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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Afrique

Algérie : les inondations dévoilent l'anarchie urbaine… et la corruption

2020-09-15
15.09.2020
2020-09-15
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Si le déluge à l'ère de Noé devait nettoyer la terre des péchés des hommes, celui de la semaine dernière à Alger de moindre envergure heureusement les a dévoilés au grand jour.

Comment expliquer qu'une pluie, aussi torrentielle soit-elle, peut en quelques heures seulement engloutir des pans entiers d'une capitale comme Alger ? C'est la question qui soulève la colère des Algérois depuis la catastrophe de la semaine dernière lorsque, dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 septembre, des quartiers entiers d'Alger, des parkings, des routes et des tunnels, se sont retrouvés sous les eaux très rapidement, causant d'importants dégâts.

Changement climatique

Face à la colère, les autorités ont adopté deux attitudes. La première, exprimée par le ministre des Ressources en eau, est de s'en remettre à la météo, expliquant que « la quantité d'eau tombée en trois heures [à Alger] équivaut à la quantité d'habitude enregistrée durant un mois complet ». « Les pluies torrentielles survenues ces dernières 24 heures en Algérie s'inscrivent dans les activités météorologiques saisonnières, mais ont été affectées par de violents changements climatiques, devenant ainsi plus intenses », a indiqué l'officiel, ajoutant que « les avaloirs, quelles que soient leurs capacités, ne pouvaient pas absorber les quantités de pluie tombées en un laps de temps réduit ».

Quelques jours auparavant, le même ministre, réagissant au décès de deux personnes à Batna, à l'est du pays, des suites d'inondations, avait annoncé que « la stratégie nationale de lutte contre les inondations, qu'avait élaborée le ministère des Ressources en eau en 2017, sera agrémentée d'un plan de travail national pour la prise en charge des risques d'inondation liés au changement climatique ».

Entrepreneurs peu scrupuleux

La seconde approche des autorités, visées par les critiques quant à leur incapacité d'anticiper ce genre de catastrophe, est de lancer des enquêtes confiées à la police, plus précisément aux services d'enquêtes de la police judiciaire et à la police de l'urbanisme et de l'environnement.

Ces investigations entamées la semaine écoulée, selon des médias locaux, ciblent plusieurs dysfonctionnements. Une source policière a détaillé au quotidien El Khabar les pistes de ces enquêtes, en commençant par le passage au peigne fin des contrats et projets octroyés par les municipalités. « Des négligences techniques – comme l'abandon de gravats sur la chaussée ou la non-finition de travaux – aux conditions de passation des marchés, tout sera étudié », explique au Point Afrique une source officielle. À Alger, il n'est pas rare de voir que les trottoirs du centre-ville, par exemple, sont « refaits » chaque année, suscitant méfiance et ironie des habitants qui y voient des marchés entre « amis » pour entrepreneurs peu scrupuleux.

La corrélation corruption-catastrophe naturelle a déjà été démontrée par des études scientifiques, à l'instar de celle menée en 2011 par Nicholas Ambraseys, professeur du risque sismique à l'Imperial College de Londres, et Roger Bilham, sismologue et chercheur en sciences de l'environnement à l'université du Colorado, aux États-Unis, qui ont croisé les données de Transparency International et de la Banque mondiale. L'étude avait affirmé que « 83 % des décès survenus lors d'effondrements à la suite de séismes ces trente dernières années sont enregistrés dans des pays anormalement corrompus ».

À la suite du séisme qui a frappé la région de Boumerdès et d'Alger en mai 2003, causant près de 2260 morts, la justice avait alors poursuivi une quarantaine d'accusés : techniciens du CTC (organisme de contrôle des constructions) ainsi que des entrepreneurs et des responsables des bureaux d'études, pour « homicide involontaire, blessures involontaires, fraude sur la qualité et la quantité des matériaux de construction et non-respect de la réglementation ».

Les différentes entraves aux règles d'urbanisme et de construction ont aggravé le bilan humain et matériel de ce séisme à l'époque, selon les experts. L'anarchie et les passe-droits dans le domaine immobilier (de l'occupation des sols aux constructions) ont créé à Alger et dans les autres villes du pays un tissu urbain hyperfragile. « Je vis dans une résidence dite de luxe, mais déjà les murs extérieurs de l'immeuble s'effritent et mes enfants ne peuvent plus sortir jouer dehors à cause des égouts qui éclatent de partout. J'ai payé ma maison une fortune pour finalement voir mes enfants risquer d'attraper des maladies moyenâgeuses », témoigne au Point Afrique Hafida, médecin habitant sur les hauteurs d'Alger.

Ce week-end, des experts ont accusé, dans la presse locale, « les agissements de la mafia du foncier à Alger qui, avec l'aide de puissants lobbys politiques et financiers, s'est approprié des assiettes réservées aux infrastructures et équipements publics pour y réaliser des promotions immobilières, sans parler des constructions illégales sur des zones sensibles avec les complicités des collectivités locales ».

Le précédent Bab El Oued

La fragilisation des sols par la destruction du couvert végétal qui les stabilise et les constructions anarchiques et illégales dans les zones inondables sont autant de facteurs des catastrophes actuelles et à venir. « Quand vous rendez le sol imperméable par l'urbanisation, vous risquez d'avoir de grosses inondations. Il y a aussi l'absence d'espaces verts et l'abandon de la tradition de la récupération des eaux pluviales. Le fait d'avoir des retenues d'eau végétalisées empêche les ruissellements dangereux », selon l'architecte-urbaniste Akli Amrouche. Le 10 novembre 2001, les meurtrières inondations de Bab El Oued à Alger, avec un peu plus de 700 morts en une matinée, ont également été causé par une déferlante de boue des hauteurs d'Alger : les constructions anarchiques et le déficit en couverture végétale ont permis à l'eau de charrier des tonnes de terre transformées en vague destructrice et puissante.

« Le problème ne concerne pas seulement ce promoteur privé qui a bravé la loi en construisant n'importe quoi n'importe où : le vrai souci est qu'une autorité, centrale ou locale, lui a permis de faire ça. C'est surtout à ce niveau qu'il faut sévir », commente un autre expert de l'urbanisme.

Le facteur « civisme »

« Pourtant, les dispositions de la loi interdisent formellement la réalisation d'ouvrages sur [les] zones qualifiées de zones non constructibles. Un tel constat concerne plus de 700 communes qui gèrent leurs patrimoines fonciers sans aucune étude d'impact et de risque érigeant des bâtisses et des autoroutes sans aucune méthodologie », note le très officiel quotidien El Moudjahid.

Que faire face à cette situation ? Les lois existent, les plans de prévention, la police de l'urbanisme et de l'environnement aussi ; mais sur le terrain, la réalité est autre. Pour El Watan, « il y a manifestement une inadéquation de la réponse apportée par les pouvoirs publics, les facteurs aggravants des inondations sont imputables aux agissements de l'homme ». C'est surtout une question de civisme, donc, qui ne concerne pas que les citoyens : les autorités doivent appliquer les lois qu'elles-mêmes édictent.

 


Le Point / MCP, via mediacongo.net
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