Femme
Les audiences ont repris ce 27 novembre 2017 devant la Commission d'enquête sur les femmes autochtones du Canada, avec une cascade de témoignages déchirants. Disparitions d'enfants, pédophilie, mystérieux décès à l'hôpital, déportations... Des décennies plus tard, les plaies sont encore à vif pour les familles qui racontent.
Le "silence a assez duré"
Un montage de plusieurs petites photos portraits de femmes et filles autochtones disparues. (© Radio-Canada)
Le "silence a assez duré", a déclaré avec émotion la commissaire Michèle Audette, elle-même issue d'une famille métissée, et présidente de Femmes autochtones du Québec, au terme des récits livrés par des familles ce 28 novembre 2017. "Qu'on parle de violence de la part d'une institution religieuse ou de la façon dont est traité un enfant autochtone comparativement à un enfant blanc, on ne peut guérir votre souffrance, mais on veut et on peut marcher à vos côtés pour que ça change", a-t-elle adressé aux familles.
"Cette enquête-là a aussi un pouvoir de guérison. Quand le monde est loin, loin, loin, on les oublie souvent. Aujourd'hui, c'est votre moment", a-t-elle expliqué, soulignant le rôle avant tout réparateur de l'enquête.
Réparation, reconnaisance
L'enquête fédérale espère faire la lumière sur les causes systémiques menant à la violence contre les femmes autochtones. L'exercice permettra aussi aux familles de trouver des réponses à des questions qui les renvoient à des épisodes très sombres de leur histoire. Qu'est-il arrivé, par exemple, aux neuf enfants de Pakuashipi en très bas âge, morts après avoir été évacués en hélicoptère de la communauté isolée sans leurs parents ? "Le personnel de la santé te faisait sentir que tu ne pouvais pas les accompagner", relate Agnès Poker, qui a vu partir deux de ses enfants et ne les a jamais revus.
Si elle n'a pas pour vocation première de faire condamner les responsables et d'obtenir des compensations financières pour les victimes, la commission d'enquête a le pouvoir d'en appeler aux institutions fédérales et québécoises impliquées pour, enfin, révéler la vérité sur les morts et les disparitions.
Agressions sexuelles
Les nouvelles audiences de la commission ont aussi scellé la fin d'un mythe, celui du père Alexis Joveneau, missionnaire en Basse-Côte-Nord jusqu'à sa mort, en 1992. D'origine belge, il arrive dès les années 1950 au Canada et s'implique auprès des communautés innues isolées pour les accompagner dans le processus de sédentarisation. Il apprend leur langue, fait construire des écoles, des chapelles... Mais il participe aussi aux "déménagements forcés" imposés par les autorités, et sanctionne les récalcitrants.
Et il profite de l'aura que lui vaut son investissement auprès des autochtones pour abuser de son pouvoir : pendant des décennies, le père Joveneau aurait abusé sexuellement des membres des communautés. Femmes, fillettes, mais aussi jeunes garçons... Aujourd'hui, les allégations d'agression et de maltraitance se succèdent devant la commission.
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Pour mettre fin à la violence faite aux femmes autochtones, il faut une vraie volonté politique