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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Société

A travers la gestion de l'orphelinat « Mission de Marie mère des pauvres », une religieuse au service des pauvres

2014-01-15
15.01.2014 , Kinshasa
Société
2014-01-15
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Nos pas nous ont conduit à la découverte d'un orphelinat qui a tout son sens, en cette période de floraison des orphelinats, dont la plupart poursuivent des motivations plutôt patibulaires comme disons-le, le trafic d'enfants.

« Mission de Marie mère des pauvres » est un orphelinat situé au N°20 de la rue Masala, quartier Mangana, dans la commune de Kimbanseke. Il est dirigé par Sœur Bernadette Pikaziow, une religieuse qui a consacré sa vie au secours des enfants abandonnés, orphelins et ceux en rupture familiale.

L'aventure dans laquelle cette sorte de Mère Theresa s'est lancée après un appel de Dieu a aujourd'hui 4 ans. C'est peu, pourrait-on dire, mais c'est beaucoup, immense, s'il faut considérer ce qu'est cet orphelinat, les différentes péripéties qu'il a traversées, mais surtout les conditions calamiteuses dans lesquelles il évolue.

La sœur Pikaziow est de la race de gens qui osent et qui savent oser. Partie d'absolument rien, en effet, elle n'a pas hésité un seul instant à mettre en œuvre cette recommandation du Seigneur.

Comme six de ses consœurs, Bernadette Pikaziow fait, dans sa congrégation, l'apostolat en prison. Elle s'occupe principalement des parquets de N'djili et de Kinkole. Dans l'exercice de ses fonctions, elle a fait le douloureux constat selon lequel la plupart des mineurs incarcérés retrouvaient la taule quelques temps seulement après leur affranchissement. Elle a ainsi mené une étude sur eux et a réalisé que certains d'entre eux souffraient simplement d'un manque d'encadrement.

C'est alors qu'elle se décidera finalement d'encadrer les jeunes figurant dans les catégories citées ci-haut. Finalement, car cela faisait longtemps qu'elle sentait un appel dans ce sens.

Le premier emplacement de l'orphelinat se trouvait dans la commune de Masina. De là, il a déménagé pour un autre cadre à Kimbanseke avant de s'installer finalement, du moins jusqu'ici, sur l'adresse précitée. Ces différents déménagements s'expliquent par le fait que l'orphelinat est encore locataire, n'ayant pas jusqu'ici les moyens de se doter d'un cadre personnel.

Présentement, « Mission Marie mère des pauvres » encadre 20 enfants, dont 16 garçons et 4 filles. L'âge moyen de ces enfants est de 9 ans. 11 sont scolarisés. Les neuf autres ne le sont pas, disons pas encore, faute de moyens.

Ces enfants sont de diverses origines et chacun a son histoire. Miriam Tshibwabwa, 9 ans, a des tâches de brûlures sur ses deux mains. Elle a également une cicatrice sur la tête, reste d'un violent coup de couteau qu'elle a reçu de son père. Plus émouvant est son dos carrément martyrisé. Le géniteur l'avait couchée sur un matelas sur lequel il avait mis du feu. La famille habitait alors le quartier Bibwa, dans la commune de la Nsele.

« Maman souffrait des nerfs, raconte l'enfant. Elle était presque folle. Deux de mes jeunes frères faisaient de fortes fièvres. Papa voulait les amener à l'hôpital, mais maman s'interposait toujours, prétextant que ces maladies étaient provoquées par moi qui étais donc sorcière. Un jour, n'en pouvant plus, papa se mit à me battre sauvagement, m'exigeant d'avouer ma sorcellerie. Comme je n'arrivais pas à le faire, il me brûla les mains, puis me blessa sur la tête avec un grand couteau avant de me jeter sur un matelas qu'il venait de brûler. Je me suis échappée, courant et criant comme une folle. Papa ne me poursuivit pas. Comme c'était déjà la nuit, j'ai dormi en pleine rue loin de chez nous. Le 4e jour, un papa que je ne connaissais pas m'a ramassée et m'a conduite chez maman Bernadette. Celle-ci m'a fait soigner à l'hôpital et a décidé de me garder jusqu'à ce jour. J'étudie bien et je suis en 2ème année primaire ».

