Flambée du prix du carburant : la population attend avec impatience la décision du Conseil des ministres

La guerre en Ukraine est à la base de la montée des prix des denrées alimentaires sur le marché international, y compris le carburant dont la spéculation sur la rareté, va bon train. En République démocratique du Congo, particulièrement dans la capitale Kinshasa, les populations vivent le spectre de la majoration du prix du litre à la pompe. Depuis près d’une semaine, plusieurs stations-services sont fermées à la clientèle.

Les rares stations-services qui vendent encore du carburant, sont celles de la firme Total, où les chauffeurs et les motos-taxis se bousculent pour se servir.

Pourtant, début avril, le Dg de SEP (Société des entreprises pétrolières), avait soutenu qu’il n'y avait pas de pénurie et que SEP-Congo disposait suffisamment des produits. D’où, la population ne pouvait s’inquiéter. Mais déjà, les rares stations-service de carburant qui ont ouvert lundi 4 avril, ont connu une forte affluence des véhicules et des motos. Cette situation a contraint le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, de réunir d'urgence les opérateurs et intervenants du secteur pétrolier, pour échanger sur cette crise artificielle et dégager les solutions.

Pour confirmer ce que le ministre a dit ainsi que les déclarations optimistes des opérateurs du secteur, les files d'attente ont diminué dans les stations-service de Kinshasa, en début de la soirée du même lundi 4 avril.

Aujourd’hui, le langage commence à prendre une autre connotation. Car le numéro un des Hydrocarbures affirme, que le stock actuel de carburant n’a qu’une durée de trois mois et que dans l’entre-temps, le ravitaillement sera régulier au fur et à mesure, surtout que le Gouvernement veille pour ne jamais avoir le stock zéro, a-t-il dit lors du briefing organisé dernièrement  par le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, sur le dossier carburants à Kinshasa.

A cet effet, le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu a insisté sur le fait que les prix restent inchangés dans les stations-services et qu’il n’y a pas pénurie. « Je peux vous garantir qu’il n’y a pas de rupture de stock, mais on avait tout simplement un problème logistique. La SEP qui prend en consignation les produits de tous les commerciaux, a eu quelques difficultés et ses véhicules ne sont pas sortis pour approvisionner les stations comme d’habitude. Du coup, une fosse rumeur a circulé sur la pénurie alors qu’il n’en était rien », a-t-il fait savoir, avant d’indiquer que, suite à cette rumeur, les gens ont afflué devant les stations pour s’approvisionner au-delà des quantités habituelles.

Néanmoins, le ministre Didier Budimbu invite la population à changer des habitudes, face à la crise russo-ukrainienne dont l’issue est encore sombre : « nous sommes appelés à changer nos habitudes par rapport à l’achat à la pompe. Depuis un bon moment, le litre coûte 2095 CDF à la pompe, alors qu’il devait couter 3485 CDF. L’écart est donc pratiquement de 66%. L’État paye donc 1400 CDF sur chaque litre acheté. Donc, chaque mois, sur 66 millions de mètres cube achetés, l’État dépense près de 42 millions de dollars », a renseigné le ministre des Hydrocarbures.

Intervenant dans le même sens, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a rappelé l’ampleur de la crise ukrainienne qui impacte sur la situation actuelle du carburant en RDC. « La situation que nous avons observée ces derniers jours en RDC, en est une des conséquences et ce n’est que le début, parce qu’on n’a pas encore fini d’imaginer l’ampleur de cette crise qui paralyse aujourd’hui au niveau mondial, surtout que la Russie est un pays parmi les premiers producteurs du pétrole. Aujourd’hui, aucun pays européen, occidental ne peut commercer, ne peut utiliser l’euro et le dollar, ça veut dire que nous aussi nous avons des problèmes en termes d’accès à ces ressources », a-t-il averti.

Le prix du litre à la hausse ?

Malgré toutes ses promesses et appels au calme, il saute aux yeux que le prix du litre à la pompe sera revu à la hausse. Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi l’a également confirmé. « Il y a probabilité de réajuster le prix à la pompe. Pour cela, un travail se fait aux ministères de l’Economie, des Hydrocarbures et des Finances, pour apporter des données précises au Conseil des ministres du vendredi 8 avril », a-t-il expliqué.

Il a par la même occasion, détaillé l’évolution fiscale du secteur pétrolier en RDC. « Auparavant le secteur pétrolier apportait plus dans le trésor public. Mais à partir de 2014 jusqu’à 2019, on a dû sacrifier les fiscalités pour que les congolais ne subissent pas de plein fouet les conséquences de cette crise. Au courant du premier semestre de l’année 2021, nous avons payé pour les neuf (9) mois qui restaient 125 millions USD de manque à gagner c’est-à-dire la différence entre le prix normal qu’aurait dû avoir pour le litre à la pompe et le prix réel qu’on applique pour éviter aux congolais une hausse de prix. Et pour les trois mois restants, les pétroliers nous ont réclamé près de 122 millions USD. Nous avons réduit ce montant et avons commencé à payer ».

Nicolas a par ailleurs précisé que, tant que les prix à l’international continuent d’augmenter, la dette s’accroît et les pétroliers refusent de continuer à faire crédit à l’État congolais.

A noter aussi que, selon le tableau comparatif fourni par le Comité de suivi des produits pétroliers, le prix de l’essence à la pompe dans la zone Ouest s’élève à 2 095 CDF et sur le marché 3 485 CDF, soit un écart de 66% ; dans la zone Sud, le prix de l’essence à la pompe s’élève à 2 495 CDF et sur le marché à 3 191 CDF soit un écart de 28% ; dans la zone Est, à la pompe le prix de l’essence est fixé à 3 420 CDF soit un écart de 40%.

Pour ce qui est du gasoil, dans la zone Ouest, le prix à la pompe est fixé à 2 085 CDF tandis que sur le marché, il est vendu à 3 896 CDF, soit un écart de 87%.