Super Lemba : le Rond-point sert de ring à deux fous

Deux fous, le premier, frisant la cinquantaine, dans un accoutrement qui le ferait passer pour un astronaute était debout au beau milieu du Rond-point Super Lemba, son milieu de prédilection. Le deuxième, la trentaine révolue, biceps développés, pantalon noir, torse nu sur un teint foncé, faisait penser à un bulldozer.

Lorsque le maître des lieux l’a vu s’approcher, inspiré et se représentant déjà le choc que provoquerait leur rencontre, il s’est jeté de lui-même au sol et s’est caché,  nez au vent en faisant le mort. Spectacle qui a été vu d’un mauvais œil par son congénère, le nouveau venu qui, mains aux hanches, s’est arrêté à côté de lui, et le regardait à la manière de Mohammad Ali regardant  George Foreman au tapis.

N’ayant remarqué aucun signe de vie, de ses pieds, il a bougé les bras de celui qui était couché pour être rassuré qu’il était hors de tout état de nuire. C’est alors que celui qui faisait le mort s’est levé d’un bond, mais non pour attaquer, mais plutôt pour se mettre à genoux à un mètre et invoquer Allah. Ce qui a fait dire à ceux qui le regardaient qu’avant la folie, il était musulman pratiquant. Une invocation qui a produit ses fruits car, quand le jeune fou s’est jeté sur lui comme un fauve, le vieux fou a déjoué tous les pronostics. Il n’y a pas eu de coups de poing, mais une clé (anglaise ou française) a fait que le jeune fou était dans l’impossibilité de faire un seul mouvement. Pendant de longues minutes, les deux pugilistes roulaient sur le sol, le vieux ayant le dessus sur le jeune.

Les cris de la foule nombreuse à Super Lemba a cette heure de la journée ne pouvaient qu’attirer les policiers du sous-ciat à cet endroit. Ce sont eux qui ont réussi à tirer le jeune fou provocateur de la prise du vieux et l’ont conduit dans leur bureau, non pour le verbaliser, mais pour que la paix revienne car, s’agissant de la vraie verbalisation, l’Opj  risquait de perdre tout son latin en matière de procédure judiciaire.