Provinces
Qui sont les responsables des massacres à répétition qui endeuillent le territoire de Béni, dans l'est de la République démocratique du Congo ? La question ressurgit une fois de plus après la mort, jeudi 7 décembre, de 14 casques bleus tanzaniens à Semuliki, la pire attaque jamais subie par une force de l'ONU.
Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de maintien de la paix de l'Onu dit « présumer » qu'il s'agit des ADF, le groupe rebelle islamiste ougandais, sans pouvoir le confirmer. Au sein de la société civile, certains émettent des doutes.
Rwangoma, un quartier de la ville de Béni, a été frappé par un massacre qui a coûté la vie à une cinquantaine de personnes, dans la nuit du 13 au 14 août 2016. Ici, le mystère qui persiste autour de ces attaques pèse lourd sur les esprits.
Génango Katondola, la cinquantaine, a perdu un neveu dans ces violences. Elle raconte l’arrivée des bandits, qui les ont « brutalisés, pourchassés avec des machettes, voire même des haches » et se souvient de la mort d’autres familles.
Un an et demi plus tard elle souffre de ne toujours pas comprendre ce qui s'est passé ce jour-là, de ne pas savoir si elle doit accuser les ADF ou d'autres personnes. « On sait pourquoi on meurt, on ne sait pas vraiment qui nous tue. Un jour je voudrais savoir qui a réellement tué mon enfant. »
« Grand mystère »
Au pied de chez Génango, la route qui mène vers le parc des Virunga, réputé pour ses groupes armés. Tout autour, des maisons sont vides, abandonnées. Richard Kakule, le chef du quartier, rappelle qu’elles étaient auparavant habitées. Mais « malheureusement, les gens ont peur. Ils ont pris la fuite et ne sont plus rentrés ». Comme Génango, il déplore le « grand mystère » l'absence d'informations sur l'origine des attaques
Kenza Paluku fait partie de ceux qui avaient fui. Il est revenu il y a un peu moins de six mois, mais tant que le mystère ne sera pas levé sur le massacre, pas question de se risquer à aller cultiver son champ. Lui qui travaillait comme cultivateur « là où les ennemis sont arrivés » a à présent « peur d'y aller et de les trouver encore là-bas ».
Aujourd’hui, Kenza Paluku n'a plus les moyens de payer l'école pour ses six enfants. Il réclame une enquête internationale.
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