Monde
Le cabinet d'avocats Mossack Fonseca, situé au Panama, à l'origine du scandale des Panama Papers, a annoncé mercredi la cessation de ses activités, en raison des « dommages irréparables » infligé à sa réputation.
«La détérioration de (notre) réputation, la campagne médiatique, la pression financière et les agissements irréguliers de certaines autorités panaméennes ont provoqué des dommages irréparables, dont la conséquence obligée est la cessation totale des opérations (...) à la fin de ce mois», indique un communiqué du cabinet.
Seul «un groupe réduit de collaborateurs continuera de s'occuper des demandes et des consultations des autorités, ainsi que d'autres entités publiques et privées », précise le cabinet.
Le scandale des Panama Papers avait éclaté le 3 avril 2016 avec la fuite de 11,5 millions d'archives numériques du cabinet Mossack Fonseca, datés de 1977 à 2015, des documents sensibles analysés par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) qui ont provoqué une onde de choc mondiale, entraînant notamment la démission du Premier ministre islandais, Sigmundur David Gunnlaugsson.
Selon l'exploitation par plusieurs médias des Panama Papers, ceux-ci ont permis la mise au jour d'un vaste système d'évasion fiscale transitant par des sociétés-écrans, dans lequel plusieurs centaines de banques ont aidé leurs clients. L’enquête des « Panama papers » avait en effet révélé que toutes ces sociétés avaient été créées pour dissimuler de l’argent ou des actifs appartenant à des grandes fortunes et des responsables politiques en exercice, mais aussi à des réseaux criminels et des dirigeants de pays corrompus.
En juin l'an dernier, Jürgen Mossack, l'un des fondateurs du cabinet Mossack Fonseca, avait reconnu qu'il avait été obligé de fermer la plupart de ses bureaux à l'étranger en raison de la chute de son activité.
Le cabinet panaméen disposait d'un bureau au Luxembourg, qui a fermé ses portes en février l'an dernier.
Parmi les responsables politiques africains mentionnés figuraient Jaynet Désirée Kabila Kyungu (députée et sœur jumelle du président de la RDC, Joseph Kabila), Abdeslam Bouchouareb (député et ministre algérien de l’Industrie et des Mines), José Maria Botelho de Vasconcelos (ministre angolais du Pétrole), Kalpana Rawal (vice-présidente de la Cour suprême du Kenya), Bruno Jean-Richard Itoua (ancien ministre de l’Energie et de l’Hydraulique et actuel ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technique du Congo-Brazzaville), le général de brigade Emmanuel Ndahiro (directeur de l’agence rwandaise de renseignement de 2004 à 2011), et le Sénégalais Pape Mamadou Pouye. Arrêté en avril 2013 avec Karim Wade, il a été condamné à cinq ans pour complicité d’enrichissement illégal.
Au moins 150 enquêtes ont été ouvertes dans 79 pays pour enquêter sur de possibles situations d'évasion fiscale ou de blanchiment d'argent, selon le Centre américain d'intégrité publique.
À ce jour, aucune juridiction n'a entamé de démarche judiciaire contre Mossack Fonseca pour son activité, assure encore le cabinet d'avocats.
Mossack Fonseca et d'autres acteurs panaméens ont considéré que les divulgations de documents relevaient d'une « attaque » orchestrée par des « organismes internationaux » pour porter un coup au système financier du Panama, régulièrement accusé d'être un paradis fiscal.
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Le scandale des Panama Papers avait éclaté le 3 avril 2016 avec la fuite de 11,5 millions d'archives numériques du cabinet Mossack Fonseca.