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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Kikwit : les déplacés de Kasaï toujours dans des conditions inhumaines

2018-02-19
19.02.2018 , Kikwit, Kwilu
2018-02-19
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2018_actu/02-fevrier/19-25/deplaces_kasai_18_0001.JPG Kikwit, Kwilu-

Des déplacés de Kasaï dans le site ''Simba Mosala'' à Kikwit dans la province de Kwilu

Plus de 20.000 Congolais qui ont fui l’insécurité suite au phénomène Kamwina Nsapu au Kasaï au centre de la République démocratique du Congo (RDC) vivent actuellement dans des conditions inhumaines et précaires à Kikwit dans le sud-ouest du pays. Malgré l’intervention de quelques humanitaires, la situation est quasiment critique. La société civile et les activistes des droits humains s’indignent.

«Nous sommes dans une situation très critique. Nous dormons entassés dans une petite maison à même le sol. Pas de matelas ni de mousses. Ce site nous a été confié par la maman bourgmestre Suzane Kuzatuka de la commune de Kazamba. Un de mes enfants est souffrant. Nous sommes dépourvus de moyens financiers, même pas d’habits…», témoigne Marie Kutamuka, 37 ans, malade, et qui tousse toutes les deux minutes, habillée en noire.

Venue du village Tutanda, à 150 kilomètre de Tshikapa, chef-lieu de la province de Kasaï, Kutamuka affirme qu’elle a perdu son mari : «Les miliciens de Kamwina Nsapu ont coupé la tête de mon mari. J’ai perdu tous mes biens. Lorsque je suis arrivée à Kikwit avec mes trois enfants, j’étais d’abord dans une église avant de venir à ce site», dit-elle, inquiète au site de Kazamba, un de neuf sites où sont hébergés les déplacés de Kasaï.

De son côté, Richard Kawaya, environ 40 ans d’âge, a des jambes brûlées. Il marche difficilement. «Lorsque j’étais devant les miliciens, ils m’ont demandé de choisir entre mourir décapité et brûler les jambes. J’ai choisi qu’on me brûle les jambes pourvu que je sois en vie. C’est pourquoi ils m’on brulé par le feu à l’aide des bois de chauffage.  J’étais creuseur des diamants, mais maintenant je souffre. Les amis ici et moi nous n’avons pas d’aides consistantes. Nous n’avons pas de famille ici. Je dors dans une famille d’accueil», raconte-t-il.

Il déclare avoir vu les miliciens décapiter, à Sumbula, proche d’Angola, six personnes devant lui. Ces six personnes étaient des creuseurs des diamants comme lui. «Après avoir tuer ces six personnes, ils m’ont obligé de ramasser toutes leurs têtes et les mettre dans leurs sacs. J’ai exécuté leur commandement. A Kikwit nous mangeons difficilement, pourtant c’était différent là où nous étions», ajoute-t-il.

Musangu Mado est une fille mineure. Elle a 17 ans, des habits sales. En provenance de Bamimanga, à la frontière avec l’Angola,  elle  a déjà totalisé une semaine et cinq jours à Kikwit.  «Je n’ai pas eu des jetons que donnaient la Croix rouge et la structure ADESSE pour avoir les repas. Je suis vraiment affamée avec mon enfant. Je cherche l’argent pour manger et me vêtir. Je me débrouille aussi pour dormir», témoigne-t-elle en précisant qu’elle est orpheline de père et que son mari a fui en Angola.

«J’ai quitté Tshimvunde jusqu’à Tshikapa, 75 km,   à pied. Les miliciens de Kamwina Nsapu avaient placé leur base à Tshinota, village séparé de Tshimvunde par la rivière de Kamonia. C’est à Tshinota où ils ont tué plusieurs dizaines de gens. J’ai fui en cascade avec mes enfants, car les miliciens m’ont menacé de mort par trois SMS dans mon téléphone portable. A Kikwit c’est une souffrance à grande échelle. Que le gouvernement central et des partenaires internationaux viennent à notre secours», déclare Anicet Mudikishi, pasteur du Centre d’évangélisation et d’éducation chrétienne de Tshimvunde.

