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Dix ans après sa dernière victoire dans un tournoi majeur, le golfeur de 42 ans arrive au Masters «pour gagner». Après une longue période de convalescence, ses derniers résultats donnent espoir à ses nombreux fans.
Il y a quelques années, Sean Foley, alors entraîneur de Tiger Woods, fut abordé par une femme qui l’avait reconnu quelque part en Arizona. «Je suis une grande fan de Tiger Woods, lui avait-elle confié sans tarder à révéler sa profession de dentiste. Je n’ai jamais joué au golf de ma vie. Mes enfants sont grands et ont quitté la maison. Je prends neuf semaines de vacances par an. Et je les passe toutes à voyager pour voir jouer Tiger, où qu’il soit.»
En novembre dernier, Doc Rivers, coach de l’équipe de basket des Los Angeles Clippers, a raconté comme il avait tenté, lors d’un match sans enjeu de la saison régulière de NBA — il était alors à la tête des Boston Celtics —, de se faire expulser par l’arbitre après avoir appris, en pleine mi-temps que Tiger Woods était en train d’effectuer une remontée spectaculaire au Masters d’Augusta, en Géorgie. Pas question de rater ça ! Peine perdue. L’officiel resta de marbre devant ses provocations.
Des histoires comme celle-là, reprises dans la presse américaine, sont nombreuses et concernent autant d’anonymes que de célébrités, capables de tout lâcher pour admirer Tiger Woods dans ses œuvres. Et il est certain que si, dimanche, lors du Masters sur le légendaire parcours de l’Augusta National Golf Club, il se retrouvait avec de bonnes chances de pouvoir enfiler la cinquième veste verte de sa carrière à 42 ans, la première depuis 2005, ils seraient encore nombreux à modifier ou à arrêter le cours de leur existence juste pour voir «ça», quel que soit le fuseau horaire.
Charismatique et pathétique
Pourquoi ? Parce que c’est Tiger Woods, le golfeur qui a dominé sa discipline comme aucun autre — pas même Jack Nicklaus — avant lui : 14 titres majeurs entre 1997 et 2008, dont quatre en succession entre juin 2000 et avril 2001. Un champion si parfait, si charismatique et si fragile à la fois : humilié à la face du monde, en 2009, en raison du scandale de ses infidélités conjugales, ou presque pathétique lorsque en 2015, il ne paraissait plus savoir jouer, victime de «yips», ces signes de nervosité qui sont l’infirmité honteuse du golfeur.
A l’aube de ce 82e Masters, il n’y en a d’ailleurs eu que pour lui dans une version 2018 de la résurrection pascale : le retour au premier plan du dieu vivant du golf, pourtant cloué au lit par la douleur en avril 2017, après une quatrième opération au dos depuis mars 2014 — la fusion de deux vertèbres — qui aurait pu mettre fin à son aventure sportive. Et puis le miracle, inespéré. Après un retour amorcé en douceur lors d’une exhibition aux Bahamas, en décembre, le métronome resté 683 semaines à la place de n°1 mondial est redevenu lui-même, ou peu s’en faut, à la faveur de deux tournois en mars : 5e à Orlando et surtout, 2e à Tampa, du jamais vu pour lui depuis août 2013.
Se pose alors une question, soudain obsédante : presque dix ans après sa quatorzième et dernière victoire dans un tournoi du Grand Chelem, Tiger Woods peut-il renouer avec sa légende sur le tracé où elle est née, quand en 1997 il avait enlevé son premier Masters avec une avance de 12 coups ? «Je suis là pour gagner», a balayé l’intéressé, sans l’ombre d’un doute.
Si tel était le cas, ce serait un tremblement de terre, sans doute encore plus puissant que le séisme de 1997 lorsque 43 millions d’Américains — la plus grosse audience de l’histoire du golf — l’avaient admiré écraser la concurrence à Augusta. Son récent accessit à Tampa a déjà permis de mesurer les premières secousses. En dehors du Masters, il n’y avait pas eu autant de téléspectateurs pour une retransmission de golf depuis août 2014. Et grâce à lui, l’affluence du tournoi floridien a bondi de 112 000 à 150 000 spectateurs d’une année sur l’autre.
Absent très présent
En réalité, même quand il n’était pas là à cause de son dos lors des deux saisons 2016 et 2017, l’Américain a continué de planer au-dessus du jeu en raison de son absence et de l’attente qu’elle suscitait. Il suffisait qu’il poste une vidéo d’un coup frappé lors de sa convalescence pour qu’aussitôt la toile s’emballe. Et lorsqu’il rejoignait la rubrique des faits divers, comme en mai 2017, après avoir été arrêté par la police, qui l’avait retrouvé shooté aux médicaments et endormi au volant de sa voiture, il replongeait ses adorateurs dans l’effroi.
Pourtant, le golf a (presque) réussi à vivre sans lui, notamment aux Etats-Unis. Dustin Johnson, 33 ans, Jordan Spieth, 24 ans, Brooks Koepka, 27 ans, Justin Thomas, 24 ans, autant de jeunes champions américains, tous couronnés dans le Grand Chelem depuis 2015, et qui ont prolongé l’immense succès du PGA Tour. Mais comme l’a concédé Justin Thomas, ils savent qu’ils n’évolueront jamais dans la même catégorie que l’idole des clubs. «Si Tiger n’avait pas réalisé tous ses exploits, nous n’aurions pas autant de sponsors et autant d’argent à gagner, a reconnu le jeune prodige. Personne ne fait bouger le curseur comme lui.» Aussi vrai que Stephen Curry n’aura jamais l’impact historique de Michael Jordan, ou que Lionel Messi ne parviendra pas à supplanter Diego Maradona.
«Il suffit de voir comment des légendes comme Wayne Gretzky ou Michael Jordan s’entraînaient et ressentaient les choses, a observé Tiger Woods à Tampa. Mais les gens ne voient pas ça. Je fais moi-même partie de ce groupe d’athlètes capable de pousser son corps et son mental très loin. J’avais besoin de repousser ces limites pour réaliser mon potentiel et atteindre mes objectifs. J’y suis parvenu.» Tiger Woods n’en a pas fini avec son histoire de monstre. «Ça fait probablement sept ou huit ans que je ne me suis pas senti aussi bien», a-t-il prévenu. Chacun le constate. Sur les parquets de basket ou dans les cabinets dentaires.
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