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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 aout 2024
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Société

Présidentielle 2023 : la transparence, clé de la confiance

2023-12-19
19.12.2023
Spécial Elections / Politique
2023-12-19
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À un jour du scrutin qui doit désigner le prochain président de la République démocratique du Congo, la commission électorale dit avoir résolu les principales difficultés logistiques. Une affirmation qui laisse de nombreux observateurs perplexes. Pour les organisations citoyennes comme pour la puissante Église catholique, seule la transparence des opérations de vote et du dépouillement permettra au vainqueur d’asseoir sa légitimité.

La scène n’étonne plus personne depuis des semaines. À 9 heures du matin, dans la chaleur déjà lourde de cette fin de saison des pluies, environ 200 personnes attendent l’ouverture de l’antenne de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) de Lemba, une des 24 communes de Kinshasa, la capitale congolaise.

Aux alentours de 9 h 30, les premiers arrivés peuvent enfin accéder aux bureaux pour obtenir un précieux sésame : le duplicata de leur carte d’électeur. Nelphine, une habitante de la commune, patiente déjà depuis deux heures. "La carte d’électeur, c’est comme la carte d'identité. On en a besoin pour aller à la banque, pour récupérer de l'argent. Pour ceux qui dépendent de l'envoi d’argent de personnes qui sont en Europe ou aux États-Unis, c’est très important." Comme pour des millions de Congolais, sa photo et son numéro d’identification sont complétement effacés sur l'originale. "Par rapport aux cartes précédentes, cette carte-là a un vrai problème."

Dans un communiqué du vendredi 15 décembre, à cinq jours du scrutin, la Ceni encourage celles et ceux qui n’auraient pas réussi à obtenir leur duplicata à se présenter quand même à leur bureau de vote, où ils "seront pris en charge, selon le cas, par les personnels".

"Nous avons le droit de voter", martèle Nelphine. "Je veux aller voter pour mon candidat et nous voulons que ça se passe dans le calme. Si les gens n’ont pas leurs cartes, personne ne va reconnaître le résultat de l'élection. C’est un grave problème", poursuit-elle.

Entre défi et chaos

L’organisation de l’élection du 20 décembre est devenue un feuilleton à suspense en République démocratique du Congo. De nombreux Congolais s’attendaient à ce que le scrutin soit reporté après que la Ceni a multiplié, la semaine dernière, les demandes d’appui opérationnel au gouvernement, au voisin angolais et même à la Monusco, la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. Celle-ci, présente depuis plus de 20 ans dans l’est du pays avec 12 500 Casques bleus, devrait pourtant quitter le pays prochainement à la demande du gouvernement congolais.

À J-1, Denis Kadima, le président de la Ceni, s'affiche confiant et assure que le matériel électoral sera présent dans la totalité des 75 000 bureaux de vote. Dotée d’un budget qui avoisinerait le milliard de dollars (soit environ 920 millions d'euros) pour organiser ce gigantesque scrutin qui, en plus de départager 26 candidats à la présidentielle, doit permettre l’élection de milliers de députés nationaux, provinciaux et de conseillers communaux, la Ceni a connu bien des déboires. En plus des cartes d’électeur de piètre qualité, l’acheminement par voie aérienne de milliers de tonnes de bulletins et de machines électroniques de comptage dans un pays de 2,5 millions de km2 (une surface correspondant aux deux tiers de l’UE) nécessite une logistique qui ne s'est mise en place qu’au compte-gouttes.

Mais "la vraie bataille, c’est l'état des routes", assure Luc Lutala, le porte-parole de la Symocel (Synergie des missions d’observation citoyenne des élections). Plus que les moyens aériens mis à disposition de la Ceni, il estime que "le problème dans les provinces, c’est l'acheminement (du matériel électoral) entre le 'hub' et les chefs-lieux des territoires".

Revenu d’une visite de terrain dans la province de la Tshopo, il a pu constater la présence à Kisangani, la capitale provinciale et "hub" électoral, du matériel dit "sensible", mais s’interroge sur la capacité de la Ceni à le faire parvenir dans les chefs-lieux des territoires à temps.

"Nous avons affaire à une Ceni qui ne parle pas (…). Si, dans le sprint final, elle mobilise des ressources, elle est en mesure de réussir le pari. Il faut croire que la Ceni va tenir parole (...). Et puis quand le jour du vote arrivera, on verra ce qui arrive."

Des dizaines de milliers d'observateurs

Mercredi, la Symocel, qui regroupe une dizaine d’associations de la société civile congolaise, va déployer "22 000 observateurs de terrain, pour couvrir plus ou moins 80 % des sites de vote". Paul Kabeya, porte-parole de Regard citoyen, une autre organisation citoyenne, affirme lui aussi disposer de "22 500 observateurs qui ont été formés. La loi permet à tout observateur d'être présent dans le centre local de compilation des résultats et nous y serons."

Luc Lutala estime que la campagne électorale s’est déroulée de façon correcte. "Ce n'est pas la meilleure des campagnes mais ça n'a pas été la pire non plus. La semaine dernière, on a eu plusieurs candidats qui ont signalé des restrictions", remarque-t-il. "À Kinshasa, Martin Fayulu se plaint qu'on lui a interdit le stade des Martyrs. Il y a eu des altercations entre les partisans de l'un ou l'autre candidat, et plus spécifiquement entre ceux de Félix Tshisekedi et ceux de Moïse Katumbi. Il y a eu des attaques de militants, des meetings dispersés. Il y a eu mort d'homme aussi."

