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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Musique

Nyoka Longo révèle le secret de ses 44 ans de carrière

2014-04-17
17.04.2014 , Kinshasa
Musique
2014-04-17
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L’artiste congolais Nyoka Longo célèbre ses 44 ans de carrière et ceux de son orchestre Zaïko Nkolo Mboka. Il est fier aujourd’hui d’être à la tête de l’unique groupe musical de l’Afrique centrale à avoir subsisté pendant plus de 40 ans, malgré les nombreuses secousses. Aux lecteurs de « Freya Magazine » et de « Forum des As », il se dévoile.

Vous avez commencé votre carrière très jeune. Pourriez-vous en parler à la jeune génération ?

J’ai commencé ma carrière dans Zaïko, à la création de cet orchestre le 24 décembre 1969. Je n’avais alors que 16 ans. Pour nous, c’était une aventure entre amis. On était encore élèves, étudiants… Au fil du temps, on a pris goût avec les charges qui devenaient nôtres. Il nous fallait alors supporter nos études. On a eu plus tard des enfants, tout en étant musiciens ! Et la musique est ainsi devenue notre profession jusqu’aujourd’hui. Beaucoup de gens nous ont soutenus… Il y a eu notamment les membres du comité de l’orchestre qui nous soutenaient pour nos frais scolaires et objets classiques, et également notre aîné qui vient de rendre l’âme : l’artiste Pascal Tabu Ley, qui était le parrain de l’orchestre. C’est, en fait, la première personne qui nous a permis de répéter avec les instruments électriques. C’est aussi lui qui a fait les critiques de nos premières œuvres avant que nous entrions au studio.

Premier parrain de Zaïko, Tabu Ley vous a-t-il beaucoup inspiré ?

Bien entendu ! Je suis un grand fan de Tabu Ley depuis mon jeune âge. C’est un grand artiste. Un bon compositeur. Un travailleur. Il m’a vraiment beaucoup inspiré. J’ai eu personnellement la chance de travailler avec lui pendant trois mois avant d’aller au Festival de l’art nègre en 1977. J’ai été impressionné par son agilité dans la répartition du solfège pour la partie cuivre, guitare… quand il s’est agi d’arranger des chansons comme « Nalali pongi, Armando ». Le travail lui a pris à peine moins de deux heures. Autre point positif que je retiens de lui, c’est le fait que Tabu Ley était une personne qui apportait des grandes choses dans la musique congolaise. Surtout quand il subissait de grands coups. Lorsque les artistes le quittaient, c’est en ce moment qu’il travaillait davantage pour innover et ressortir plus fort de l’épreuve.

Tout au long du parcours de Zaïko, beaucoup de vedettes se sont succédé. Lesquelles parmi vous ont joué un rôle déterminant ?

En première ligne, je citerai Papa Wemba, puisque c’est lui qui a été le détonateur de la création de Zaïko Langa Langa. C’est en fait lors de son intervention au cours d’une répétition que la direction du groupe avait décidé de dissoudre l’orchestre Bel Guide National, qui ne s’était jamais produit en public, pour arriver à la création de Zaïko Langa-Langa. Avec lui, nous avons créé, Manuaku Waku et moi, l’orchestre Zaïko. Plus tard, nous avons connu feu Tedy Sukami, qui était le secrétaire du groupe Bel Guide National, et qui jouait à la guitare. Après, on a fait recours à Zamwangana qui jouait aussi à la guitare. Par la suite, nous avons accueilli Mbuta Matima et Mbuta Mashakado, venus comme chanteurs de même que Mavuela Somo. Vinrent alors d’autres chanteurs de talent comme Evoloko, puis trois ans plus tard Gina Efonge. Le feu Danel Ndebo qui fut le premier bassiste du groupe, Oncle Bapius… Ils sont tellement nombreux !

Zaïko Langa Langa a connu beaucoup de départs tout au long de son parcours. Ces défections ne vous ont-elles pas déstabilisé ?

Je ne suis pas souvent d’accord quand les gens parlent de scission. Vous savez, dans un véhicule, il faut distinguer l’accessoire de l’essentiel. Au sein des Zaïko, des gens venaient et partaient. C’est vrai. Mais, la vraie scission que nous avons connue, c’est en 1974 lors du départ de Papa Wemba pour la création du groupe ISIFI. Mavuela et Gina se sont aussi retirés par la suite. Ces artistes constituaient, à vrai dire, la base de l’attaque chant de Zaïko. Et puis, il y a eu le départ de ceux qui sont allés créer Langa Langa Star : Evoloko, Djo Mali, Roxy Tshimpaka…Le plus grand départ, c’est celui du groupe qui est allé créer Zaïko Familia Dei : Lengi Lenga, Bimi Ombale…

Comment justifiez-vous la stabilité de votre orchestre malgré toutes ces vagues de défections ?

C’est d’abord une grâce ! Zaïko, c’est le seul groupe de deux rives du Congo qui a tenu pendant 44 ans. Zaïko, Même des groupes comme OK Jazz n’ont pas réussi à tenir pendant autant d’années. Il faut reconnaître que c’est aussi grâce à la fidélité des fanatiques de Zaïko que nous parvenons à maintenir la stabilité de notre orchestre. C’est ca le secret de notre stabilité. Il importe de souligner également que Zaïko est la troisième école de la musique congolaise. Nous avons créé notre style à nous. Nous avons réussi à nous écarter de deux écoles de la première génération, à savoir African Jazz et Africa Fiesta de Rochereau Tabu Ley et autres. Nous, nous avons créé un autre style issu de nos aînés belges.

Qu’est-ce qui explique votre stabilité au sein de Zaïko ?

