Politique
Après la signature à Paris du « Manifeste du citoyen congolais », Sindika Dokolo, porte-voix du mouvement citoyen, « Les Congolais débout », a pris plus de galons sur la scène politique. Certains lui prêtent déjà des ambitions politiques. Et d’autres le voient déjà concourir, à l’instar de Moïse Katumbi, avec qui il entretient des liens très solides, à la magistrature suprême. Mais, sur RFI, l’homme a nié toute visée politique dans son engagement pour son pays, la République démocratique du Congo. Pour toute réponse, il a levé toute équivoque : « Mon engagement ne vise pas un projet politique ou l'ambition politique de qui que ce soit. »
Gendre du président sortant de l’Angola, Eduardo dos Santos, et fils du très célèbre homme d’affaires congolais, Dokolo Sanu, Sindika Dokolo a abandonné sa résidence de Luanda pour se consacrer à l’avenir de la terre de ses ancêtres, la République démocratique du Congo. Déjà, son prénom, Sindika, entendu « l’envoyé » en kikongo, l’une des langues nationales de la RDC, le prédisposait à cette tâche. Comme Moïse de la Bible dans le temps de Pharaon d’Egypte, il n’a pas pu s’échapper de son destin.
Aujourd’hui, Sindika, « l’envoyé », a décidé d’éclairer le chemin de ses compatriotes meurtris de la RDC pour les libérer du joug de la servitude dans lequel ils ont été soumis depuis des années. Comme Moïse de la Sainte Bible, il s’est mis au-devant de la scène pour tracer la voie à suivre en vue de l’alternance démocratique en RDC.
Très actif sur la toile, Sindika Dokolo a décidé depuis Paris de se lancer dans l’arène. La signature, dans la ville lumière, du « Manifeste du citoyen congolais » témoigne désormais de son engagement pour la libération de la RDC. Si certains lui prêtent des ambitions politiques ou une quelconque visée présidentielle pour faire ombrage à son partenaire dans la lutte, Moïse Katumbi Chapwe, Sindika Dokolo écarte totalement cette hypothèse.
Invité mercredi de RFI, Sindika Dokolo a recadré le sens de son engagement. Il s’agit, selon lui, d’un engagement qui « ne vise pas un projet politique ou l'ambition politique de qui que ce soit. Et de préciser : « Je pense que ce qui nous définit n’est pas seulement la question des actions. Aujourd’hui, on est dans une situation qui requiert avant tout une compréhension de ce qui est en train de se passer. La particularité du Manifeste, c’est que pour la première fois, des Congolais qui n’ont pas l’ambition d’accéder au pouvoir ont établi que M. Kabila tombe sous le coup de l’article 64 de la Constitution. Donc, déjà, c’est important que tous les Congolais sachent ce que dit cet article 64. Tous les Congolais ont le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui exercerait le pouvoir en violation de la Constitution ».
Il ne s’identifie à aucune formation politique ni à un quelconque regroupement politique. Son engagement, dit-il, est avant tout citoyen pour l’émergence de son pays d’origine, la RDC. « Mon engagement est complètement apolitique et se fait autour de certaines valeurs », fait-il remarquer. Il fonde son espoir sur la dérive qui se vit au quotidien en RDC. « Il se fait, note-t-il, autour d’un constat qui est que mon pays est, à l’heure actuelle, sous la coupe de dirigeants qui ont pris nos institutions en otage ». Tout en prévenant : « si l’on n’y fait rien, nous allons basculer dans plus d’instabilité ».
INTERVIEW
Pourquoi créer un nouveau mouvement citoyen en RDC, alors qu’il y en a déjà beaucoup ?
Parce qu’il me semblait qu’il manquait un mouvement qui soit basé sur la stratégie d’une très large adhésion. Donc, un mouvement de masse, organisé non pas autour de personnes mais autour de certaines valeurs, à un moment où notre pays est vraiment en danger.
N’est-ce pas ce que des mouvements déjà existants, comme la Lucha par exemple, essaient de faire depuis plusieurs années maintenant ?
Oui. Et avec beaucoup de courage, ce qui représente un vrai symbole pour tous les Congolais. Mais en même temps, je pense que la plupart des Congolais n'ont pas vocation au martyre. Effectivement, ce qui est toujours difficile, c’est d’arriver à proposer une action concrète pour tous les citoyens qui se sentent indignés par ce qui est en train de se passer au Congo.
Vous voulez dire qu’il ne faut pas aller manifester et protester comme le font régulièrement les membres de la Lucha, ce qui aboutit souvent à des arrestations ?
Ce n’est pas ce que j’ai dit. Ce que je disais, c’était que beaucoup de Congolais ne se sentent peut-être pas le courage ou la vocation de s’exposer à ce point-là. Et puis, la Lucha ou Filimbi sont des mouvements de jeunes. Tous les Congolais ne sont pas jeunes, même si on a une population très jeune. Moi en tout cas, à 45 ans, je ne me voyais pas dans la Lucha ou dans Filimbi - pour lesquels j’ai beaucoup de considération -, et je ne me voyais pas non plus les bras croisés.
Quels types d’actions différentes proposez-vous ?