Selon lui, les miliciens de Kamwina Nsapu avaient des bandes rouges à la tête, des tissus rouges, pieds nus, des machettes et couteaux en mains et buvaient le sans humain.

Chantal Watusila, 42 ans, est au site de Kanzombi qui héberge plus de 3000 déplacés. Ce site est difficile d’accès par véhicule. Se rappelant son mari décapité à   Kasanzo toujours au Kasai, elle a des larmes aux yeux.

«Ils ont tué mon mari en ma présence. C’est pourquoi j’ai fui. Je n’ai ni argent, ni habit. Beaucoup de gens sont morts en cours de route. C’est grâce à la maman Kafuti Musinga, chef de ce site de Kanzombi, que nous vivons. Faute de place, nous dormons dehors, d’autres dans des familles d’accueil, d’autres encore dans des églises», témoigne-telle.

Kutamuka, Kawaya, Musangu, Mudikishi et Watusila sont parmi les déplacés de Kasaï qui sont arrivés à Kikwit depuis quelques mois. Parmi eux des femmes enceintes, des malades, des enfants, des orphelins…

La plupart de ceux qui ont été interrogés affirment qu’ils viennent des villages comme Tshimvunde, Kamonia, Tshinota, Kandjazi, Mai-Munene, Kasanzo, Sumbula, Djiboko, Camp Mabanzi, Kambungu, Kamako, Mayanda, Mwakapanga, Mvulamilenge, Tankala, Mayimbi, Biponga, Tutanda, Katoka etc.

«Ils sont plus de 10.000 actuellement dans la ville. Il y a un danger dans la mesure où nos frères et sœurs qui ont fui l’insécurité souffrent terriblement. L’assistance n’est pas consistante. Le gouvernement central n’a pas encore réagi. Nous lançons un SOS pour que des partenaires tant nationaux qu’internationaux interviennent», déclare Léonard Mutangu, maire de Kikwit et président de la Commission urbaine des urgences (CUU), une structure mise en place par la ville pour assister ces déplacés et d’autres cas d’urgences.

Il a également fait savoir qu’il y a cinq centres hospitaliers qui ont été choisis par la CUU pour soigner les déplacés malades. «Il y a une dette de 5000.000 des Francs congolais (3.300 dollars) pour des soins déjà administrés. Ces centres risquent de tomber en faillite. Les médicaments ne sont pas suffisants», dit-il.

«Il y a des problèmes d’infections hautes et d’infections basses. Il y a aussi le problème de kwashiorkor, de diabète, de tuberculose, de grossesses, des vers intestinaux etc. Mais sommes dépourvus des moyens financiers pour une meilleure prise en charge des déplacés malades», indique le Dr Jean Paul Namwisi, un des médecins traitants des déplacés.

Il affirme que des équipes d’infirmiers envoyés par des zones de santé font aussi des dépistages volontaires pour le Sida.

Suzane Kuzatuka, bourgmestre de la commune de Kazamba, chargée d’accueil et de sensibilisation à la CUU, est la première à recevoir et à héberger ces déplacés.

«Le mouvement vers Kikwit avait commencé au mois de février 2017. J’avais reçu des familles et des pasteurs que j’ai aidés à atteindre Kinshasa, la capitale de la RDC et d’autres coins de la province du Kwilu. Mais au mois d’avril et de mai il y a eu pléthore. Et les déplacés continuent toujours à venir. C’est grâce aux journalistes des droits humains que l’information est allée loin et qu’il y a quelques aides qui arrivent, bien qu’insuffisantes», déclare-t-elle.

Des secours sporadiques

Face à cette situation, il y a la Croix Rouge qui accorde la restauration. «Nous donnons 120 calories par personne et par jour. Ce sont des haricots, des foufous, des légumes et consorts. Nous appelons cela ‘’Repas chauds’’», indique Violette Lakulu, déléguée de la Croix Rouge de la RDC à Kikwit pour l’assistance aux déplacés.

Selon elle, la Croix Rouge a des fournisseurs qui donnent des vivres. Ce sont les déplacés eux-mêmes qui préparent sous la supervision des volontaires de la Croix Rouge qui expliquent des notions d’hygiène pour éviter des maladies des mains sales.

Avant la Croix Rouge, c’était l’Association pour le développement social et la sauvegarde de l’environnement (ADESSE), une ONG socio-humanitaire, partenaires du Haut commissariat aux refuges qui donnait des repas. Elle le fait dans plusieurs autres coins de la province du Kwilu.

L’UNICEF, de son côté, a confié des savons. Cette structure onusienne accepte de construire des toilettes dans des sites et de réaliser d’autres actions dans l’avenir. La nouvelle a été connue lors de la réunion de la CUU du 23 août dernier.

La Caritas du diocèse de Kikwit s’adonne aussi à mobiliser des dons dans des églises locales. Reste à savoir si elle y parviendra.

«Ces actions sporadiques ne suffisent pas à satisfaire plus de 10.000 déplacés. Ce sera limité un jour. Nos frères et sœurs ne sont pas prêts à retourner au Kasaï. Ils ont encore des traumatismes. Il y a aussi le défi de la scolarisation   de plus de 4000 enfants des déplacé. Il faut alors des solutions durables», indique le maire Mutangu.

«Le nombre de déplacés internes en République démocratique du Congo (RDC) a doublé en six mois, de deux à quatre millions à la suite notamment des violences dans le Kasaï et des conflits entre Pygmées et Bantous dans le sud-est», a déclaré samedi dernier Okoth-Obbo,  le numéro 2 du Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

«Par ailleurs, quelque 33.000 Congolais se sont réfugiés en Angola pour fuir des violences. Les conditions aujourd’hui au Kasaï sont telle qu’on ne peut pas encourager ou promouvoir le retour des refuges», a-t-il indiqué.

Les violences dans le Kasaï a causé la mort de plus de 3000 personnes et deux experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan, selon la Conférence épiscopale nationale du Congo.

L’indignation de la société civile et des activistes des droits humains

«Ce n’est pas possible que de telles situations arrivent au Kasaï. Le gouvernement central doit prendre au sérieux la souffrance de tous les déplacés et réfugiés. Cette situation ne favorise pas le développement du pays», déclare Arsène Ngondo, président de la société civile au Kwilu sud.

Quant à lui, maître Davin Nzwanga, juriste à Kikwit et activiste des droits humains au sein de Amis de Nelson Mandela, une ONG de défense et de la promotion des droits de l’Homme en RDC, ne mâche pas ses mots : «Les miliciens de Kamwina Nsapu ont commis des infractions de torture, d’assassinat, de viol sur les femmes. Ils doivent répondre de leurs actes devant la justice»

«Tous les déplacés ont droit à une vie décente, droit à l’intégrité physique, droit à la nourriture etc., car la vie de l’homme est sacrée. La Constitution du pays et la Déclaration universelle des droits de l’Homme garantissent tous ces droits», ajoute-t-il.

«Des nouvelles continuent à arriver des affrontements armés sanguinaires dans les provinces des Kasaï, en République démocratique du Congo, combats qui entraînent des victimes et des personnes déplacées et qui touchent aussi des personnes et des biens de l'Eglise», avait déploré, en avril dernier, le pape François, à l'issue d'une messe en plein air à Carpi, ville touchée en 2012 par des séismes destructeurs

Selon les témoignages reçus auprès des déplacés, la perquisition du domicile de Jean-Prince Mpandi dans le village de Kamuina Nsapu,  en août dernier, marque le début d’un conflit ouvert entre ce chef coutumier et les autorités. Jean-Prince Mpandi accuse les forces de sécurité d’avoir violé sa femme et profané ses attributs de pouvoir. Les autorités congolaises démentent et accusent en retour Kamuina Nsapu de créer une milice.

En juillet dernier, le président Joseph Kabila Kabange, président de la République, est passé par Kikwit pour aller au Kasaï. Il n’avait fait aucune déclaration concernant les déplacés ou autres choses.

Badylon Kawanda Bakiman / Correspondant de Kikwit
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