Le président congolais Joseph Kabila a gracié au nom de la cohésion nationale le pasteur Fernando Kutino, chef d'une Église évangélique condamné à 10 ans de prison en 2008, selon un ordonnance présidentielle lue dimanche soir 14 septembre à la télévision nationale (RTNC).
Voulant marquer de façon particulière la cohésion nationale par un acte individuel de clémence, le président accorde au pasteur la remise totale de la peine restant à purger, indique l'ordonnance. Le choix de cette grâce a été fait sur proposition de la ministre de la Justice, Wivine Matipa.
"Nous sommes très contents de ce geste du président. Nous attendions ça depuis très longtemps. Pourvu qu'il y ait la cohésion que nous recherchons tous, et si la grâce peut concerner d'autres prisonniers dits politiques, ce sera une très bonne chose", a déclaré à l'AFP un avocat du pasteur, Me Don Divin Dodizewa.
Responsable de l'Église évangélique Armée de la victoire, le pasteur Fernando Kutino a été arrêté le 14 mai 2006 après un meeting dans un stade de Kinshasa où il avait tenu, selon les autorités, des propos incendiaires.
Les services de police avaient interpellé deux militaires et plusieurs fidèles de l'Armée de la victoire au domicile du pasteur, où ils avaient affirmé avoir découvert plusieurs armes et munitions.
Le 16 juin 2006, il avait été condamné à 20 ans de prison par un tribunal militaire de Kinshasa. Après appel, il avait écopé le 2 octobre 2008 de 10 ans de servitude pénale.
Le pasteur Kutino avait fui Kinshasa en mai 2003 alors qu'il était recherché par les autorités congolaises après une série d'émissions de télévision où il avait violemment critiqué le pouvoir, à l'époque détenu par Joseph Kabila, l'actuel président. Il était rentré au pays début mai 2006 en RDC.
En 2006, il avait critiqué le processus électoral en cours dans le pays, qui organisait ses premières présidentielle et législatives libres.
Début octobre 2013, après un mois de concertations nationales visant à régler la crise politique, sociale et sécuritaire en RDC, des délégués de la majorité, d'une partie de l'opposition et de la société civile avaient demandé la grâce, parmi d'autres opposants, de M. Kutino.
M. Kutino, qu'ils considéraient comme un prisonnier politique, avait fui Kinshasa en mai 2003 alors qu'il était recherché par les autorités congolaises après une série d'émissions de télévision où il avait violemment critiqué le pouvoir, à l'époque détenu par M. Kabila, l'actuel président.
Il était rentré au pays début mai 2006. La même année, il avait critiqué le processus électoral en cours dans le pays, qui organisait ses premières présidentielle et législatives libres.
Sa grâce intervient alors que le climat politique s'est encore un peu plus tendu en RDC après la condamnation jeudi à un an de prison ferme du député Jean-Bertrand Ewanga, secrétaire général de l'UNC, le troisième parti d'opposition.
M. Ewanga a été condamné pour offense au chef de l'État suite à des propos tenus le 4 août lors d'un grand rassemblement à Kinshasa hostile à toute modification de la constitution qui permettrait à M. Kabila de briguer un troisième mandat en 2016.
Dimanche, l'Union européenne a qualifié la condamnation de lourde et de signal négatif en amont des prochaines échéances électorales, prévues à partir de 2015.
Samedi, une manifestation de l'opposition contre une révision de la constitution a été dispersée à Kinshasa, ainsi qu'à Butembo (Est).