La Fondation Chirac récompense Dr. Denis Mukwege et sera fait docteur honoris causa de l'UCL

A ses côtés, l'UCL attribuera aussi sa distinction honorifique à Lawrence Lessig, spécialiste de la propriété intellectuelle sur internet, et à Jigme Thinley, ancien Premier ministre du Bhoutan. L'université souligne dans ces trois personnalités leur anti-conformisme porté par des valeurs de liberté, respect et audace, ainsi qu'une même volonté de "placer l'individu au cœur des préoccupations de la société".

Denis Mukwege, médecin gynécologue, a dédié sa vie aux femmes, celles dont le corps a été abîmé, détruit parfois par les soldats ou les rebelles. Des femmes victimes du viol collectif, utilisé comme arme de guerre dans son pays, la République Démocratique du Congo. Denis Mukwege, plusieurs fois pressenti pour le Nobel de la Paix, a été récompensé ce jeudi par la Fondation Chirac pour la prévention des conflits.

Le président François Hollande a assisté jeudi matin, au Musée du Quai Branly, à la remise du prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits qui distingue le docteur Denis Mukwege, pour son action en faveur des femmes victimes de viol dans les conflits armés. De très nombreux ministres et anciens ministres, parmi lesquels le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et l'ancien Premier ministre Alain Juppé, ont aussi assisté à la cérémonie.

De l'accouchement aux femmes mutilées

Denis Mukwege se souvient parfaitement de ce jour de septembre 1999. Dans son tout nouvel hôpital à Panzi, le médecin se prépare à mettre des enfants au monde et non pas à voir arriver cette femme mutilée par des soldats, une femme au vagin déchiqueté par des balles de fusils.

Plus le temps passe, plus les victimes sont nombreuses. En République démocratique du Congo, on viole à plusieurs, en public, de manière planifiée. Les organes génitaux sont lacérés à coups de rasoirs. On y introduit de la soude caustique ou du caoutchouc brulé.

Ce médecin a réparé plus de 40.000 femmes.

En 14 ans, le docteur Mukwege réparera plus de 40.000 femmes, des petites filles, des bébés. Un chiffre qui révèle toute l'horreur d'une barbarie massive pratiquée autant par des rebelles que par des soldats.

Denis Mukwege prend alors le monde à témoin. Il s'empare de toutes les tribunes pour dénoncer ce qu'il qualifie de crime contre l'humanité. Mais aujourd'hui, il semble parfois fatigué de parler sans que rien ne se passe. Evidemment, il dérange. Il a survécu à 6 attentats. Qu'il soit encore vivant tient du miracle.

Le Dr Mukwege dirige l'hôpital de Panzi à Bukavu, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu (Est de la RDC), qui prend en charge gratuitement chaque année plus de 3.500 victimes de violences sexuelles et leur permet de bénéficier d'une chirurgie reconstructive. Son nom a été suggéré plusieurs fois pour le Prix Nobel de la paix. Il a notamment reçu le prix de l'ONU pour les droits humains et, le 26 septembre dernier, le prix suédois Right Livelihood pour "l'action courageuse qu'il mène pour guérir les femmes survivantes de violences sexuelles dans les conflits armés et dénoncer les causes sous-jacentes de ces atrocités".