Le procès en appel des assassins présumés du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, a finalement repris ce mardi 21 avril, après près de deux ans d’interruption. Ce ne fut qu'une courte reprise puisque le procès a été ajourné au 30 avril. Durant cette audience, les débats entre le ministère public, les avocats de la défense et des parties civiles ont été houleux. En jeu, figure notamment la possibilité de suspendre les poursuites à l’encontre de trois prévenus en fuite.
Cinq des huit accusés, leur uniforme de police tirée à quatre épingles, se sont présentés à la barre aujourd'hui. Parmi eux, le plus important, Daniel Mukalay, numéro deux des services spéciaux de la police à l'époque des faits. Il a été condamné à mort en première instance pour avoir orchestré l'élimination de Chebeya. A ses côtés se trouve un lieutenant de police condamné à perpétuité pour complicité. Les trois autres ont été acquittés lors du premier procès.
Mais ce sont les absents, trois autres agents de la police condamnés à mort en 2011 mais en fuite, qui ont le plus fait parler d’eux ce mardi. Le ministère public a proposé de suspendre les poursuites à l’encontre de ces trois personnes. Selon lui, les notifier et les impliquer dans ce procès, en leur absence, ralentit la procédure et pénalise les cinq prévenus qui sont à Kinshasa et qui attendent depuis 2010 de connaître leur sort.
Les avocats de la défense, eux, ont carrément proposé de disjoindre les deux affaires. « Hors de question », ont rétorqué les avocats de la famille Chebeya qui se sont constitués partie civile. Pour eux, il est primordial que l’ensemble des prévenus soient jugés en même temps, car c’est la seule garantie, selon eux, que les révélations qui seront potentiellement faites par certains pourront servir dans le procès.
Et ceci, d’autant plus que depuis 2013, l’un des prévenus, Paul Mwilambwe, s’est livré à la justice à Dakar où il doit être jugé. Des informations-clés pourraient sortir de cette procédure parallèle et les avocats des parties civiles veulent pouvoir s’en servir. La Haute cour militaire doit rendre son arrêt ce jeudi 23 avril.