Politique
Le compte rendu de la réunion extraordinaire du gouvernement tenue en début de semaine à Goma continue d’être commenté en sens divers au sein de l’opinion nationale. Le volet le plus discuté est celui concernant la mise en œuvre d’une sorte de « Plan Marshall » congolais, lequel prévoit des crédits spéciaux pour la reconstruction de la Province Orientale, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema.
Ainsi, l’exécutif national, après avoir pris connaissance des cahiers de charges des gouverneurs des provinces précitées, a levé l’option de mobiliser en urgence des fonds destinés au financement des travaux de réhabilitation des routes, hôpitaux et écoles… de relance de la production agricole ; des activités économiques et commerciales… des plans de rapatriement et de réinsertion sociale des réfugiés et déplacés internes, de desserte en eau et électricité, etc.
Bref, il est question de mettre à la disposition de ces quatre provinces des moyens financiers conséquents, compte tenu de leur état d’entités sinistrées à la suite des conflits armés conduits par des « forces négatives » internes et externes.
A première vue, l’on serait tenté de croire que les populations de la Province Orientale, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema seraient les seules à avoir payé le prix fort aux guerres imposées à la République, depuis près de deux décennies, par des rébellions et groupes armés nationaux comme étrangers. Mais, lorsque l’on jette un regard dans la rubrique des dépenses ordinaires et extraordinaires du budget national, l’on constate que même les provinces supposées vivre en paix ont supporté l’effort de guerre.
Dans la pratique en effet, plusieurs projets de développement ont dû être gelés de 1996 – année de déclenchement de la rébellion de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) – à 2013, date de la libération du Nord-Kivu des griffes du M23 et de ses parrains rwando-ougandais. A cause de l’insécurité récurrente dans les parties Nord et Est du pays, les recettes publiques générées par des provinces non en guerre connaissaient souvent des coupes sombres pour répondre aux factures de prise en charge des troupes au front, d’achats d’armes et munitions.
Ainsi, des populations des parties Sud, Centre et Ouest de la RDC, sans pour autant être directement traquées par le M23, l’ADF-Nalu, les FDLR, les nébuleuses Mai-Mai et autres forces négatives, étaient durement touchées par les effets collatéraux des conflits armés. Par conséquent, s’il y a un « Plan Marshall » national à activer, celui-ci devrait intégrer les onze provinces « sinistrées » de la République Démocratique du Congo.
Le piège de la balkanisation
Depuis que le Nord et l’Est sont devenus des zones de prédilection des rébellions et groupes armés instrumentalisés par des Etats voisins, l’on ne cesse de décrier l’agenda caché visant la balkanisation de la République Démocratique du Congo. Même si le M23 est militairement « mort », la psychose de l’éclatement du pays en Républiquettes n’a pas quitté les esprits. Aussi beaucoup de compatriotes voient-ils dans le programme spécial de reconstruction de la Province Orientale, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema, une démarche dangereuse, de nature à les arrimer à l’Ouganda, au Rwanda et au Burundi au plan des infrastructures routières, de l’agriculture, du commerce, de l’énergie, de l’éducation, de la santé, de l’emploi.
Car, si les Congolais de Kisangani, Buta, Bunia, Watsa, Mambassa, Beni, Butembo, Rutshuru, Goma, Bukavu, Uvira, Shabunda, Kindu constatent qu’ils ne peuvent plus communiquer ni commercer avec leurs frères et sœurs des provinces de l’Equateur, des deux Kasaï et du Katanga, ils seraient contraints de se tourner vers leurs voisins ougandais, rwandais et burundais.
Avec deux Congo, dont l’un bénéficiaire d’un « Plan Marshall » interne et l’autre abandonné à son triste sort, le résultat logique à attendre serait une balkanisation de fait. D’où, la balkanisation que les Etats belliqueux de l’Est n’ont pu obtenir par les armes, pourrait leur tomber sur le plateau par le biais d’un programme de reconstruction qui n’aura pas tenu compte des réalités internes. Celles-ci indiquent que les provinces présumées « non sinistrées » ont aussi besoin des routes modernes, d’hôpitaux et d’écoles de qualité, d’usines de production d’eau potable et d’électricité, de fermes agro-pastorales, d’industries lourdes et de transformation, d’échanges commerciaux, de structures d’accueil des personnes vulnérables, etc.
Nul n’ignore qu’il se développe dans le corridor Est du continent un « marché commun » regroupant l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, dont l’objectif est de « détacher » économiquement la Province Orientale, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema de Kinshasa ainsi que d’autres provinces de la République. On se rappelle à ce sujet que sous prétexte de préserver et consolider la paix dans la région des Grands Lacs, la Banque Mondiale a promis un financement d’un milliard de dollars pour des projets de développement visant le partage des richesses entre peuples de cette partie de l’Afrique. Mais, au fond, ces projets intégrateurs économiquement risquent de se réaliser au préjudice de certaines provinces de la RDC.
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