Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
mediacongo
Retour

Afrique

Les cartes anciennes du continent africain présentent des tracés parfois étonnants

2018-03-28
28.03.2018
Science & env.
2018-03-28
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2018_actu/03-mars/19-25/carte_afrique_1554_18_0001.jpg -

La carte de l'Afrique par Sebastian Munster. 1554

On a beau y mettre des guillemets, la notion de «Chinafrique» paraît toujours aussi maladroite. Sans doute le néologisme a-t-il l’avantage de la concision, mais le parallèle qu’il trace entre la diplomatie chinoise et celle des ex-empires coloniaux est plus que fragile. Parler de «Chinafrique» n’est pas seulement réducteur, c’est aussi faire l’impasse sur un pan de l’histoire orientale.

La politique africaine de Pékin ne s’inscrit pas dans la lignée de celle de la Françafrique pour la simple et bonne raison que ses liens avec le continent noir remontent à plusieurs siècles. En 1413, bien avant que la conférence de Bandung ne fasse émerger le tiers-monde dans l’imaginaire collectif, des expéditions furent conduites par l’amiral Zheng He vers la Somalie, le  et Zanzibar.

Longtemps avant que le colonisateur européen n’impose sa loi au Maghreb, les Chinois avaient approché l’extrême-sud du continent. Ils avaient même essayé de le représenter sur le Da Ming Hun Yi Tu, ce gigantesque planisphère du grand Empire Ming qui date de 1389. Une œuvre aujourd’hui considérée comme la plus vieille illustration des pourtours africains.


Le sud de l'Afrique représenté sur Da Ming Hun Yi Tu. 1389

L’Afrique apparaît pourtant dans son entièreté dans des cosmographies arabes et sur des mappemondes européennes du Moyen-Âge. Mais cette entièreté est toute théorique: il s’agit, en fait, de formes abstraites, dont le tracé s’inspire de textes bibliques, antiques, et des impressions de quelques voyageurs. On trouve ainsi dans les carnets de route de Mohammed Abul-Kassem Ibn Hawqal (géographe arabe du Xe siècle) des croquis étonnants.


Une cosmographie du monde par Ibn Hawqal

Les images que possèdent alors Européens et Arabes de l’Afrique sont très floues: «Jusqu’au XVIe siècle, les navigateurs occidentaux ont eu une connaissance très limitée, le plus souvent indirecte, des rivages africains, explique Emmanuelle Vagnon, chargée de recherche au CNRS. Seules les zones tempérées à mi-chemin entre les pôles et l’équateur [étaient] réputées habitables, ni trop chaudes, ni trop froides. Cette conception d’un espace habité limité à l’hémisphère nord conduit la représentation d’une Afrique resserrée au nord de la ceinture équatoriale.»

Au Moyen-Âge, ce qu’on appelle déjà «Afrique» détient pourtant une importance plus grande dans l’imaginaire européen que dans la pensée arabe: «Dans la sphère culturelle latine, on pense le monde en trois parties: l’Europe, l’Asie et l’Afrique», précise Robin Seignobos chercheur à l'Institut des mondes africains.

À l’inverse, «en Orient, on divise le monde en climats. Il en résulte que l’Afrique n’est pas représentée comme un continent à part entière (la notion est d'ailleurs anachronique). Elle est séparée en deux, avec une prédominance donnée au nord, mieux connu, et une tendance à étendre ses parties les plus méridionnales vers l’est, de sorte que la côte est-africaine se retrouve face à l'Inde.»

En dépit de son importance symbolique, l’Afrique est encore tronquée sur les cartes européennes: sur la mappemonde de Hereford —achevée vers 1300— le continent est plus étendu d’est en ouest que du nord au sud. Pourtant, son extension est limitée à l’est par le Nil, qui est considérée comme la frontière entre l’Afrique et l’Asie: au-delà du fleuve, les côtes égyptiennes, soudanaises et leurs prolongements sont intégrées dans le bloc «asiatique» ou «indien».