Je pense que ce qui nous définit n’est pas seulement la question des actions. Aujourd’hui, on est dans une situation qui requiert avant tout une compréhension de ce qui est en train de se passer. La particularité du Manifeste, c’est que pour la première fois, des Congolais qui n’ont pas l’ambition d’accéder au pouvoir ont établi que M. Kabila tombe sous le coup de l’article 64 de la Constitution. Donc, déjà, c’est important que tous les Congolais sachent ce que dit cet article 64. Tous les Congolais ont le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui exercerait le pouvoir en violation de la Constitution. C’est ce que nous avons prouvé en analysant la manière dont M. Kabila a saboté le processus électoral pour s’assurer que les élections ne seraient pas tenues à la fin de son deuxième et dernier mandat. De la même manière qu’il a instrumentalisé les institutions pour se maintenir au pouvoir, et de la même manière qu’il a saboté délibérément les accords de la Saint-Sylvestre à la fin de son dernier mandat - qui lui accordait encore une année pour organiser les élections, ce qu’il n’a évidemment pas fait. Alors, c’est important, déjà, d’expliquer au plus grand nombre de Congolais possible la réalité juridique de cette situation et les implications qu’elle a ; ce que la Constitution nous oblige ou nous instruit de faire.
Les interlocuteurs ont insisté sur le côté citoyen des discussions qui se sont tenues en amont du lancement du Manifeste. Vous ne vous cachez pas, vous êtes proches de Moïse Katumbi. N'est-ce pas contradictoire ?
Je ne sais pas si être proche, cela veut dire être « politique » forcément. Ce n’est pas l’entendement que j’en ai, en tout cas. En l’occurrence, mon engagement est complètement apolitique et se fait autour de certaines valeurs. Il se fait autour d’un constat qui est que mon pays est, à l’heure actuelle, sous la coupe de dirigeants qui ont pris nos institutions en otage. Et que, si l’on n’y fait rien, nous allons basculer dans plus d’instabilité. Par rapport à cela, mon engagement ne vise pas un projet politique ou l'ambition politique de qui que ce soit.
Vous êtes le gendre du président angolais. Quelles incidences cette proximité peut-elle avoir dans votre combat au Congo ?
Je fais vraiment la part des choses entre ma vie privée, mes relations familiales et mon engagement citoyen. Et je constate qu’effectivement, le sentiment, non seulement de frustration mais aussi de très profonde inquiétude par rapport à l’évolution de la situation au Congo, est commun au citoyen congolais que je suis et aux différents représentants de la société civile et des partis politiques d’opposition, mais également à la plupart des voisins et des partenaires de la RDC. J’ai l’impression qu’il y a une communauté de point de vue concernant la dérive totalitaire et violente que M. Kabila est en train de créer délibérément.
Pensez-vous que l’Angola peut peser pour obtenir ce que vous souhaitez, à savoir le départ du président Kabila ?
En l'occurrence, je ne pense pas qu’il s’agisse uniquement de l’Angola, mais vraiment de tous les partenaires du Congo. Je ne vois pas, aujourd’hui, dans la communauté internationale, dans les observateurs, qui que ce soit qui accorde le moindre crédit à M. Kabila. Et puis on se rend compte que plus on avance dans ce système d’illégitimité, plus on constate des violences, des massacres, des situations qui, du point de vue des droits humains, sont absolument catastrophiques. Et de ce point de vue-là, ce n’est pas un constat ou une position qui est propre à l’Angola.
On ne vous entend pas, en revanche, sur l’Angola. Les scénarios sont différents mais, malgré tout, le MPLA est au pouvoir depuis 40 ans. Il y a aussi un désir de changement dans la société angolaise...
Et bien c’est parfait, parce qu’elle pourra s’exprimer le 23 août, étant donné qu’il y a des élections qui se tiennent à temps. Des élections dans lesquelles, je le constate d'ailleurs, le président dos Santos ne se présentera pas, alors qu’il aurait tout à fait le droit de le faire. Et donc, je pense qu’au-delà des critiques générales ou du déficit d’image dont peut souffrir l’Angola, il y a des actes qui sont posés, qui tendent à prouver le contraire.
Et le fait de ne pas être présent dans ce débat-là, alors que vous vous engagez au Congo sur des thématiques similaires, ce n’est pas un problème pour vous ?
Ce ne sont pas de thématiques similaires. On a des cas de massacres de masse, un non-respect des délais constitutionnels, un viol de la loi constitutionnelle, une instrumentalisation de la Cour constitutionnelle. Il n’y a rien d’absolument comparable en Angola.
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Réagir
Les plus commentés
Politique Les graves accusations du cardinal Ambongo contre le gouvernement congolais !
20.04.2024, 32 commentairesPolitique Primaires à l'Union sacrée : ''Une manière planifiée d'écarter Vital Kamerhe de la course à la tête de l'Assemblée nationale'' (UNC)
22.04.2024, 16 commentairesPolitique «Soutenir Tshisekedi pendant la campagne de 2023 ne signifie pas donner un chèque blanc à son entourage des binationaux pour piller le pays »(A-Daniel Shekomba)
22.04.2024, 9 commentairesOnt commenté cet article
Ils nous font confiance
Sindika Dokolo