Des "receveurs-rétroviseurs" des 207, cause des accidents de route

La plupart des conducteurs de véhicule de marque Mercedes 207, exploitant le transport en commun à Kinshasa, roulent sans les deux rétroviseurs latéraux. De nombreux autres se servent des pièces de miroirs ordinaires convexes, pourtant inappropriés. Car, ces bouts de lentille ne leur facilitent pas la rétro vision. D'où, le recours systématique au receveur "perché" sur la portière entr'ouverte du véhicule roulant.

En plus de sa fonction première de percepteur de recettes, ces jeunes gens jouent à la fois le rôle de rétroviseurs et de klaxon. C'est donc eux qui guident le conducteur au volant ! Ils sont toutefois accusés d'être à la base de nombreux accidents.

Cependant, ces "receveurs-rétroviseurs et klaxon", se trouvent être la cause de nombreux accidents de route dans la capitale rd congolaise. A plusieurs occasions, après un drame, on entend généralement des réactions du genre : "C'est la faute du receveur". Justement, parce qu'il a mal guidé le chauffeur. Le plus souvent, nombre de Kinois qui pratiquent le métier de receveur, souffrent d'une insomnie chronique. Car, après le boulot tard la nuit, ils veillent devant des bouteilles de boissons alcoolisées dans des terrasses. L'essentiel pour eux étant d'être à l'heure à l'arrêt du bus, pour commencer la nouvelle journée. Souvent, vers 5h30'.

Dans ces conditions, il est bien clair que le receveur n'a plus le contrôle de toutes ses facultés mentales. Ce qui conduit à une mauvaise appréciation de la vitesse des autres véhicules roulant sur les autres bandes parallèles. Avec autant de légèreté, ils demandent parfois au conducteur de s'engager, au moment qu'il ne fallait pas. Moralité, le véhicule poursuivant percute violemment son devancier. Dans les grands carrefours, ce comportement maladroit des "receveurs-rétroviseurs", provoque des collisions, entrainant d'importants dégâts matériels. Des accidents que l'on pouvait pourtant éviter, si le conducteur lui-même avait le regard sur les deux rétroviseurs latéraux.

UNE NEGLIGENCE DES PROPRIETAIRES

Accusés, certains conducteurs interrogés, condamnent leurs patrons. Entendez, les propriétaires de véhicules. "La plupart des patrons se contentent plus de la recette journalière que de l'état du véhicule. D'autres vont jusqu'à résilier le contrat de gré à gré qui les lie à leurs chauffeurs, pour la simple raison que ces derniers leur ont suggéré de remplacer telle pièce ou telle autre. C'est ainsi que pour éviter de rester au chômage, certains conducteurs de véhicules préfèrent ne rien proposer à leurs patrons", déclare sous couvert de l'anonymat, un chauffeur contacté au rond-point Mongo, dans la commune de Matete. De son côté, M. Malonda, receveur d'un taxi bus, pointe du doigt les chauffeurs. "C'est le manque de volonté de nos chauffeurs, parce qu'ils ne manquent pas d'argent pour acheter de rétroviseurs.

Pourtant, ce petit miroir qui lui permet de regarder derrière sans avoir à se retourner, ne coûte pas cher. Ils nous font souffrir, en nous réduisant à leurs rétroviseurs. Certains recourent parfois à des rétroviseurs de fabrication artisanale, plutôt qu'à un rétroviseur normal", regrette ce jeune receveur d'une vingtaine d'années.

De son côté, Josué Tshibola, chauffeur d'un bus, n'entend pas porter la responsabilité mise à leur dos. Il évoque plutôt des raisons liées à la conception même du véhicule. "Tout dépend de l'emplacement du volant. On a moins de problème, quand il s'agit d'un véhicule à volant gauche. Mais, quand il s'agit d'un volant Londres, c'est-à-dire placé à droite, nous éprouvons de sérieuses difficultés, par rapport à notre Code de la route", explique-t-il. Pour sa part, Jean de Dieu Nguamba, propriétaire d'un minibus de marque Mercedes 207, évoque la négligence des automobilistes. "Il s'agit bel et bien de la négligence de la part de nos transporteurs en commun. Ils ne respectent pas le Code de la route". lâche-t-il.