La Mappemonde d'Hereford, 1300

Vers le XVe siècle, l’évolution scientifique qui précède les expéditions métamorphose les représentations du monde. La géographie dite de Ptolémée permet de faire avancer la thèse d’une réunion des océans Atlantique et Indien au sud de l’Afrique. On doute encore que l’étendue terrestre est entourée d’eau.

En 1459, l’italien Fra Mauro, inspiré par les textes antiques de Solin et Pline mais aussi par les voyageurs modernes, donne un nouveau visage au monde tel qu’on le dessine à l’époque. Ce n’est plus le Nil mais l’océan Indien qui sert de limite à l’Afrique, tant à l’est qu’au sud. La mappemonde qu’il dessine est révolutionnaire. Mais elle n’est encore qu’une représentation parmi tant d’autres.


La mappemonde de Fra Mauro. 1459

Avec les Grandes Découvertes (entre les XVe et XVIIIe siècles), le tracé des côtes se fait plus précis. Les chefs d’expédition baptisent les endroits à l'aide de références chrétiennes, ou moins souvent, en fonction de la toponymie locale. Les espaces hors de portée sont comblés par des savoirs antérieurs imprécis.


Une carte de l'Afrique d'Abraham Ortelius. 1584

Au début du XVIIIe siècle, les cartographes occidentaux admettent les erreurs de certaines sources anciennes. Ils éviteront dorénavant de présager des contours ou des noms d’endroits encore «vierges». Le blanc qui emplit désormais l’intérieur des terres africaines est une marque de modestie autant qu’un péché d’orgueil: cet espace inconnu est voué à être défriché. 

La remise à plat des cartes européennes de l’Afrique culmine avec la conférence de Berlin de 1884 et son découpage au cordeau des frontières africaines. Le colonisateur nomme et situe maintenant les endroits stratégiques, s’appropriant ainsi l'imagerie du continent.

Pourtant les Africains s’étaient représenté depuis longtemps leur territoire et ses limites. Mais «le plus souvent, les cartes ont été tracées sur des supports non pérennes. Ces représentations africaines de l’espace ont dû exister sous une forme ou sous une autre, mais on n’en a guère de trace aujourd’hui», explique Robin Seignobos. Rares sont ceux qui, comme le roi bamoun Njoya (dans l'ouest du Cameroun, 1873-1933), ont transmis un héritage géographique tangible.

La vision du monde s'en est trouvée altérée : «Lorsqu’il a fallu trancher pour utiliser, par exemple, la carte géographique de Gall ou celle de Peter plus proche de la réalité, et corrigeant les erreurs de Mercator, le gouvernement américain a choisi la carte erronée et pour cause: c’est celle qui fait la part belle à l’Occident et endommage les pays non occidentaux, comme l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie», explique Jean-Paul Pougala, directeur de l'Institut d'études géostrégiques de Douala.

Le chercheur camerounais a donc récemment proposé de redessiner la carte de l'Afrique. Encore une fois, le résultat est étonnant.


La carte de l'Afrique proposée par Jean-Paul Pougala

Servan Le Janne
Slate Afrique
C’est vous qui le dites :
8593 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


right
Article suivant Présidentielle en Égypte : troisième et dernier jour de scrutin
left
Article précédent Zambie : le Parlement retarde le débat sur une motion de destitution du président

Les plus commentés

Société Justice : l'ancien vice-ministre des Hydrocarbures condamné à 20 ans de prison

17.04.2024, 14 commentaires

Politique Spéculation autour du rôle de Maman Marthe : « Elle incarne la vision prophétique du parti, UDPS, devant guidé l’action politique du Président de la République. » ( Lisanga Bonganga)

19.04.2024, 14 commentaires

Economie Acquisition de concession arable à Brazza par le Rwanda : une arme de destruction économique aux portes de Kinshasa (Analyse d'André-Alain Atundu)

18.04.2024, 11 commentaires

Politique Noël Tshiani Muadiamvita : ‘‘La Constitution actuelle empêche la RDC d’aller vite vers le développement’’

19.04.2024, 11 commentaires


Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance