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Après neuf mois de guerre, le pouvoir irakien a annoncé avoir repris Mossoul, la capitale autoproclamée de l’EI. Mais la perte de ce bastion ne signe pas encore l’arrêt de mort d’un groupe dont l’influence va bien au-delà du Moyen-Orient.
Si son emprise territoriale est largement réduite après la perte de sa capitale irakienne autoproclamée, l’organisation État islamique (EI) n'est pas morte pour autant à Mossoul. Alors que la ville, la deuxième du pays, est loin d’être sécurisée (déminage, traque des cellules dormantes…), les experts s’accordent pour affirmer que la prise de Mossoul constitue un sérieux revers pour l’EI, mais pas un coup fatal.
Quand l’EI anticipe la perte de ses bastions
"La continuité territoriale du califat proclamé par l’EI reste encore valide, explique Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes. Le groupe détient toujours d'importantes portions de territoires en Irak et en Syrie". Les jihadistes contrôlent en effet encore toute la vallée de l’Euphrate, donc de facto la frontière entre la Syrie et l’Irak, la poche de Tal Afar (dans la province de Ninive, dans le nord de l’Irak), la ville de Hawija (dans la province de Kirkouk, à l’est du Tigre), toute la province syrienne de Deir Ezzor, et la ville de Boukamal, près de la frontière irakienne.
Ceci est d’autant plus vrai que l’EI semble avoir anticipé la perte de ses bastions alors que son fief syrien de Raqqa (nord) est assiégé depuis plusieurs semaines. "Depuis un an et demi, l’EI a fait le deuil des villes qu’il avait conquises. Le défi pour les jihadistes étant de les tenir, seuls contre tous, le plus longtemps possible à des fins de propagande, ajoute Wassim Nasr. Il aura ainsi fallu neuf mois de guerre pour que les troupes irakiennes, appuyées par la coalition internationale, reprennent Mossoul, soit plus de temps que la bataille de Stalingrad".
Débarrassés de la charge et de l’obligation d’administrer les populations vivant sous leur joug, les jihadistes "vont retourner à la clandestinité, et recommencer à faire ce qu’ils savent faire, c'est-à-dire l’insurrection", prévient le journaliste de France 24.
Le mouvement serait "à la veille d’une mutation", confirme Caroline Galacteros, géopolitologue et directrice de la société Planeting, invitée du débat de France 24, le 10 juillet dernier. Et d’ajouter : "S’il s’agit de la fin, entre guillemets, du califat, géographiquement parlant, il n’en est rien de l’idéologie, car Daech ne va pas disparaître parce que Mossoul va tomber".
Très actif sur les réseaux sociaux, l’EI a su organiser sa propagande et son recrutement en ligne pour internationaliser le conflit. Si bien que les récentes attaques terroristes qui ont frappé le sol européen ou américain sont souvent le fait de personnes qui se sont inspirées du message de l'organisation jihadiste, sans pour autant avoir jamais combattu en Syrie et en Irak.
"L’EI est dans une logique d’expansion et non de repli"
"L’EI, qui s’est implanté dans plusieurs pays, comme la Libye ou l’Afghanistan, en profitant de dynamiques locales, est dans une logique d’expansion et non de repli, précise Wassim Nasr. Ce groupe, embryonnaire en 2011 avec quelques centaines d’hommes dans le désert d’Anbar, est devenu un mouvement global qui a réussi à exporter son idéologie dans plusieurs points dans le monde, comme dans le Sinaï égyptien, en Afghanistan ou aux Philippines".
Reste la question des "revenants", en provenance de Syrie ou d'Irak, qui retournent dans leur pays d’origine, et inquiètent les services de renseignements occidentaux. "Ceux qui poseront un problème sont surtout ceux qui sont originaires du Sud, c’est à dire les milliers d’Indonésiens, d’Algériens ou de Tunisiens, non identifiés", précise Wassim Nasr.
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