Afrique
A l’occasion de son deuxième discours sur l'état de la nation, prononcé, le jeudi 08 février 2018, devant le parlement, le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, avait confirmé son intention de ne plus avoir recours à l’assistance du Fonds monétaire international (FMI), au terme de l’actuel programme économique et financier triennal appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC).
"Je suis ravi d'annoncer que le programme appuyé par la facilité élargie de crédit qui a débuté en 2015 et qui est soutenu par le FMI, prendra fin cette année", avait-il déclaré. Ajoutant que "la performance macroéconomique relativement bonne en 2017 soutiendra fortement la réussite de ce programme".
Poursuivant, Nana Akufo-Addo avait déclaré : "Nous sommes déterminés à mettre en place des mesures pour assurer l'irréversibilité et maintenir la stabilité macroéconomique, afin que nous n'ayons aucune raison de demander à nouveau l'assistance de cette puissante organisation mondiale".
Avec cette annonce, le président ghanéen maintient inchangée sa position adoptée à l’endroit du FMI, depuis son accession au pouvoir, en décembre 2016. Nana Akufo-Addo avait, en effet, annoncé, en juillet 2017, qu'il ne comptait pas prolonger le programme économique et financier triennal conclu avec le FMI, au-delà d'avril 2018.
"Notre reprise économique va financer notre budget". C’est le raisonnement du président ghanéen Nana Akufo-Addo, élu fin 2016. Ce chef d'État a décidé de ne pas solliciter de renouvellement du programme du FMI qui arrive à échéance dans deux mois.
Pourquoi le Ghana ne veut plus de l'argent du FMI ?
D’après la Banque mondiale, la croissance du PIB ghanéen sera la plus forte du continent africain, devant celle de l’Éthiopie, à pratiquement 8,5%. Le gouvernement compte en faire bon usage pour combler le déficit, qu'il a pour objectif de réduire à 3% en 2019.
Un expert d’un bureau d’analyse londonien explique que le Ghana dispose d’une économie "plus diversifiée que beaucoup de ses pairs en Afrique". Son essor est dû à l’exploitation pétrolière depuis 2010, combiné à celui de deux autres ressources -l’or et le cacao- dont le Ghana est le deuxième producteur du continent africain. Les investissements ont par ailleurs été accrus pour développer l’agriculture vivrière, et Nana Akufo-Addo s’est engagé à faire émerger une industrie manufacturière. Il évoque même une usine par district, au nombre de 216 dans le pays.
Certains se demandent si le président ghanéen n’est pas un peu emporté par son élan. Dans son éditorial, un quotidien du pays met en garde contre "l’illusion que procurent les slogans".
Un sérieux budgétaire qui fait chuter l'inflation
Mais une économiste d’une banque sud-africaine estime de son côté que le Ghana se distingue à présent d'autres bénéficiaires d'aides internationales par son sérieux dans la gestion de ses finances et dans la redéfinition de ses politiques publiques. Sérieux qui lui a permis de réduire considérablement l’inflation. Ainsi, la Banque centrale du pays a pu baisser de façon accélérée les taux d’intérêt, donnant au crédit à l’activité la possibilité de décoller sainement.
Un professeur de l’Université d’Accra redoute toutefois que sans l’aiguillon du FMI, à l’approche des élections en 2020, le gouvernement soit tenté de s’affranchir de cette discipline, malgré toutes les bonnes intentions initiales.
Pour sa part, Nana Akufo-Addo avait estimé, lors de son discours sur l'état de la nation, que l’économie ghanéenne se porte désormais mieux, sous la conduite de son gouvernement. "Je suis heureux de pouvoir rapporter que l'équipe de gestion économique, sous la direction du brillant économiste, le vice-président Mahamudu Bawumia, a relevé le défi. Et le dur labeur commence à produire des résultats positifs", a-t-il déclaré.
Ajoutant que "nous avons augmenté nos réserves internationales, maintenu la stabilité relative du taux de change, réduit le ratio dette / PIB et le taux d'accumulation de dette. Nous avons payé près de la moitié des arriérés hérités et, surtout, nous sommes à jour de nos obligations à l’endroit des fonds statutaires".
"Nous avons réduit les impôts, nous réduisons l'inflation et les taux d'intérêt. La croissance économique augmente, passant du taux al2armant de 3,5% en décembre 2016, à 7,9% dès notre première année [2017, Ndlr]. Et tout porte à croire que ce sera encore mieux, cette année", s’est félicité le président ghanéen.
Par certains aspects, les propos du président ghanéen rappellent ceux du Capitaine Thomas Sankara, à la tête du Burkina Faso de 1983 jusqu’à son assassinat en 1987. De nombreux Africains se souviennent de sa joute verbale avec François Mitterrand, alors qu'il l'accueillait à Ouagadougou un soir de novembre 86. Par ailleurs son discours début décembre à Accra en présence d'Emmanuel Macron, pourrait de la même façon passer à la postérité.
Héritier de Thomas Sankara ?
Nana Akufo-Addo recadre complètement Macron sur les objectifs de l'Afrique !
Le chef de l’État ghanéen, qui se tenait aux côtés du président français, avait alors expliqué, tout en rondeur et sourire, qu’il n’admet plus qu’on vienne de Paris, de Bruxelles ou de Washington, lui faire la leçon sur l’avenir de l'Afrique. "Nous devons abandonner notre mentalité de dépendance qui compte sur l’aide et la charité, dissocier l’Afrique de l’image de mendiante qui lui est associée", énonce-t-il. Pour le président Akufo-Addo, cela commence par se passer des "nobles bailleurs qui nous soutiennent". Un discours prononcé sans la moindre agressivité.
Le dirigeant ghanéen a également tenu ce propos lors d’un discours marquant au Sénégal. Son mot d’ordre, répété à l’envi par les membres de son gouvernement, est "Ghana beyond aid" (Le Ghana au-delà de l’aide en français). Le professeur de l’Université d’Accra précédemment cité espère seulement qu’un retournement brutal du cycle des matières premières ne viendra pas briser prématurément un nouvel idéal politique.
Pour rappel, le programme économique et financier triennal soutenu par une facilité élargie de crédit entre le FMI et le Ghana, a été approuvé le 03 avril 2015. D’une durée initiale de trois ans, ce programme qui s’élève à 664,20 millions de DTS (environ 918 millions $ ou 180% du quota, au moment de l'approbation de l'arrangement) a été, toutefois, prolongé d'une année, en août 2017.
L’objectif poursuivi par ce programme consiste notamment à rétablir la durabilité de la dette et la stabilité macroéconomique dans le pays, afin de favoriser le retour à une forte croissance et à la création d'emplois tout en protégeant les dépenses sociales.
Ainsi, après une année 2016 au cours de laquelle la croissance du pays était de 3,5%, le niveau le plus bas depuis deux décennies, le FMI table sur un retour à une croissance plus vigoureuse en 2017-18. En raison notamment de l'augmentation de la production pétrolière, de la baisse de l'inflation et de la baisse des déséquilibres avec la bonne mise en œuvre des politiques par les autorités ghanéennes.
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