dans la partie kurde de l’Iran, dont était originaire Mahsa Amini. Au moins six personnes auraient été tuées dans les affrontements avec les forces de sécurité du régime. Des vidéos ont montré des femmes, tête nue, coupant leurs cheveux de coups de ciseaux rageurs, d’autres jetant au feu leur voile sous les applaudissements, au cours de rassemblements.
Cette nouvelle fièvre intervient trois ans après les émeutes déclenchées en 2019 par une augmentation du prix des carburants. Elles avaient été réprimées sans aucune pitié par les autorités iraniennes. Plus de 300 personnes avaient été tuées en l’espace de trois jours, selon des organisations internationales de défense des droits de l’homme.
Retour en arrière
Elu en 2021, au terme d’un processus contrôlé de bout en bout par ce régime militaro-religieux qui ne tolère comme opposition que celle qu’il se choisit, le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi avait annoncé la couleur en juillet. Alors que l’Iran s’enfonce une nouvelle fois dans le marasme économique, en bonne partie du fait de sanctions internationales liées à ses ambitions nucléaires, Ebrahim Raïssi avait jugé nécessaire « des mesures préventives » pour empêcher que « les ennemis de l’Iran et de l’islam » puissent nuire « aux valeurs et aux fondations religieuses de la société ».
Il s’agissait d’un retour brutal en arrière, après la mansuétude plaidée par son prédécesseur, Hassan Rohani, pendant son mandat. En 2018, ce dernier avait désavoué la police incriminée aujourd’hui, lui reprochant une « agressivité » mise en évidence par un enregistrement vidéo dans lequel trois de ses membres s’en étaient pris avec violence à une femme accusée de porter son voile d’une manière jugée indécente.
Après les propos d’Ebrahim Raïssi, un nouveau film s’était répandu sur les réseaux sociaux au début de l’été. Il montrait une mère qui tentait en vain d’empêcher l’arrestation de sa fille par cette même police des mœurs. Sous pression, les autorités avaient regretté un excès de zèle. Face à la vigueur de la réaction suscitée par la mort de Mahsa Amini, des voix se sont à nouveau élevées, parmi certains dignitaires, pour déplorer des méthodes jugées contre-productives.
Outre le courage des Iraniens qui défient des forces de sécurité réputées pour leur brutalité, les manifestations déclenchées par la mort dramatique d’une jeune femme arrêtée pour un voile jugé mal ajusté mettent en scène une nouvelle fois un régime sans peuple, tout entier concentré sur la survie. Et un peuple sans représentants librement choisis, qui subit des orientations politiques auxquelles il n’est jamais associé.
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