Monde
Malgré sa condamnation en appel à 12 ans et 1 mois de prison pour corruption et blanchissement, l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, a annoncé, à la sortie du tribunal, vouloir se présenter à la prochaine élection présidentielle d'octobre, dont il est, étrangement, le grand favori.
« Maintenant je veux être candidat à la présidence », a déclaré Lula après la confirmation en appel de sa peine de prison pour corruption, en rejoignant une manifestation de ses partisans à Sao Paulo (sud-est), la plus grande ville du pays.
Quelques heures plus tôt, trois juges de la Cour d'Appel de Porto Alegre ont reconnu à l'unanimité la culpabilité de l'icône de la gauche, dont la peine a été alourdie à 12 ans et un mois de prison, contre neuf ans et six mois en première instance.
L'ex-président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, 72 ans, avait averti qu'il se battrait jusqu'au bout et quelle que soit la décision des juges pour être éligible à la prochaine élection d'octobre, dont il est le grand favori.
Vêtu d'un t-shirt noir, Lula a affirmé lors de la manifestation n'avoir « jamais nourri d'illusion » sur l'issue du procès. « Lula est sur le banc des accusés, mais c'est le peuple brésilien qui a été condamné », a-t-il ajouté.
« Mandela a été en prison, mais il en est sorti pour devenir président de l'Afrique du Sud », a rappelé l'ancien ouvrier métallurgiste.
Les marchés ont accueilli avec euphorie la confirmation de la condamnation de l'ex-président pour corruption passive et blanchiment d'argent, la Bourse de Sao Paulo clôturant sur une hausse de 3,72% et un record historique de 83.680 points.
De nombreux recours étant encore possibles, une inéligibilité de Lula pourrait ne pas être établie avant des mois de bataille juridique, alors même que cette élection semble la plus incertaine depuis le retour du Brésil à la démocratie en 1985.
Le fait que la décision ait été prise à l'unanimité limite toutefois ses possibilités de recours et pourrait accélérer la procédure. « Il s'agit de la pire décision possible pour Lula », a estimé Eurasia group.
Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT), fondé par Lula, a déploré dans un communiqué une « mascarade judiciaire ». « Nous allons défendre la démocratie dans toutes les instances judiciaires et surtout dans la rue », a-t-elle affirmé.
« Nous sommes dans la rue parce que nous défendons Lula bec et ongles, pour nous c'est le meilleur président du Brésil », a affirmé à l'AFP Albingo Barzi, qui manifestait sur la Place de la République, en centre-ville.
Bien qu'extrêmement populaire dans les régions pauvres grâce aux programmes sociaux engagés au cours de ses deux mandats (2003-2010), Lula est aussi cordialement détesté par une partie des Brésiliens, certains ayant manifesté mercredi à Porto Alegre, mais aussi à Sao Paulo et Rio de Janeiro.
« Lula pense qu'on ne peut pas enquêter sur lui? Il se prend pour Dieu », a déclaré à l'AFP-TV Francini Rana, une manifestante à Sao Paulo. « Il faut qu'il aille en prison, il doit être condamné ».
Lula est accusé d'avoir reçu un triplex en bord de mer du groupe de bâtiment OAS en échange de l'attribution de marchés publics de Petrobras pendant sa présidence.
Le juge Grebran Neto, premier à voter lors du jugement en appel, a affirmé qu'« il exist(ait) des preuves au-delà de tout doute raisonnable » que « ce triplex était réservé au président Lula ».
« L'ex-président était un des principaux artisans, sinon le principal, d'un vaste réseau de corruption (...) qui a fragilisé non seulement le fonctionnement de Petrobras, mais de tout le processus politique du Brésil », a-t-il asséné.
L'avocat de Lula, Cristiano Zanin Martins, avait auparavant affirmé que le triplex au coeur de la procédure « n'appart(enait) pas à Lula » mais à OAS et que l'icône de la gauche « n'en a jamais reçu les clés et n'y a jamais passé une nuit ».
Ses partisans ont également relevé que la justice brésilienne avait fait montre d'une célérité inhabituelle dans la procédure visant Lula et que les preuves contre lui, qui reposent sur une délation, étaient minces.
Mais les déboires de l'ex-président avec la justice sont loin de s'arrêter à l'affaire du triplex: il est aussi visé par huit autres procédures, six déjà en cours et deux mises en accusation à venir.
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