Politique
Des organisations de la société civile ont demandé qu’il soit ouvert des enquêtes sur les violences dans les Kasaï et les Kivu et sur la répression des manifestations publiques ces derniers mois.
Les violences au Kasaï, avec tout ce qui s’en est suivi comme des tueries à la chaîne, ne resteront pas impunies. Cet épisode macabre est loin d’être oublié par les habitants de cette région dont plusieurs ont perdu des proches sans la perspective de la moindre réparation comme c'est souvent le cas dans ce genre de dossiers. « Des morts pour rien », aurait-on dit. Des organisations telles que Le Congolais debout, Lucha, Filimbi et FIDH refusent, quant à elles, de se résigner face à une telle situation et entendent actionner tous les mécanismes de droit pouvant conduire à l'interpellation des auteurs de ces tueries du Kasaï.
C’est ici qu’il faut comprendre le sens de la démarche conjointe amorcée ce week-end auprès de la représentation de la Cour pénale internationale (CPI) à Kinshasa. Les animateurs de ces ONG ont, en effet, sollicité de cette juridiction internationale l’ouverture des enquêtes sur les violences dans les Kasaï mais aussi dans les Kivu sans oublier la répression des manifestations publiques ces derniers mois tant à Kinshasa que dans l’arrière-pays. « La gravité des faits allégués constitue un fondement raisonnable pour permettre à votre bureau d’entamer des investigations préliminaires dans le but d’interpeller les autorités congolaises et particulièrement le président Kabila sur l’éventualité de la mise en cause de leur responsabilité pénale, ainsi d’initier toute autre mesure que vous jugeriez nécessaire et appropriée pour la protection des victimes », ont-ils écrit.
Les responsables des organisations signataires de ce mémorandum ont reçu un accueil favorable de la part des services de la CPI commis à la réception de ce genre de documents, inscrits au registre des communications du Bureau. Mark Dillon, chef de l’Unité des informations et des éléments de preuve au Bureau du procureur, a rassuré quant au traitement en urgence à réserver aux informations émanant de ces trois ONG. Lesquelles, a-t-il déclaré, « recevront toute l’attention voulue ». Il a promis une réponse écrite de la décision qui aura été prise à ce sujet, ainsi que les motivations qui la justifient.
Ceci est une pression supplémentaire exercée sur les autorités congolaises compte tenu des atermoiements constatés, notamment dans le déroulement des enquêtes initiées par la justice congolaise par rapport à tous ces faits macabres dont on est encore loin de connaître les tenants et les aboutissants. Déjà en mars 2017, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait tiré la sonnette d’alarme, disant qu’elle surveillait avec une « extrême vigilance » la situation sur toute l’étendue du territoire de la RDC, la qualifiant de « violence grave ».
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