Interviews
INTERVIEW
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mediacongo.net (MCN) : Pouvez-vous brièvement nous définir
la mission de la CONADER ?
Daniel Kawata : La CONADER est la Commission Nationale de Démobilisation
et de Réinsertion. Elle a pour mission de concevoir le programme de démobilisation
et de réinsertion sur toute l'étendue de la République.
La CONADER accompagne, non seulement le désarmement qui permet à
la nouvelle Armée de récupérer toutes les armes entre les
mains des anciens groupes armés, mais aussi de posséder une base
de données fiables de tous ceux qui ont fait l'objet du processus et
qui pourront se retrouver soit dans l'Armée ou dans la vie civile. Aujourd'hui
la CONADER compte 40500 personnes démobilisés dont 16200 enfants.
MCN : Comment se déroulement en pratique le processus de démobilisation
?
Daniel Kawata : La démobilisation se passe en 5 étapes
:
1ère étape : le recensement des militaires par les postes
de commandement d'Etat Major général des FARDC 5Forces Armées
de la RDC). À ce jour il y a126 000 militaires déjà recensés
mais le recensement n'a pas encore pris fin selon l'Etat Major général
des FARDC.
2ème étape : les militaires recensés sont conduits
aux centres de regroupement, et là on contrôle les armes, on les
reprend conjointement avec la MONUC. A ce jour, 55.000 à 65.000 soldats
sont passés par les centres de regroupements.
3ème étape : Après avoir été désarmés,
ils passent dans les centres d'orientation. 10 centres sont opérationnels
à ce jour et dans lesquels sont organisés quatre activités
principales à savoir la sensibilisation, l'identification, la vérification
( on vérifie l'âge et les aptitudes physiques) et l'orientation(
le choix entre la vie civile ou l'armée)
4ème étape : Cette étape concerne deux types de choix
:
- Pour l'armée : les militaires sont brassés et recyclés
;
- Pour la vie civile : les militaires démobilisés proposent alors
de petits projets dans un domaine quelconque.
5ème étape : Pour l'armée, il y a redéploiement
des militaires recyclés dans la brigade.
Pour ceux qui rendrent à la vie civile, il y a un accompagnement vers leurs provinces respectives puis nous les aidons au travers de projets de réinsertion. Dernièrement la CONADER a donné 4 millions de dollars à l'USAID pour soutenir les projets de démobilisés.
MCN : Que faites-vous des blessés de guerre parce qu'on les voit
déambuler à travers les rues alors qu'ils devraient bénéficier
du programme de la CONADER ?
Daniel Kawata : L'Etat major Général des FARDC voudrait
que les blessés de guerre et les handicapés soient de fait démobilisés,
mais il y a des éléments qui ne veulent pas être démobilisés
et préfèrent rester tels quels dans l'armée.
Il convient de préciser que la démobilisation n'est obligatoire
que pour les enfants (mineurs).
C'est à l'Etat major général des FARDC de nous envoyer
ses blessés pour la démobilisation afin qu'ils puissent aussi
jouir des avantages de la démobilisation comme les autres démobilisés.
MCN : A combien de démobilisés la CONADER s'attend pour atteindre
son objectif ?
Daniel Kawata : La CONADER compte démobiliser 150 000 militaires
pendant toute la durée de sa mission qui est de 3 ans mais à l'allure
où vont les choses, l'on arrivera sans doute autour de 60 % de ce nombre.
MCN : Quels moyens financiers disposent la CONADER pour mener sa mission
et quelle est la contribution du gouvernement ?
Daniel Kawata : La CONADER a un budget de 200 millions de dollars financés
par la Banque mondiale au travers du MDRP (Multicountry Demobilization and Reinsertion
Programm). Le MDRP regroupe 11 pays dont notamment la Suède, le Danemark,
la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et l'Union européenne pour
ne citer que ceux-là.
Quant au Gouvernement congolais, il ne contribue en rien autrement dit, il n'a
aucun apport.
