Société
Plus la République démocratique du Congo s’approche de la tenue des élections, plus l’insécurité gagne du terrain à travers le pays. Dans le lot d’insécurité auquel les Congolais font face présentement, il y a notamment la récurrence des cas d’enlèvement tant des Congolais que des étrangers aux quatre coins de la RDC.
La République démocratique du Congo est-elle en train de devenir un « no mans land » ? Il y a lieu de craindre au regard de la propagation de l’insécurité à travers toutes les villes du pays. L’insécurité n’est plus l’apanage seulement de deux provinces du Kivu, de l’ancienne province Orientale, de l’ex-province du Katanga ou encore de l’espace Kasaï. Depuis 2016, l’insécurité gagne du terrain dans les grandes villes de la RDC.
Curieuse coïncidence, cette insécurité gagne du terrain au fur et à mesure que la crise politique s’enlise dans le pays. Et cela vient avec tout son lot de malheur : le vol, les viols, les tueries et même les enlèvements. À ce propos, la récurrence commence à inquiéter la population.
À Kinshasa par exemple, tout le monde dévisage sept fois les passagers d’un taxi avant de monter à bord. Et la nuit, les taximan sont obligés de rouler avec un éclairage à l’intérieur pour rassurer les potentiels clients à prendre place à bord. Tout le monde craint d’être enlevé vue la récurrence des cas d’enlèvements dans la capitale.
L’Église catholique parmi les cibles
Le dimanche dernier, certaines paroisses de la capitale ont diffusé un communiqué appelant les chrétiens à prier pour un abbé de l’Archidiocèse de Kinshasa qui est porté disparu depuis quelques jours. Tout indique que ce prêtre de l’église catholique a été enlevé.
Hier lundi 17 juillet, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) a alerté sur l’enlèvement de deux prêtre à Beni, dans la province du Nord-Kivu. Les abbés Charles Kipasa et Jean-Pierre Akilimali ont été enlevés le dimanche 16 juillet à la paroisse Notre-Dame des Anges de Bunyuka, dans le Diocèse de Beni-Butembo. Cet enlèvement a été accompagné du vol de deux jeeps et de deux motos. Les autres séminaristes de cette paroisse ont été passés à tabac par les ravisseurs avant d’être abandonnés.
Dans son communiqué signé par le président de la Cénco, Mgr Marcel Utembi, la Cénco a interpellé les forces de sécurité de tout mettre en œuvre pour retrouver les deux prêtres catholiques. La Cénco ne s’explique pas pourquoi l’église catholique qui a déjà payé un lourd tribut à cause de l’insécurité continue à être visée par les malfrats. Rappelons que l’église catholique reste sans nouvelles de trois prêtres de la paroisse Notre-Dame de Mbau dans le territoire de Beni, enlevés depuis octobre 2012.
La semaine dernière à Kinshasa, la Police nationale congolaise a présenté un sujet indien, homme d’affaires de son état, qui venait d’être libéré après 18 jours de séquestration par ses bourreaux. Ses ravisseurs, parmi lesquels un Camerounais, un Namibien et des Congolais, exigeaient 2 millions Usd de rançon. Au cours de la conférence de presse de remise de cet homme d’affaires indien à ses proches, le colonel Pierrot Mwanamputu, porte-parole de la police, a reconnu la récurrence des cas d’enlèvements notamment dans la capitale avant d’appeler la population à la vigilance.
Enlèvements et décapitation
« Trois choses ne peuvent rester longtemps cachées : le soleil, la lune et la vérité. » C’est la dernière phrase retweetée par Zaida Catalán le 3 mars. Neuf jours plus tard, cette jeune Suédoise de 37 ans a disparu sur une route de la région du Kasaï central, au cœur de l’immense République démocratique du Congo. Elle se trouvait en compagnie d’un jeune Américain de 34 ans, Michael Sharp, mais aussi de quatre Congolais : trois d’entre eux conduisaient les motos sur lesquelles circulaient les deux experts de l’ONU et leur traducteur. Le groupe avait quitté Kananga, principale ville de la province, et se rendait à Tshimbulu, une localité à 122 kilomètres plus au sud, lorsqu’ils auraient été enlevés par des « forces négatives non identifiées», selon la terminologie employée lundi par Lambert Mende, porte-parole du gouvernement.
Après leur disparition, les deux experts onusiens seront retrouvés 16 jours plus tard dans une fosse commune au Kasaï Central. La Suédoise était décapitée. Sa tête n’a jamais était retrouvée jusqu’à ce jour alors que les enquêteurs congolais et onusiens sont à pied d’œuvre pour tenter d’élucider ce double meurtre. Michael Sharp et Zaida Catalán enquêtaient sur les atrocités dans le Kasaï qui ont débuté après l’assassinat du chef Kamuina Nsapu en août 2016.
Toujours en mars 2017, cinq agents de Banro, dont un Français, un Tanzanien et trois Congolais, ont été enlevés à Salamabila, dans la province du Maniema. Ils seront libérés plus de 50 jours après l’intervention des forces de sécurité.
Kidnapping : un business juteux à l’Est
Déjà, dans les grandes villes comme Kinshasa, la police et les forces de sécurité sont loin de venir à bout de cas d’enlèvements des personnes. En province, la situation est encore pire. Dans l’Est de la République démocratique du Congo, les enlèvements contre paiement d’une rançon sont devenus monnaie courante. Les bandes armées qui pullulent y kidnappent aussi bien des fonctionnaires que des personnes sans ressources. Un commerce lucratif pour les ravisseurs, qui agissent en toute impunité dans cette région dévastée par plus de vingt ans de conflit.
« Nous sommes en train d'assister à un nouveau fléau (…) c'est un nouveau business (…) On est en train de réfléchir sur le mécanisme pour mettre fin à ça », déclarait Julien Paluku, gouverneur du nord Kivu, dans un documentaire tourné par le quotidien Le Monde en juillet 2016 sur les cas d’enlèvement dans l’Est.
Le mercredi 5 juillet, le gouvernement tanzanien a annoncé que 24 chauffeurs de camions enregistrés en Tanzanie avaient été enlevés le 29 juin par des combattants Maï-Maï, dans la province du Sud-Kivu. Il s’agit de 21 routiers de nationalité tanzanienne et de trois Kényans, a indiqué le 5 juillet à la télévision gouvernementale, TBC one, la porte-parole du ministère tanzanien des Affaires étrangères, Mindi Kasiga.
Elle a précisé que les 24 routiers conduisaient des camions appartenant à deux compagnies enregistrées en Tanzanie. « Ils ont été enlevés par des combattants Maï-Maï, le 29 juin à Lulimba, dans la province du Sud-Kivu, alors qu’ils faisaient route vers la mine d’or de Namoya, dans la province du Maniema ». « Selon les informations en provenance de l’ambassade tanzanienne en République démocratique du Congo, les rebelles Maï-Maï ont attaqué le convoi qui était escorté par des soldats des Forces armées congolaises », a-t-elle poursuivi.
À tous ces cas d’enlèvement, il faut ajouter d’autres qui concernent des dizaines d’anonymes qui disparaissent, soit dans les zones de conflit à l’Est, dans le Kasaï ou même dans les grandes villes. Tous ces cas devraient interpeller la police, les forces de sécurité et les services de renseignement. L’insécurité nuit non seulement à l’image de la RDC, mais aussi au climat des affaires. Plusieurs compagnies minières sont obligées de dépenser de fortune pour leur sécurité ou refusent carrément de se rendre dans certaines zones à cause de l’insécurité.
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