Cependant, les leçons du précédent scrutin de 2018, qui avait vu la victoire de Félix Tshisekedi, le président sortant qui se présente à un second mandat, n’ont selon lui pas été tirées. "En 2023, on a évidemment les mêmes problèmes qu'en 2018, mais aggravés. Nous pensons qu'il y a un déficit de planification mais aussi de transparence pour que tous les problèmes soient gérés de manière assez anticipée et beaucoup plus professionnelle. Nous pensons qu’il y a vraiment des problèmes internes à la Ceni sur sa capacité à planifier", ajoute-t-il.

En 2018, les missions d’observation du processus électoral et du dépouillement des votes avaient affirmé que leur comptage était bien différent de celui, officiel, de la Ceni. Celui-ci donnait l’avantage à Félix Tshisekedi tandis que les observateurs notaient une large avance pour Martin Fayulu. Ce dernier, de nouveau candidat, conteste toujours le résultat de la dernière élection présidentielle.

S’ils sont autorisés à surveiller le scrutin, les observateurs ne peuvent légalement pas publier leur décompte des voix. "Seule la Ceni va publier des résultats provisoires, avant que les tribunaux donnent des résultats dits définitifs, qui sont irrévocables", explique Paul Kabeya. "Des résultats contestés, des résultats qui ne créent pas un consensus seraient une très mauvaise nouvelle pour le pays. C'est pour ça qu'il faut de bonnes élections", espère Luc Lutala.

L’Église catholique, un acteur majeur

En 2018, l’Église catholique congolaise n’avait pas non plus publié ses propres chiffres issus de sa mission d’observation, mais affirmait que "l’analyse des éléments en sa possession lui font croire que les résultats de la présidentielle ne correspondent pas aux chiffres de ses observateurs".

Avec l’influence qu’elle exerce dans la vie publique du pays depuis l’indépendance en 1960, l’Église a jeté un doute persistant sur la crédibilité du processus électoral de 2018. Avec un dispositif mobilisant cette année 40 000 personnes (des observateurs citoyens, des observateurs accrédités et une batterie d’experts et d’analystes), "l'objectif est d'observer le processus avec l'intention de faire des recommandations. Et le but, c'est de connaître la vérité des urnes", affirme Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) depuis février 2017.

"Si les choses se passent correctement, il n'y aura pas de contradiction entre ce que la Ceni va publier et ce que nous aurons observé. Dans ce cas, ce sera notre grande contribution à la légitimité de ceux qui vont être proclamés élus. En cas de discordance, il y aura un problème", précise-t-il dans son bureau de Kinshasa.

Aux murs, plusieurs photos rappellent la visite du pape François en janvier-février 2023 dans ce pays de presque 100 millions d’habitants, chrétien à 90 %. Au stade des Martyrs de Kinshasa, le souverain pontife avait lancé un retentissant "Retirez vos mains de la République démocratique du Congo : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser". Après ces paroles prononcées devant le président Félix Tshisekedi, l’archevêque de Kinshasa avait exprimé son souhait de "voir se tenir des élections libres, transparentes, inclusives et apaisées".

À la veille du scrutin, l’Église entend peser à nouveau de tout son poids. "En 2018, on avait demandé à la population de s'apaiser et d'attendre le verdict de la Cour constitutionnelle", rappelle Mgr Nshole. "Mais cette fois-ci, les évêques ont envoyé un autre message : ils demandent aux électeurs de ne pas quitter le bureau de vote avant l'affichage (des résultats). Parce que c'est l'étape fondamentale."

Après l’alternance en 2018, la transparence du scrutin en 2023 ?

Avec les institutions sociales qu’elle dirige dans le domaine de l’éducation et de la santé, qui pallient souvent l’absence de l’État, l’Église catholique a une voix qui pèse d’autant plus qu’elle est présente au plus profond du pays.

"La population est invitée, conformément à la Constitution, à défendre sa souveraineté par rapport à la vérité des urnes de manière pacifique. Parce que les évêques sont convaincus que c'est dans la consolidation de la démocratie que le peuple congolais sera mis au centre des préoccupations des gouvernants", poursuit Donatien Nshole.

En 2018, l’élection de Félix Tshisekedi avait consacré la première alternance démocratique sans violence en République démocratique du Congo. En 2023, l’enjeu fondamental réside dans la bonne tenue du scrutin et la transparence du comptage des voix pour que le prochain président obtienne la confiance et la légitimité dont il aura besoin pour relever les immenses défis qui l’attendent.

Dans sa paroisse Saint-Charles-Lwanga, après la messe, l’abbé Richard invite ses fidèles à rester confiants et à prier. "Je ne peux que les encourager, c'est un devoir civique. J'encourage ceux qui s'engagent à assumer des rôles dans notre pays. Je ne peux que les bénir pour qu'ils aillent de l'avant. Ce que je souhaite, c’est qu’il n’y ait pas de violence, car la violence fait reculer."

Mercredi, dès 6 h du matin, les Congolais sauront enfin si leurs prières et incantations feront s’ouvrir les portes des bureaux de vote. La proclamation des résultats est elle attendue le 31 décembre, juste avant la nouvelle année.

Ce reportage a été réalisé avec la participation d'Ivan Kasongo, journaliste basé à Kinshasa.


France 24 / MCP, via mediacongo.net
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