Afrique
On n’en voit nulle part. Ni dans les rues des villes, ni dans les rivières, ni accrochés aux arbres, ni le long des routes, ni dans les commerces – même ceux des petites localités: le Rwanda a déclaré la guerre aux sachets de plastique léger qui volent aux quatre coins des autres pays de la planète et finissent dans les océans.
Cela a valu à Kigali le titre Onu-Habitat de “Meilleure capitale africaine” en 2008 et une réputation enviée de ville la plus propre du continent – bien plus propre que Bruxelles, Paris ou Londres. A l’initiative du Rwanda, le parlement de l’East African Community vient d’adopter une législation comparable, que les chefs d’Etat doivent encore ratifier.
Confisqué dès l’aéroport
Le ton est donné dès l’aéroport, où le sachet de plastique contenant les marchandises hors taxes que vous avez achetées à l’aérogare de départ est impitoyablement réquisitionné; une vendeuse de sacs de toile est prête à vous fournir un nouveau contenant au besoin.
Au marché et dans les boutiques, on utilise des sachets de gros papier brun résistant. Les ménagères sont équipées de paniers ou sacs de toile. Seuls les sacs de plastique durable (très épais) sont autorisés, notamment pour vendre le riz ou la farine par 50 kg et, lorsqu’ils commencent à s’user, après 2 ou 3 ans, pour jeter les ordures.
Il y en avait partout, provoquant des inondations
« C’est une politique que nous appliquons depuis 2004”, explique à La Libre Afrique.be l’ingénieur Coletha Ruhamiya, la patronne du REMA (Rwanda Environment Management Authority). “Mais il est difficile de tout éliminer”. De fait, au marché, les spaghettis importés sont toujours vendus sous le cellophane d’origine. “Notre politique vise donc surtout à fortement diminuer la quantité de sacs de plastique utilisée et à les recycler”, ajoute Mme Ruhamiya.
Les autorités rwandaises ont lancé cette politique “parce qu’il y avait du plastique partout. Même l’eau et le lait se vendaient dans des sachets, que les gens jetaient n’importe où. Les égouts étaient bouchés, ce qui provoquait des inondations”,poursuit-t-elle.
“On a commencé à lutter contre cette pollution par l’umuganda (travail collectif obligatoire, un demi-jour par mois): tout le monde ramassait les sachets de plastique. On les a bannis, on a fait des programmes d’éducation du public dans les écoles, à la télévision, à la radio, sur des panneaux publicitaires. Puis on a mis en place des collectes de déchets qui permettent de séparer les sachets de plastique du reste”, qui sont recyclés.
Trouver des alternatives
« On cherche des alternatives”, ajoute-t-elle. Ainsi, le lait peut être vendu en cartons biodégradables; les entreprises de nettoyage à sec rangent les vêtements dans des poches de nylon réutilisables, une série d’emballages en papier fort et carton sont fabriqués localement. “Pour le moment, on cherche à remplacer le film alimentaire utilisé pour protéger la nourriture; on discute avec les commerçants parce qu’ils veulent que la nourriture reste visible”, dit Mme Ruhamiya.
Quand il n’y a pas d’alternatives, l’entreprise qui continue à utiliser du plastique (pour l’isolement, dans la construction; pour sécher et emballer la production de café; vendre du miel; soutenir les plants vendus par les pépinières – nombreuses dans ce pays où, pour couper un arbre, on doit en planter deux) est obligée de demander un permis d’importation particulier, avec dépôt financier et accord avec une société privée de recyclage.
Ou recycler
Jean de Dieu Kagabo est à la tête de l’une des deux installées au Rwanda, Soft Packaging, qui emploie 81 personnes à Ndera, une zone économique spéciale à la sortie de Kigali, depuis 2013. “J’ai eu l’idée de faire quelque chose avec le plastique qui était déjà entré au Rwanda”, explique-t-il à La Libre Belgique. Le gouvernement l’appuie par une exonération de taxes sur la matière première et les avantages liés aux zones économiques spéciales (électricité 25% moins chère; accès à l’eau et à la fibre optique).
« Quelque 60% de notre matière première sont fournis par les sachets confisqués à l’aéroport et aux frontières, qui ne nous coûtent que le transport puisque nous les collectons nous-mêmes”, précise Dominique Musonera, chargé des opérations. “Le reste est acheté à un prix raisonnable aux entreprises privées qui ramassent les ordures et les trient à la main, ce qui crée des emplois”. Et une petite quantité de bouteilles pour sérum est collectée gratuitement dans les hôpitaux.
Tout cela est trié, déchiqueté et lavé par une machine; séché au soleil manuellement; fondu en granulés et transformé. Soit en feuilles de plastic épais transparent ou coloré, soit en gros fil qui sera tissé en sacs. “On espère, en 2018, pouvoir commencer à recycler les bouteilles à eau en fil de nylon, notamment pour faire des vêtements de sport, ou en meubles”, ajoute M. Musonera dans un sourire.
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