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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Culture

Sinzo Aanza, l’inspiration démocratique du Congo

2017-03-13
13.03.2017
2017-03-13
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Sinzo Aanza

Ecrivain surdoué, Sinzo Aanza, 26 ans, fait partie de la nouvelle génération d’auteurs issus de la République démocratique du Congo (RDC), qui raconte comme Jean Bofane, avec verve, un pays livré aux investisseurs chinois et piégé par son histoire. Il rapproche la littérature de la performance, en lisant dans les bus de Kinshasa et en se livrant à des expériences en lien avec l’art contemporain.

Une flaque d’eau à Kinshasa, signée par son défunt ami le photographe Kiripi Siku Katembo, emporté à 36 ans en 2015 par le paludisme, fait la couverture de son premier roman, Généalogie d’une banalité (Vents d’ailleurs, Paris, 2015).

Il raconte l’absurdité lancinante de la vie congolaise, par le biais d’une chronique spéciale d’une journée, faite par une certaine Sidonie Lutumba à la radio, dans la bonne ville de Lubumbashi. Un lieu qu’il connaît bien pour y avoir étudié la médecine puis le droit – un cursus qu’il n’a jamais fini en raison du « bazar consacré » auquel se résume à son avis l’Université dans son pays.

Son premier roman, écrit d’une main de maître, explore l’enfer auquel se résume le paradis des « creuseurs » de tout poil – comme on appelle en RDC les mineurs qui s’échinent à extraire le cuivre du sous-sol katangais. Dans une première partie intitulée « Le cash des Chinois », Sinzo Aanza résume en ces termes la situation congolaise :

« Ce pays appartient aux investisseurs depuis toujours. Etrangers de préférence. Les investisseurs locaux, on ne les aime pas. Ils peuvent mettre dans la tête de tout le monde qu’il peut devenir investisseur, et cela est une catastrophe. Ca mettrait fin à la Mobutu attitude, celle qui veut que tout le monde se prenne au sérieux, se prenne pour le président de la République, pour Dieu, que même le cordonnier se sente président et dictateur dans sa cordonnerie, le boucher, Dieu et empereur dans sa boucherie, le menuisier, Mani Kongo, Mwat Yanv, Seigneur des anneaux dans sa menuiserie, que tout le monde se fasse pousser un petit ventre et des viandes supplémentaires dans le cou pour faire sérieux, président, dictateur, Dieu le Père qui s’entoure de petit Jésus qui n’en sont pas moins des dieux à leurs propres yeux. "Investisseur" est une contre-culture dangereuse. Ça peut causer une révolution incorrigible, irrattrapable… Ça n’est pas bien pour le business des véritables investisseurs qui sont étrangers. »

« Projet d’attentat à l’image »

Jusqu’à fin mars, ce jeune homme né en 1990 à Goma, dans le Nord-Kivu, poète depuis l’adolescence, initié au théâtre par le biais de l’école, participe à une résidence du centre d’art contemporain bruxellois Wiels, en vue d’un « Projet d’attentat contre l’image ? ». Il va mettre en sons des extraits de son livre et aborder avec des artistes plasticiens la RDC en tant qu’image construite au fil du temps.

D’abord telle qu’elle a été présentée aux Belges au temps de la colonie, pour les inciter à aller trouver « la belle vie » sur les rives du fleuve Congo. « Dans ces images de propagande coloniale, précise l’auteur, les évolués étaient les Congolais que les Belges voulaient intégrer, toujours pour l’image, avec des indigènes civilisés entrés dans la vie urbaine des cercles coloniaux ».

Fils de fonctionnaire qui fut inspecteur des finances, Sinzo Aanza dégage une assurance déconcertante pour ses 26 ans. Calme et posé, déjà père de famille attentionné, il parle le français, le swahili, le lingala et la kinandé. Il apprécie les auteurs latino-américains tels que Manuel Scorza, Gabriel Garcia Marquez, Machado de Assis et Horacio Quiroga. Et s’interroge sur le fait que les « Congolais sont devenus des fils d’évolués, modèles de réussite sociale ».

Il fait le rapprochement avec les sapeurs, « des gens des quartiers populaires qui veulent montrer qu’eux aussi ont le costard », et cette « idée de l’intellectuel qui fait qu’un cadre du parti au pouvoir écrive encore aujourd’hui une pièce de théâtre pour prouver sa légitimité de penseur ». La pièce a été jouée à l’Assemblée nationale, sorte de « théâtre permanent » au Congo, relève-t-il avec l’impertinence qui fait la marque de l’esprit kinois.

Une République « on ne peut plus démocratique »

Dans le cadre de son projet, des installations seront érigées dans certaines rues de Kinshasa, où il cherche à dépasser le format classique de la littérature pour le rendre plus accessible, le livre restant un produit de luxe chez lui. Avec une pointe d’amertume, il note que les textes de Chinua Achebe ou Bessie Head restent introuvables à Kinshasa – « sauf dans les réseaux d’arts visuels branchés sur l’Afrique anglophone ». Lui-même a commencé à être publié par des anglophones, notamment la revue Chimurenga, dirigée par le Camerounais Ntone Enjabe depuis Le Cap, en Afrique du Sud.

« Notre système éducatif est tellement désastreux qu’on n’a même pas les livres de l’un de nos plus grands auteurs, Valentin Mudimbe, sauf dans les bibliothèques catholiques », dit-il. Pour se créer d’autres alternatives, Sinzo Aanza est très présent sur Facebook, où il poste des notes truculentes sur son quotidien à Kinshasa. En novembre, il se moquait ainsi de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis : « Notre République on ne peut plus démocratique du Congo devrait envoyer des observateurs électoraux aux Etats-Unis, parce que là, c’est un peu n’importe quoi. Quand on pense aux fraudes qui ont permis à la famille Bush auparavant de se maintenir au pouvoir, on se dit qu'il faut aider ces pauvres Américains. »

Il n’hésite pas non plus à sortir de chez lui pour déclamer des passages de ses œuvres dans les bus de Kinshasa, se nourrissant des réactions de son public improvisé. Il se rapproche ainsi des « performers » de Kinshasa, ces artistes de rue qui improvisent des mimes ou des danses sans paroles, mais remplies de critique sociale. C’est la même logique qui explique son flirt poussé avec les arts visuels, devenus plus démocratiques que la littérature en RDC.

Sinzo Aanza sera présent à la Maison de la poésie à Paris le 18 mars à 16 heures à l'occasion de la présentation de la revue Poésie consacrée à l'Afrique, en présence de plusieurs auteurs et poètes issus du continent.


RFI / MCN
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