Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 05 mars 2024
mediacongo
Retour

Economie

Débat sur le Budget 2015, Gilbert Kiakwama : « La croissance congolaise est avant tout la croissance katangaise »

2014-10-16
16.10.2014 , Kinshasa
Economie
2014-10-16
Ajouter aux favoris
Mention spéciale au gouverneur du Katanga dans son combat pour donner de la valeur ajoutée au cuivre 

Du haut de sa longue expérience dans la gestion des affaires de l’Etat et de sa connaissance du pays, le député Gilbert Kiakwama est formel : « La croissance congolaise est avant tout la croissance katangaise ». Fort de son honnêteté intellectuel et de son indépendance d’esprit, l’élu de Mbanza-Ngungu assène une autre vérité.

A savoir que le gouverneur du Katanga s’est longtemps battu pour que le cuivre extrait du sol katangais ait un minimum de valeur ajoutée. Un combat noble et salutaire que Moïse Katumbi ne saurait faire aboutir seul, car il n’est que gouverneur de province. C’est donc un Kiakwama toujours égal à lui-même, qui s’est exprimé à l’occasion du débat général sur le projet de la loi de finances.

Dans les travées de l’hémicycle, le député Gilbert Kiakwama est connu pour sa pertinence. Chaque fois que cet élu (deux fois) de Mbanza Ngungu prend la parole du haut de la tribune, c’est qu’il a vraiment des choses à dire. Il en a été une fois de plus le cas le lundi 13 octobre à l’occasion du débat général sur le projet de budget 2015.

Concernant la croissance mise en exergue par le Gouvernement, le démocrate chrétien Kiakwama a relevé que « la croissance est avant tout la croissance katangaise ». Le Katanga, souligne l’élu de Mbanza-Ngungu, représente à lui seul environ deux tiers de notre croissance économique de dix dernières années. Parmi les causes de cette embellie, Gilbert Kiakwama épingle la remontée des cours des matières premières dont le cuivre et le cobalt. Il a attribué aussi cette croissance au doublement de la production par rapport aux années Gécamines du fait de certains projets miniers.

Le député Kiakwama regrette cependant que cette croissance ne puisse avoir d’impact sur le vécu quotidien du Congolais. D’abord parce que « la plupart de ces projets bénéficient d’exonérations fiscales anormalement élevées » . Ensuite, à cause du fait que « les postes à forte rémunération sont pour la plupart occupées par des expatriés ». Autres raisons majeures évoquées, c’est le fait que « les produits extraits de notre sous-sol sont exportés bruts, sans transformation dans laquelle réside pourtant la valeur ajoutée ».

A ce sujet, le député Kiakwama reconnaît que le gouverneur du Katanga Moïse Katumbi s’est longtemps battu pour que les entreprises qui extraient le cuivre arrivent au moins au niveau de la cathode. Question de permettre au pays d’écouler le cuivre avec un minimum de valeur ajoutée. Comme c’est le cas en Zambie. Mais, malheureusement note Gilbert Kiakwama, Moise Katumbi n’est que gouverneur de province.

INTERVENTION DE L’HONORABLE GILBERT KIAKWAMA KIA KIZIKI

Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Membres du Bureau, Honorables Députés,
Chers Collègues, Excellences, Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Je ne dispose que de 10 minutes, pour faire part de mon opinion et de mes analyses sur le Projet de Loi de Finances de l’Exercice 2015. Or le budget est l’instrument essentiel de mise en œuvre de la politique du gouvernement. Lorsque l’on débat sur la loi de finances, on débat sur la politique du gouvernement, sur les moyens qu’il se donne de la mettre en œuvre, et sur la manière dont il utilise ces moyens.

Malheureusement en 10 minutes on n’a pas le temps d’être nuancé et précis. Je demande donc votre indulgence à tous si je brosse le portrait à gros traits.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Après le Président Kabila, la démocratie et l’accès au pouvoir par les urnes seront les références du discours et de l’action politique au Congo. Plus personne ne pourra être légitime à la tête de notre pays s’il ne passe pas par les élections et s’il ne prétend pas travailler à la perpétuation de la démocratie ou à son amélioration.

Bien entendu, le futur président pourrait donner aux notions d’élections, et de démocratie, sa définition très personnelle et biaisée, mais au moins, il fera référence à ces deux concepts. C’est une avancée importante pour un pays comme le nôtre.

