Société
« Les martyrs de l’indépendance rappellent les morts d’aujourd’hui qui ont subi les brutalités policières pour avoir répondu à l’appel du comité laïc ». Déclaration courte mais explicite, jeudi 4 janvier, du cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa.
Il célébrait une messe pour la Journée nationale des martyrs, en hommage à l’origine aux manifestants tués en 1959 dans leur lutte pour l’indépendance du pays, mais qui a pris une tonalité particulière cette année, quatre jours après les manifestations réprimées du 31 décembre.
La police congolaise assure qu’aucun manifestant n’a été tué ce jour-là, une version contestée par l’église et les proches des défunts. Certains ont assisté à la messe jeudi. Des familles qui se sentent abandonnées, et même entravées dans leur deuil et dans les démarches pour faire enterrer les leurs.
Il a les traits tirés et tient une photo de son neveu grand format, plastifiée, dans les mains. Depuis 4 jours, Me Tychique Fataki, oncle d’un père de famille décédé dimanche, se débat dans de coûteuses démarches pour lui offrir une sépulture.
Pour lui, cette messe est une consolation. « Juste après ces évènements malheureux, dit-il, nous, on s’attendait à une prise de conscience de la part des autorités (…) par exemple concernant la prise en charge des obsèques. Mais voilà que nous sommes abandonnés à notre propre sort. »
Ce jeudi, le corps de son neveu a pu être embaumé. Mais ce n’est pas le cas pour tous. Richard Ibanda, qui a perdu son oncle dimanche à Kinshasa, assure que cela lui a été refusé : « C’était mercredi, nous sommes arrivés à la morgue, nous avons rempli tous les papiers pour embaumer le corps. On nous a demandé 190 000 francs cfa mais nous n’avions que 150 000 à donner. Finalement on a pu terminer les formalités et à ce moment-là, des agents de la sécurité sont arrivés pour nous dire que nous n’avions pas le droit de toucher au corps. »
Une situation qui révolte Me Jean-Pierre Okita, avocat et voisin de la famille. Il les appuie dans leurs démarches. « On nous refuse le droit ! Quand quelqu’un décède, on doit l’embaumer, et quand on refuse cela, ça va au-delà de nos entendements. » L’explication donnée ? « Leurs chefs sont venus pour donner des instructions formelles, qu’on ne touche pas à ces corps, comme ce corps qui a été fusillé. »
Jeudi soir la ministre des Droits humains n’était pas en mesure de confirmer ces informations, mais promettait de dépêcher son directeur de cabinet sur place ce vendredi pour débloquer la situation.
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