Les Pygmées de la République démocratique du Congo (RDC) espèrent profiter du deuxième Festival international des peuples autochtones, qui s'est ouvert vendredi 27 mars à Kinshasa, pour pousser au vote d'une loi défendant leurs intérêts, selon un des organisateurs de la manifestation.
Les Pygmées de la RDC espèrent que ce festival va booster le débat autour de la proposition de loi introduite au parlement congolais pour protéger leurs droits, a déclaré à l'AFP Patrick Sayidi, coordonnateur de la Dynamique des groupes des peuples autochtones (DGPA).
En juillet 2014, une proposition de loi sur la protection et promotion des droits des peuples autochtones pygmées avait été déposée à l'Assemblée nationale. Depuis, le texte n'a pas encore été examiné, déplore la DGPA, qui regroupe 43 organisations.
Nous voulons utiliser le festival comme un levier pour pousser les deux chambres du parlement à examiner et adopter ce texte, a ajouté M. Sayidi.
Cette proposition de loi a été inscrite au calendrier de la session en cours de l'Assemblée nationale pour examen, a annoncé à l'ouverture du festival le président du collectif des parlementaires pour la défense des droits des peuples autochtones pygmées de la RDC, Bruno Lapika. Cette décision, qu'il a qualifié du triomphe de la voix de la raison, a soulevé des applaudissements chaleureux des participants.
Les Pygmées sont un peuple de chasseurs-cueilleurs que l'on trouve en RDC, en Centrafrique, au Congo, au Cameroun ou encore au Gabon. Leur mode de vie est menacé par la déforestation, les mines, l'extension des terres agricoles et l'exploitation des multinationales.
Malgré des avancées, les Pygmées restent largement discriminés et méprisés par les autres ethnies, dites bantoues, qui les exploitent en échange d'un très faible salaire d'une rémunération en nature -souvent des cigarettes ou de l'alcool, favorisant les addictions.
Tozali komona mpasi, c'est-à-dire nous souffrons,(en lingala, principale langue parlée en RDC), avaient chanté les femmes pygmées pour dénoncer le traitement inhumain que leur infligent les autres groupes ethniques. Cette contestation provoque dans le sud-est congolais des tensions et même de violents conflits.
Pour M. Sayidi, le festival, qui se clôture dimanche, est une occasion de plaider pour la considération des peuples autochtones pygmées en RDC, (...) faire émerger leur culture et enlever l'idée que certains ont de considérer le Pygmée non seulement comme un sauvage, mais comme un animal, a-t-il souligné.
Le festival est parrainé en partie par la Norvège à travers la Rainforest Foundation Norway (RFN). Elle a été ouverte devant près de 300 personnes par le ministre congolais de l'Environnement et du Développement durable, Bienvenu Liyota Ndjoli, qui a dénoncé la discrimination, la stigmatisation et la marginalisation dont sont victimes les Pygmées en RDC.
Des membres des peuples autochtones de la RDC, du Congo, du Cameroun, de la Centrafrique, du Kenya, de la Tanzanie, de la Norvège, de l'Amazonie (Brésil), de l'Indonésie et de la Malaisie, participent à la rencontre.