Provinces
Trop belle pour être vraie, la prompte réaction du gouverneur de la province du Nord-Kivu qui a suspendu un bourgmestre de Butembo accusé de viol sur mineure ? C’est ce que laissent croire des sources locales auxquelles Le Maximum a eu accès il y a 24 heures. Qu’il convient néanmoins de considérer avec toutes les réserves d’usage, compte tenu de l’extrême politisation de tout ce qui respire dans la région.
L’information a fait le tour des rédactions il y a 48 heures. Le 20 septembre dernier, Julien Paluku Kahongya, le patron de l’exécutif de la province du Nord-Kivu, a suspendu Omer Kitsa, le bourgmestre de la commune de Bulengera à Butembo, accusé de viol sur mineure, afin de « permettre à la justice de bien faire son travail », a-t-on rapporté. « Selon la société civile, la victime serait venue du village. Perdue en ville à la recherche de sa famille, elle a été accueillie par une association locale militante pour les droits humains.
Cette organisation a conduit la jeune fille auprès du bourgmestre pour orientation vers sa famille d’accueil. Le bourgmestre aurait alors proposé de la garder pour la nuit, le temps de trouver les membres de sa famille. Il va par la suite emmener la fille dans un hôtel pour commettre son forfait aux environs de 20 heures », expliquent nos confrères de la radio onusienne Okapi. Ce sont les autres occupants de l’hôtel, alertés par les sanglots de la victime, qui l’auraient trouvée couverte de sang, avant de l’emmener dans une structure médicale, selon la même source.
Dans ces conditions, il est loisible d’imaginer que le gouverneur Paluku n’est pour rien dans l’affaire dont la vérité est détenue par les membres de cette société civile ainsi que les occupants de l’hôtel au moment des faits. Ce dont l’instruction de l’affaire devrait permettre de s’assurer.
Seulement, une version de la même affaire circule dans les réseaux sociaux très fréquentés par les butembois. Selon laquelle la fille s’est rendue au bureau de la commune de Bulengera samedi 16 septembre demander de l’aide pour rejoindre sa tante au quartier Kimbulu, où se rendait justement le bourgmestre Omer Kitsa, qui a accepté de l’y conduire. Prenant la parole au cours de la manifestation organisée à Kimbulu (une messe), Omer Kitsa en a profité pour présenter l’infortunée à l’assistance dans le dessein de lui faciliter les retrouvailles avec ses connaissances. Sans résultat positif.
Le bourgmestre s’adressera par la suite aux prêtres, leur demandant de garder la fille pour la nuit mais se fit répondre qu’il n’y avait pas de place à la cure. Il fut donc contraint de trouver une place pour l’infortunée par ses propres moyens, dans le premier logement venu. Rien d’anormal ne serait passé selon cette version des faits, jusque dimanche 17 septembre, lorsqu’Omer Kitsa s’est vu convoqué par les services de l’Agence National des Renseignements pour expliquer la présence de la fille dans ces lieux. La fille ayant déjà été « travaillée » pour dénoncer le viol qu’il aurait commis.
Cette version des faits elle aussi n’enlève rien à l’opportunité d’une instruction judiciaire de l’affaire qui permettrait de s’assurer de l’emploi du temps de l’incriminé le soir du 16 septembre, témoignages à l’appui.
Mais seulement, cela se passe à Butembo. Où l’on a vite fait de voir dans la suspension du bourgmestre de Bulengera un règlement de compte politicien aux contours assez flous.
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