Sœur Bernadette précise que la pauvre fille est chez elle depuis juillet 2012. Elle était arrivée dans un état lamentable. A notre question de savoir si elle ne cherche pas à ramener ces enfants dans leurs familles naturelles, la religieuse répond : « La première démarche lorsque nous recevons un enfant est de rechercher sa famille afin de l'y ramener. Mais jusqu'ici, seuls deux enfants ont pu être récupérés par leurs parents. Les autres n'en veulent plus, les traitant de sorciers ».

D'autres enfants ont perdu toute trace de leurs parents. Chassés alors qu'ils étaient encore trop jeunes, ils ne connaissent même pas leurs adresses. « Nous avions lancé une fois un avis de recherche sur une des chaînes de télé les plus suivies du pays, dit Sœur Bernadette. Les enfants avaient tous été montrés à la télévision, mais nous n'avons reçu aucun écho en retour ». 

Mais tous ne sont pas de présumés sorciers. La plus âgée des enfants, Christelle Kubakana, 17 ans, qui reprend aujourd'hui la 6e année pédagogique, est native du territoire de Masimanimba, dans la province du Bandundu. Ses parents y sont restés. Pour raisons d'études, son oncle paternel l'a amenée vivre avec lui à Kinshasa. Tout allait bien jusqu'à la mort de cet oncle. Quelques mois plus tard, la veuve se déclara incapable de continuer à supporter Christelle.

Désemparée, elle passera quelques mois de chômage, d'où son échec à l'examen d'Etat, cherchant une solution à sa vie jusqu'à être recueillie par Sœur Bernadette. « Sœur Bernadette est vraiment une grâce pour moi, dit-elle. Elle est en contact permanent avec mes parents. Sans elle, j'aurais certainement arrêté mes études et regagné Masimanimba où mes parents sont incapables de me les payer ».

Les enfants vivent dans des conditions déplorables dans ce centre, conditions qui contrastent étonnamment avec l'ambiance qui règne dans cet orphelinat. Les enfants ont formé une véritable famille. On a du mal à croire qu'ils viennent des origines diverses.

Ils dorment sur des matelas à mousse d'une épaisseur négligeable. La maison louée est grande et spacieuse, mais pas du tout meublée. Elle n'est équipée ni de courant électrique ni d'eau courante, et les enfants n'ont pas un seul poste de télévision.

Sœur Bernadette paie le loyer qui coûte 100$ et se débrouille elle-même également, avec ses maigres moyens, pour nourrir ces pauvres petits. Quelques hommes et femmes de bonne volonté lui viennent quand même, de temps en temps, en aide en apportant qui un sac de fufu, qui un sac de farine de maïs. Mais ils sont rares, et n'interviennent que de manière épisodique. « Je fais souvent le pied, dit Sœur Bernadette en souriant, de N'djili où j'habite à ici, afin que l'argent que j'allais dépenser pour le transport me serve à acheter quelques légumes ».

A la question de savoir ce qu'elle comptait faire de ces enfants, Sœur Bernadette dit que son souci est de les ramener dans leurs familles naturelles après leur réinsertion. Mais elle ne se débarrassera pas pour autant de ceux dont les parents ne voudront pas ou de ceux qui ne pourront plus retrouver leurs parents. « De toute façon, poursuit-elle, vous avez pu constater de vous-mêmes combien ils sont heureux de vivre dans leur nouvelle famille ici ».

Comme on l'aura constaté, cette œuvre sociale mérite d'être soutenue. Il ne serait donc pas mal venu de lancer un appel à toutes les personnes de bonne volonté, mais également des différentes autorités, pour qu'elles aient le temps de passer faire un tour à cet orphelinat afin de palper du doigt ses réalités.

« Nous avons plusieurs projets pour les enfants, dont un centre de santé et une école. Mais les moyens, jusqu'ici, font défaut ».


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