Je suis fidèle à Zaïko ! C’est ce qui justifie ma stabilité au sein de ce groupe. C’est par fidélité premièrement et par discipline. Ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce à Zaïko. Zaïko, c’est comme mon enfant ! Je ne pourrai en aucun moment l’abandonner. Nous avions jadis séché nos études pour ce groupe qui nous a tout donné ! Les bons souvenirs de Zaïko, c’est ce que je suis devenu moi-même (Rires). Les nombreuses relations que j’ai avec les autorités de mon pays et à travers le monde, c’est grâce à ce groupe ! Je regrette toutefois tous ces départs que nous avons connus au sein de l’orchestre. Si tous étaient là, on serait encore très fort.

Vous êtes partis en Europe. Quelles leçons avez-vous tirées de ce séjour ?

Nous sommes partis pour apprendre. Mais il s’est fait que nous avons été arrêtés, nous sommes tombés malades… Personnellement, j’ai beaucoup appris. Comme l’avait déclaré feu Luambo Makiadi avant son décès, l’artiste musicien congolais est une race à part. J’étais parti avec une équipe de 26 personnes, mais je suis rentré au pays juste avec quatre artistes. Côté promotion d’artistes, j’ai appris que nos compatriotes qui sont nantis et qui ont beaucoup d’ouverture à l’étranger sont très égoïstes. Ils gardent leurs contacts pour eux-mêmes. Contrairement à nos frères de l’Afrique de l’Ouest et certains de l’Afrique centrale comme les Camerounais. C’est pourquoi nous remarquons que nos frères africains qui s’inspirent de notre musique évoluent plus que nous.

Votre récent album fait du succès dans le pays. Qu’est-ce qui explique, selon vous, cet engouement de la population ?

Le secret de la réussite, c’est le travail ! Il n’y a pas un autre secret ! Il n’y a pas lieu de penser aux fétiches !

Nyoka Longo composait beaucoup dans le temps. Et aujourd’hui, c’est le seben qui domine dans ses chants. Est-ce une exigence du public ?

Si on se réfère à notre récent opus, « Bande annonce » est un choix que nous avons opéré. Je me suis retrouvé avec des jeunes dont nombreux viennent d’arriver dans la profession. Mais ils n’ont pas encore acquis l’esprit Zaïko. Pour nous donc, c’était encore un test. Maintenant, il faut avancer. D’ailleurs notre titre est si révélateur : « Bande annonce ». Il annonce ce qui va venir.

Et la vente des albums. Ne vous apporte-t-elle rien ?

ça nous procure quelque chose, mais pas beaucoup. Quand je parle d’absence de la politique culturelle dans notre pays. Nous sommes plus de 60 millions d’habitants dans notre pays. Si nous ne prenons que les cas de Kinshasa où on compte environ 10 millions d’habitants, personne d’entre nous, artistes ne peut vendre plus de 100.000 exemplaires ! Que ce soient JB Mpiana, Werrason, Koffi Olomide, Papa Wemba, Karmapa… Et pourtant, il y a environ 2 millions de CD qui circulent dans la rue ! Ce sont des cassettes pirates ! S’il y a une politique culturelle, l’Etat pourrait se retrouver ! L’artiste aussi !

Pouvez-vous aujourd’hui dire que la musique paie bien son homme ?

Effectivement ! La musique paie bien son homme. Mais, elle payerai mieux si on avait une très bonne politique culturelle dans notre pays. Jusque-là, ce n’est pas encore cela. La part des sponsors arrivent à peine à 30 % ! L’artiste lui-même contribue à 70 % dans le budget du groupe. Il y a aussi une chose : on a perdu au niveau de la production. Les sponsors, les sociétés brassicoles en premier lieu, ont maintenant pris la place des producteurs pour assurer la visibilité de leurs produits. Ils ne peuvent pas aller au-delà des attentes de l’artiste. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il y a ce déficit de créativité de la part de nos musiciens. Généralement quand ces sponsors sollicitent le concours de l’artiste, ils lui donnent des moyens pour la prestation. Mais, ils ne stimulent pas la créativité de l’artiste. Ce qui est pourtant le rôle du producteur. Il n’y a plus de producteurs sur le plan phono-graphique en République démocratique du Congo !

Vue votre expérience, quels conseils donneriez-vous aujourd’hui à la jeune génération qui se lance dans la musique ?

La première chose, c’est la patience. Ensuite, l’amour pour ce métier. En troisième lieu, le travail. Et enfin, la discipline. Quand nos aînés arrivaient dans la musique, chacun s’inspirait d’un modèle, d’un maître et se mettait à l’œuvre pour atteindre son objectif. C’est sur cette base qu’on créait des œuvres. Mais, ce n’est pas aujourd’hui le cas de la nouvelle génération. Ils n’ont pas de modèle, pas de référence. Raison pour laquelle un Italien, qui avait l’habitude de collectionner les œuvres des artistes congolais en Europe, m’a révélé récemment sa déception. Constatant que ses produits ne s’écoulaient plus vite comme dans les temps, à l’époque de Bella Bella, African jazz... Ses clients de différentes nationalités avaient jadis l’embarras de choix quand ils écoutaient la variété des artistes congolais et finissaient par emporter quatre à cinq cassettes. Mais aujourd’hui, quand le collectionneur italien balance la musique des contemporains, ses clients ont l’impression d’entendre la même chose. On sent donc qu’il n’y a plus de créativité. Plus de recherche dans la nouvelle génération qui n’a plus de modèles ! C’est cela donc le grand danger pour notre musique congolaise. Aussi bien à Kinshasa qu’à Brazzaville.


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