Il en va de même pour vous, Monsieur le Premier Ministre. Après vous, plus aucun Premier Ministre dans notre pays ne pourra exercer sa charge sans faire référence constante aux notions de Croissance, d’Emergence et de Modernité.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, vous avez suscité dans notre pays une des plus fortes croissances du monde moderne. Vous avez bâti dans notre pays des services, et une résidence, du Premier Ministre d’une très grande beauté et d’une très grande modernité. Vous avez mis en service une entreprise de transport en commun. Vous êtes en train de bâtir un Hôtel du Gouvernement, avec ses services annexes. Deux unités nautiques sur le Fleuve Congo… Boulevard Lumumba, avec viaduc au niveau du Pont Matete. Nouveaux Terminal et Tour de contrôle de l’aéroport de N’djili. Prix Unesco de l’Enseignement, pour avoir construit plus ou moins 200 ou 300 écoles sur 1000 que vous avez projetés (le programme est en cours). L’Hôpital du Cinquantenaire, la Bancarisation de la paie des fonctionnaires…

Pardonnez-moi de citer pêle-mêle, pardonnez-moi si j’en passe certaines… Je n’ai que dix minutes. Mais enfin je ne m’inquiète pas, vos œuvres sont là, visibles et appréciables par tous. Chacun pourra me compléter en son fort intérieur.

Bien entendu Monsieur le Premier Ministre, tout ceci, vous l’avez fait, avec votre gouvernement, et votre Majorité présidentielle, pour, je cite : « matérialiser la vision de la modernité du Chef de l’Etat ». Sur ses instructions et sous son impulsion.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, souvenez-vous, je vous le disais lors de votre investiture il y a deux ans et demi ; le Président de la République et vous, avez pris pleinement le pouvoir. Il n’est plus question de gouvernement parallèle, ni de 15 collaborateurs compétents à trouver. Tout va selon vos deux volontés. Toutes les réussites que j’ai énumérées plus haut doivent vous être attribuées à tous les deux. Et aussi toutes les réussites que je n’ai pas eu le temps de citer. Bien.

Je viens donc à cette tribune pour poser la question suivante : Qui porte la responsabilité des retards, des insuffisances et des échecs ? Sous quel haut patronage assiste-t-on à l’absence de réformes structurelles, de réformes de fond, qui permettraient à notre économie et à notre pays d’enfin décoller ?

Excellence Monsieur le Premier Ministre, votre gouvernement ne cesse de dire qu’il œuvre, avec succès, à l’émergence de la classe moyenne congolaise. Et pourtant en 2 ans et demi, plus de 600 boulangeries ont fermé à travers la ville de Kinshasa, parce que vous avez laissé une seule entreprise installer la plus grande ligne de production industrielle de pain en Afrique, si pas dans le monde ! En plus des boulangeries, les importateurs d’intrants de boulangerie ferment les uns après les autres.

Le réseau de distribution de cette entreprise boulangère se déploie en contravention avec la loi congolaise. Après les boulangeries, les employés, les propriétaires de ces boulangeries, ce sont les mamans distributrices qui sont en train de disparaître parce que ce mammouth vend maintenant le pain à l’unité. Ces milliers de personnes sont « soutiens de familles » pour des centaines de milliers de dépendants. Je parle de compatriotes congolais, de la classe populaire et de la classe moyenne, existante et à venir. Cette entreprise de boulangerie se déploie maintenant impunément dans les provinces du Bas-Congo et du Bandundu. Elle cause impunément les mêmes dégâts ; les boulangeries commencent à fermer.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, votre gouvernement ne cesse de parler de la formidable croissance économique. Loin de moi l’idée de contester son existence, ou son ampleur, ou même son caractère inédit. Mais voici : A vrai dire, la croissance congolaise est avant tout la croissance katangaise.

Le Katanga représente à lui seul environ 2/3 de notre croissance économique des 10 dernières années. Les Causes ?

1. La remontée des cours de matières premières, dont le cuivre et le cobalt principalement et
2. Certains projets miniers, passés en phase de production (nous avons d’ailleurs doublé la production par rapport aux années Gécamines).

Malheureusement, cette croissance ne peut pas avoir d’impact car :

  1. La plupart de ces projets bénéficient d’exonérations fiscales anormalement élevées,
  2. Les postes à forte rémunération (emplois qualifiés, d’encadrement et de direction) sont pour la plupart occupés par des expatriés,
  3. La grande majorité de la chaîne de valeurs, représentée par les entreprises de sous-traitance et fournisseurs de produits et services, est cédée a des entreprises étrangères
  4. Les produits extraits de notre sous-sol sont exportés bruts, sans transformation, dans laquelle réside pourtant la valeur ajoutée. Tout bon technocrate devrait le savoir. Le gouverneur du Katanga, lui, le sait. Il s’est longtemps battu pour que les entreprises qui extraient le cuivre arrivent au minimum au niveau de la cathode. Mais Moïse Katumbi n’est que gouverneur de province.