MCN : Dans le programme de démobilisation, quelle est la part
de responsabilité de la CONADER, de l'Etat Major Général
des FARDC et de la MONUC ?
Daniel Kawata : L'Etat major Général patronne l'armée.
C'est sous sa responsabilité que la nouvelle armée se forme. La
MONUC c'est l'il de la Communauté internationale ; elle garde les
armes pour les restituer aux nouvelles brigades et contrôle les effectifs.
La CONADER récupère les démobilisés et assure leur
suivi pendant une période déterminée.
MCN : A cause de nombreuses dérives par-ci et par-là, comment
arrivez-vous à concilier la vie politique et celle d'homme d'église
autrement dit de " Serviteur de Dieu "?
Daniel Kawata : Je suis laïque et je ne suis pas responsable d'une
église. Pour moi prêcher à l'église, c'est la façon
de communiquer ma foi. Je vis ma foi dans le milieu professionnel et ce n'est
pas deux choses différentes mais c'est la même chose.
Prenez l'exemple de David ou de Daniel, ce sont des hommes de Dieu qui ont occupés
des fonctions importantes dans la politique. C'est Dieu qui donne la sagesse
et l'intelligence. Pour de grandes responsabilités, on a toujours besoin
de lui. Beaucoup de chrétiens pensent que la vie chrétienne est
incompatible avec la politique, ils se trompent.
La Politique est l'art de diriger et pour diriger, il faut avoir de la sagesse.
Et c'est Dieu qui donne la sagesse. Donc je ne peux pas hésiter de travailler
dans n'importe quel endroit où Dieu m'appelle. Même si le degré
de péché est élevé, Dieu me délivrerait de
n'importe quelle situation. Certains me proposent des choses malhonnêtes,
mais comme j'ai toujours mon Dieu avec moi, je sais dire 'non' quand ce n'est
pas correct. Ni les ambassadeurs, ni le Président ne peuvent m'obliger
à faire ce qui est contre la volonté de Dieu. Si je suis acculé,
je dirais " non " et je peux même quitter mon poste mais la
tête haute.
MCN : Tout justement, en tant que " Serviteur de Dieu ", lorsque
vous rencontrez ces démobilisés qui souvent ont été
violés, pillés, maltraités et parfois ont tué, quel
est le message que vous leur apportez ?
Daniel Kawata : j'ai toujours un discours d'encouragement et parfois
je leur prêche. Je les aide en donnant mon propre exemple. Né d'une
mère très jeune avant mariage, j'ai été à
un moment abandonné et je suis devenu enfant de la rue. J'ai aussi perdu
un bras suite à un accident alors que je n'avais que douze ans. Je leur
parle de ma vie et je me mets à leur place.
Je suis bien placé pour leur prodiguer des conseils puisque je me suis
retrouvé dans la même position qu'eux à un moment de ma
vie.
MCN : Vous êtes souvent en déplacement, quel est le motif de
ces voyages à l'étranger ?
Daniel Kawata : C'est pour des raisons de service.
MCN: Actuellement dans le pays, les postes sont très politisés
du fait de la forme de composantes et entités du pouvoir. A quelle composante
appartenez-vous ?
Daniel Kawata : Pour la CONADER, on ne voulait pas qu'elle soit sous
contrôle d'une composante au regard de sa mission. C'est une institution
neutre comme la CEI. Elle n'appartient à aucune composante.
MCN : La population a été appelée à se prononcer
par référendum sur le projet de constitution, quelle est votre
position par rapport au projet de constitution ?
Daniel Kawata : Je souhaiterais que les congolais votent " oui "
malgré certaines imperfections. Les institutions à venir pourront
corriger les failles ou les amender.
Les gens ont dit " non " au schéma " 1+4 " mais ce
schéma a quand même été choisi. Votons ''OUI' pour
au moins en sortir et passer à une autre étape. C'est une porte
vers les élections.
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