Culture
Le contraste est surprenant : alors que le musée africain de Namur semble sorti tout droit d’un Congo des années 60, le « débarquement » des peintres populaires congolais fait tout à coup éclater la couleur sur les murs ocres ; les masques semblent ricaner, les chicottes s’agitent, les ancêtres enfermés dans leurs vitrines tressautent de joie lorsqu’ils se retrouvent surplombés par de plantureuses sirènes, les fameuses Mamiwata…
Le nouveau conservateur du musée, François Poncelet a osé, et il a bien fait : réussissant à convaincre trois collectionneurs et amoureux du Congo, Bernard Sexe, Philippe Pellering et Boris Vanhoutte de lui prêter leurs œuvres, il a rassemblé une étonnante exposition de peintres congolais qui expriment, mieux que personne, l’âme de Kinshasa. Moke, Cheri Chenin, Cheri Samba, Ange Kumbi mais aussi des artistes moins connus en Europe se côtoient ici dans une joyeuse sarabande.
Ils se moquent des perspectives académiques, n’ont pas pris beaucoup de temps pour lisser ou vernir leurs toiles, d’autant moins qu’il s’agît bien souvent de sacs venus de la minoterie de Matadi ou de simples tissus, mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est l’instant, capté dans ces scènes plus urbaines que villageoises, où Moke montre la foule joyeuse qui attend la vaccination, où Shula se lance dans des visions futuristes et décrit la genèse de l’évolution, où Somi, dessinant une belle endormie et dévalisée par des rats décrit crûment le pillage de l’Afrique…
Pas un atome d’académisme ici, aucun interdit : Mika fait vivre la nuit de la francophonie de 2012 avec en avant plan de cors débridés les deux animaux symboles, le coq français et l’okapi du Congo…
Certes, il y a l’ambiance, celle des ngandas, de la danse et des bières il y a la magie du fleuve et des esprits, il y a le souvenir des ancêtres et l’hommage rendu à Moke père, qui flirte avec la modernité et arbore un portable flambant neuf. Mais surtout il y a l’audace de ces artistes autodidactes, auxquels aucune académie n’a appris à brider leur imagination. C’est ainsi qu’inspiré par Jérôme Bosch, Pierre Bodo Pambu se lance dans de somptueuses scènes de guérison, évoque des sorciers et des démons combattus par la puissance divine…
Durant longtemps, le milieu officiel de l’art, dont l’académie des Beaux Arts de Kinshasa ont boudé ces peintes populaires, autodidactes, leur reconnaissant tout au plus, une valeur anecdotique et, la crise aidant, les artistes connaissaient des conditions de vie très précaires. Cette perception a totalement changé, grâce aux collectionneurs précités, grâce à des expositions de plus en plus nombreuses, dont la plus connue est « Beauté Congo » à la Fondation Cartier.
Désormais les « peintres populaires » ne sont plus seulement considérés comme des « rapporteurs » du réel, mais comme des artistes à part entière, qui multiplient les expériences formelles. Dans ce sens, l’exposition de Namur est novatrice : l’anecdote d’hier, savoureuse ou ironique, côtois désormais d’authentiques recherches artistiques, même si l’on devine quelquefois les suggestions des galeristes, qui altèrent la spontanéité de peintres de moins en moins naïfs…
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