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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Retour sur l’Histoire : Le général MUKOBO s’explique (1ère partie)

2005-08-08
08.08.2005
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2005-08-08
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Le général Mukobo Mundende Paul fait partie de la première promotion des étudiants congolais admis à l'Ecole Royale militaire de Belgique à Bruxelles. Au sein de l'armée zaïroise il a occupé entre autres la fonction de chef d'état-major des forces terrestres à l'arrivée d'AFDL. Un parcours semé d'embûches sous l'ère Mobutu, ayant conduit à de nombreuses relégations. Aujourd'hui il réside au grand duché de Luxembourg où nous l'avons rencontré Nous avons tenté de comprendre la genèse de nos forces armées…

mediacongo.net (MCN) : Général Mukobo, avant toutes choses pouvez-vous présenter ?

Général Mukobo (GM) : Je suis né en 1937. J'ai fait l'école des moniteurs à Kikwit de 1950 à 1955. J'ai ensuite enseigné deux ans au petit séminaire de Kinzambi (Bandundu) avant d'entrer à l'école d'éducation physique de Kinshasa (1957-1960).
Les officiers belges sont venus recruter pour l'école des sous-lieutenants qui devait s'ouvrir à Kananga en 1960, mais la tension étant vive à l'approche de l'indépendance, les autorités politiques, administratives et surtout militaires nous ont proposé d'aller à l'ERM(Ecole Royale Militaire ) à Bruxelles, dans le but principal de montrer à l'accession du pays à la souveraineté que la formation était bien avancée. C'est ainsi que le 23 avril 1960 nous avons atterri à Bruxelles.
Nous étions en tout 21 étudiants africains ( 16 congolais, 3 burundais et 2 rwandais). Nous avons fait 6 mois à l'école des cadets pour préparer l'examen d'entrée à l'ERM. Il faut dire qu'en septembre 1960 nous étions les tout premiers africains à entrer à l'ERM.
L'ERM dispensait une formation universitaire (polytechnique) et ensuite il était possible de faire l'Ecole d'Armes qui approfondissait les techniques et réalités de guerre.
Des 16 congolais que nous étions 15 ont fini l'ERM et un a abandonné. Quant aux autres camarades les choses ont été un peu plus compliquées :
Sur les deux rwandais, l'un, GAHIMANO Fabien a terminé les 3 années à l'ERM et il est rentré juste après. Il avait été un moment commandant de l'école militaire de Butare. Pour MAKUZA, l'autre rwandais, d'origine tutsi, il a dû s'exiler à cause de la haine contre les tutsis, un hutu étant au pouvoir.
Quant aux trois camarades burundais leur parcours a été encore plus différent. En 1962 lors des vacances au pays (on passait les grandes vacances dans nos pays respectifs), ils y ont été retenus. L'un, MICOMBERO (se prononce Mishombero) Michel, est d'ailleurs devenu président du Burundi. Le second, ironie de l'histoire, a été condamné à mort par MICOMBERO et le troisième est encore en vie à ce jour.

MCN : Quelle a été la suite après l'ERM ?

GM : Voilà, je l'ai dit plus haut, sur les 16 congolais, 15 ont fini l'ERM. Après l'ERM, 7 sont rentrés au pays et les 8 autres, moi y compris, nous avons poursuivi avec l'école d'armes pour devenir officiers fantassins. Nous avons été repartis à différentes écoles d'armes suivant la spécialité :
- OMBA (a fait l'administration à Malines)
- ELUKI (infanterie à Arlon)
- VUADI (infanterie à Arlon)
- IPOMA (quartier-maître et transport à Leuven)
- ILELA (Gendarmerie à Bruxelles)
- NDJATE (Blindés à Stochem près d'Arlon)
- Et moi, MUKOBO (Ordonnancement, mécanicien véhicule, armement et munitions à Tournai)
Après l'école d'armes nous sommes rentrés au pays.

MCN : Et votre parcours au pays ?

GM : Eh bien, quand nous sommes arrivés à Kinshasa en octobre 1964 , le général Mobutu ne nous a pas affecté conformément à nos formations respectives. Ainsi, ELUKI, VUADI,IPOMA et moi, avons été envoyés à la base de Kitona (Bas-Congo) pour former les nouvelles recrues de l'infanterie.
La première année nous avons formé le premier bataillon infanterie et le 2ème bataillon commando.
La seconde année nous avons été dispersés.