Conséquence de tout cela ? Cette croissance, dont l’origine est principalement exogène, non-organique, accentue l’extraversion de notre économie et ne profite ni au Congo ni aux Congolais.

M. le Premier Ministre, l’Etat zambien voisin, dont les miniers produisent eux aussi de la cathode, tire d’une tonne de cuivre produite environ 2.200 dollars. Le Congo 800. En Zambie, le Ministre des Mines ne demande pas aux entreprises de payer 2 fois. Au Congo, si. Même copier simplement, nous ne savons pas faire.

Par ailleurs, ça fait 10 ans que le secteur minier tire la croissance de notre pays, au Katanga, aux Kivu, en Province Orientale. Il est anormal qu’après 10 ans notre gouvernement n’ait pas mis en place une école des mines digne de ce nom, ni une école de géologie, ni même un centre de formation aux métiers de mine. Dans notre pays si moderne, même les conducteurs d’engin viennent de l’étranger. Ça fait 10 ans que c’est comme ça, et pas de changement annoncé à l’horizon.

Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Membres du Bureau, Honorables Députés,

Chers Collègues, Excellences, Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Il ne me reste que peu de temps malheureusement.

J’aurais aimé pouvoir développer le même genre d’analyse sur au moins 8 autres sujets importants :

  • La bancarisation mal conçue et très mal mise en œuvre et qui génère un coulage de plusieurs millions de dollars chaque mois ;
  • L’extrême fragilité du système bancaire et l’incapacité dans lequel il est sciemment mis de jouer son rôle de financement de l’économie ;
  • Le flou artistique entretenu sur le coulage dans le secteur des Hydrocarbures ;
  • Le flou artistique entretenu sur le coulage dans le secteur du bois ;
  • Les opportunités manquées du projet du Grand Inga, où l’on voit deux projets se concurrencer, mais aucun des deux produit par les Congolais ;
  • L’embourbement du Plan Stratégique de Réforme des Finances Publiques de Mars 2010, où, citation à l’appui, j’aurai montré que l’échéance de 5 ans fixée par votre gouvernement va être atteinte sans avancée notable ;
  • La réforme du cadastre, de la DGDA, de l’assurance ;
  • La nécessité de la mise en place d’une banque agricole et d’une banque de développement ;
  • Et j’en passe, et des meilleurs…

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

En conclusion je voudrais dire ceci :

Les notions de Croissance, d’Emergence, de Modernité, de Démocratie et d’Elections sont aujourd’hui au cœur du discours public congolais, c’est vrai.
Mais pour ce qui est de pratiquer toutes ces notions, de leur donner un contenu concret, vrai…

Il vous faudra passer la main à d’autres.

Je vous rassure, le peuple congolais est patient.

Jusqu’en 2016, vous avez le pouvoir. Tout le pouvoir. Personne ne vous le contestera.

Seulement, puisque vous avez le Pouvoir, utilisez-le. TRAVAILLEZ !

Réformez, Ranimez, Mettez effectivement en œuvre,…

Sinon lorsque viendra 2016, le roi sera nu. Et force nous sera de constater que vous non plus, vous n’aurez pas été le gouvernement du décollage du Congo.

Je vous remercie.


C’est vous qui le dites :
8510 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


right
Article suivant Transco : le directeur général sortant prévient du risque de faillite
left
Article précédent Face à la motion de défiance de l'Opposant Badibanga : Majorité, tous derrière Kitebi !

Les plus commentés

Politique Fervent Kabiliste jusqu'il y a peu, Henry Magie rejoint Nangaa et l'AFC dans la rébellion

28.03.2024, 15 commentaires

Politique Agression rwandaise : « Un jour d’une manière ou d’une autre, tout ceci s’arrêtera » (Félix Tshisekedi)

26.03.2024, 8 commentaires

Afrique Pour Paul Kagame, l’armée sud-africaine ne devrait pas combattre le M23 « qui défend ses droits »

27.03.2024, 8 commentaires

Politique Diplomatie : Félix Tshisekedi en visite de travail à Lomé ce mercredi

27.03.2024, 6 commentaires


Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance