Religion
Le différend n'est pas récent mais il a gagné en ampleur ces dernières semaines. Les chrétiens grecs orthodoxes de Jérusalem font entendre leur mécontentement à l'égard de leur patriarche. Ils l'accusent de dilapider les terrains et bâtiments appartenant à leur église. Samedi 9 septembre, ils étaient plusieurs centaines à manifester dans la vieille ville de Jérusalem pour exprimer leur colère.
Ce mécontentement est réapparu après une décision de justice. Une cour israélienne a validé le 30 juillet dernier un bail emphythéotique - valable pour 99 ans que dénoncent bon nombre de fidèles. Les bâtiments concernés sont emblématiques : deux d'entre eux se situent à la porte de Jaffa, l'une des principales entrées dans la Vieille Ville et sont occupés par deux hôtels tenus par des familles chrétiennes. Or, ce bail a été signé avec trois compagnies privées qui agissaient pour le compte d'Ateret Cohanim, une organisation juive qui oeuvre pour l'installation de colonies israéliennes dans les quartiers palestiniens de Jérusalem.
Les chrétiens craignent donc qu'Ateret Cohanim tente de déloger les hôtels et d'installer à la place des colonies israéliennes. La signature de ce bail avait entraîné une vive polémique... et le limogeage d'Irénéos, le patriarche de l'époque. Son successeur, Théophile III, avait entamé une procédure judiciaire pour annuler ce contrat. Mais il vient d'être débouté. Et s'il dénonce une « décision politique », beaucoup de ses fidèles y voient une posture de sa part, l'accusant d'avoir oeuvré pour que la procédure échoue.
Une méfiance à l'égard de leur chef religieux
L'église grecque orthodoxe est la plus ancienne établie et elle a beaucoup de propriétés : elle est en fait le deuxième propriétaire foncier dans la Palestine historique, donc entre Israël et les Territoires palestiniens, après l'Etat d'Israël. Mais ces dernières années, elle a commencé à vendre certains de ses terrains. A Jérusalem mais aussi à Césarée ou du côté de Nazareth dans le nord d'Israël. Et ces transactions ne sont pas du goût des fidèles.
Tout d'abord parce qu'ils n'ont pas été informés de ces ventes et qu'ils les ont apprises par la presse ou à la faveur de démarches judiciaires. Parce qu'ils préfèreraient voir ces propriétés mises à la disposition des chrétiens, que ce soit pour y installer des écoles, faire des logements ou ouvrir des commerces dans ces locaux. Et parce qu'ils estiment que ces terrains sont bradés, vendus à un prix nettement inférieur à celui du marché à des compagnies installées dans des paradis fiscaux, ce qui alimente des soupçons de malversations financières de la part du clergé.
Une division entre fidèles et administration de l'église
Cette dispute autour de la gestion du patrimoine foncier de l'église grecque orthodoxe souligne aussi la division qui existe entre les fidèles et l'administration de leur église. Car quand on parle des Grecs orthodoxes, on désigne la communauté qui a la langue grecque comme langue traditionnelle de liturgie. Mais les fidèles sont bien des Arabes, des Palestiniens. En revanche, depuis le début du XVIe siècle, le patriarchat est contrôlé par des religieux grecs. Et pour certains fidèles, s'il se permet de vendre ainsi les terrains de l'église, c'est parce que ces dirigeants ne sont pas d'ici.
Dans la manifestation de samedi 9 septembre certains réclamaient donc le départ du patriarche et aimeraient le voir remplacer par un Palestinien. Mais d'autres soulignent surtout la nécessité de mettre en place un mécanisme permettant plus de transparence dans la gestion des affaires de l'église.
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