En 1967 j'ai été nommé directeur général de l'organisation et de l'instruction au ministère de la défense nationale, j'ai occupé ce poste jusqu'en 1970. C'est durant cette période que la plupart des écoles militaires du pays ont été créées sous ma direction

- Ecole des chauffeurs et des mécaniciens (Kinshasa)
- Ecole d'ordonnance pour former les réparateurs d'armement et de " munitions " (Kinshasa )
- Ecole de génies (Mbanza-Ngungu, Bas-Congo)
- Centre d'entraînement commando (Kota Koli, Equateur)
- Ecole des troupes blindées (Mbanza-Ngungu, Bas-Congo)
- Ecole de commandant et d'Etat-major (en 1969 à Kinshasa)
- Ecole de formation d'officiers (EFO à Kananga)
- Centre d'instruction/d'entraînement des troupes aéroportées (CETA en 1968 à Kinshasa)

En 1970 j'ai repris mes fonctions dans ma spécialité d'officier d'ordonnancement à la grande base logistique du pays à Kinshasa (camp Kokolo).

De 1972 à 1973 j'ai été instructeur au centre supérieur militaire afin d'apprendre la fonction d'officier à la plupart des " officiers " de l'armée zaïroise (FAZ), qui étaient à vrai dire, des civils habillés en militaire (ce n'est pas une insulte mais un fait !). Les années qui suivirent l'indépendance, plusieurs avaient été nommés officiers pour des motifs politiques et parce qu'il fallait combler un vide.

En 1973 j'ai été affecté à Lubumbashi comme chef d'Etat-major. J'en ai profité pour faire une licence en relations extérieures à l'Université de Lubumbashi (UNILU) comme étudiant libre. Malheureusement ce diplôme n'avait jamais été reconnu par l'armée.

En 1975 il y a une ordonnance présidentielle qui a dissout la force terrestre. Toutes les anciennes unités devenaient des unités " gendarmes ", et il fallait refaire les unités d'infanterie. Je pense que cette décision a, entre autres, été à la base de désorganisation de l'armée. Nous avons alors commencé le recrutement et nous avons créé la 1ère division qui était la 1ère division KAMANYOLA sous le commandement du général BOTETE.

En 1977 la guerre éclate au Katanga. C'est la guerre des 80 jours ou Kolwezi I. Des bataillons ont vite été créés et on leur a donné les noms des généraux qui les commandaient, il y avait donc les bataillons VUADI,TSHIBANGU,SHABANI et MUKOBO (le mien). C'est alors que j'ai manifesté mon premier désaccord sur la méthodologie appliquée. Parmi des lacunes opérationnelles durant cette guerre il y avait notamment le fait que les officiers qui commandaient les troupes, ne savaient pas lire les cartes et ne connaissaient pas les armes utilisées par l'ennemi. Pour le petite anecdote, j'ai croisé des hommes (officiers et soldats) en débandade prétextant que l'ennemi possédait des armes sophistiquées qui produisaient des éclairs et des grands bruits…après vérification ces fameuses armes n'étaient autres que des pétards et feux d'artifices que les rebelles lançaient, étant sûrs de leur effet dissuasif.
De mon côté j'ai commandé l'axe Kolwezi-Dilolo. J'ai reçu deux compagnies ( 120 hommes). Le commandement m'a été retiré parce que j'avançais trop vite au goût de certains. Eh bien oui, parce que certains, qui n'étaient pas au front ou du moins ne se battaient pas, ne voulaient pas voir s'arrêter le double traitement lié à l'état de guerre.

Bref, Pour me " récompenser " après cette campagne, j'ai été envoyé à l'école de guerre à Bruxelles. Nous étions à cinq. ELUKI avait fait la même école en 1975.

A mon retour j'ai été nommé chef d'Etat-major adjoint de la force terrestre. A nouveau j'ai commencé à avoir des ennuis. En fait, au retour de l'inspection nationale effectuée par le chef d'Etat-major, nous avons constaté des fraudes. Il y avait en effet des unités qui déclaraient 1800 personnes mais n'en comptaient en réalité que 800…le reste permettait a certains officiers de mener le train de vie d'hommes d'affaire. Il était donc " normal " que mon action suscite un malaise auprès de certains officiers. J'ai donc été envoyé en région comme chef d'Etat-major de la 1ère région militaire (les deux Kasaï et le Katanga). J'ai continué à circonscrire le nombre de militaires de la région militaire sous mon commandement. J'ai été nommé commandant de la division Kamanyola (à Kolwezi), j'y ai introduit les cantines avec les moyens de bord.

À suivre…


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