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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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L'Irak a déclaré la "victoire" à Mossoul contre EI à l'issue d'une bataille de près de neuf mois.

2017-07-10
10.07.2017
2017-07-10
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Plus de huit mois après le lancement d'une offensive destinée à reprendre Mossoul des mains des djihadistes de l'Etat islamique (EI), les forces irakiennes ont annoncé dimanche la reprise totale de la ville.

Il y a quelques jours, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi avait estimé que le "califat" proclamé par l'EI il y a trois ans sur les territoires conquis en Syrie et en Irak, touchait à sa fin, alors que l'EI à Raqqa est encerclé et piégé.Pour autant, est-ce la fin de l'EI ? Certes, la libération de Mossoul est une défaite militaire cuisante, mais le projet idéologique djihadiste est encore vivace. Interview de la spécialiste Myriam Benraad, maître de conférences en sciences politiques à l'université de Limerick (Irlande), auteur de "L'Etat islamique, pris aux mots" (Ed. Armand Colin).

L'EI subi d'importantes pertes militaires. Cela signifie-t-il la fin prochaine du groupe djihadiste et de la guerre en Irak ?

Sur le plan territorial, il est certain que la reprise de Mossoul par les forces irakiennes soutenues par la coalition marque un revers symbolique majeur dans le combat qui est livré contre les djihadistes depuis 2014. C'est dans cette ville que les djihadistes ont annoncé, en juin 2014, la restauration de ce qu'il considère être le "Califat". La déclaration avait été faite par l'ancien porte-parole de l'EI, Abou Mohammed al-Adnani, tué ensuite en août 2016. Cela avait été confirmé par Abou Bakr al-Baghdadi lors de ce fameux prêche du 4 juillet 2014 à la mosquée al-Nouri, qui vient d'être dynamitée par les djihadistes.
 
C'est donc un échec total de l'ambition des djihadistes de construction d'un Etat, qu'ils avaient partiellement réussi à mettre en œuvre avec des conquêtes territoriales.

La prise de Raqqa, en Syrie, car il est évident que la ville sera reprise à terme au regard du rapport de force, viendra confirmer cet échec de la réalisation de leur projet.

Pourquoi la très symbolique mosquée d'al-Nouri a été détruite

Toutefois, il faut prendre en compte ce qui se passe ailleurs. L'EI s'est développé sur d'autres terrains : en Egypte, en Libye, en Asie, aux Philippines notamment.

Ils sont aussi très mobiles. En Irak, ils se sont redéployés sur d'autres territoires et sont revenus aux techniques de leurs débuts, l'action clandestine pour empêcher toute stabilisation. C'est le cas notamment dans les territoires qui leur ont été repris depuis 2015, à Tikrit, Ramadi et Falloujah, des fiefs historiques d'insurgés. Là, les djihadistes sont toujours présents. Il y a des attentats, des assassinats, des règlements de compte. L'instabilité qui a fait suite aux opérations de libération a offert de nouvelles opportunités aux djihadistes, car il n'y a pas eu de plan pour penser l'après.

C'est d'ailleurs le cas à Mossoul, aussi. Dans les parties de la ville qui ont été libérées, les djihadistes sont toujours présents parmi la population, les habitants vivent toujours dans la peur, limitent leurs contacts avec les étrangers de peur de représailles. Tout n'est pas gagné.

Et encore moins sur le plan idéologique...

Oui, au niveau symbolique, le "Califat" est toujours une notion très puissante dans l'imaginaire d'un grand nombre. En dépit de ces revers territoriaux, beaucoup considèrent que, territoire ou pas, le "Califat" est restauré comme symbole, comme mode de gouvernement, et qu'il est par ailleurs globalisé. Les pertes sont vécues comme une mise à épreuve de leur foi et la multiplication des attentats et des actes terroristes au nom de l'EI montre que pour un certain nombre d'individus qui se réclament d'une affiliation au groupe djihadiste, le projet est bien vivant.

La mouvance djihadiste n'est pas défaite, ce mouvement n'a pas dit son dernier mot.
"Dans l'enfer de Mossoul, il faut extirper Daech des esprits"

Comment cela peut se traduire à l'avenir ?

Que l'on parle de l'Irak, de la Syrie ou des logiques propres à nos sociétés, on est face à une idéologie, au sens de la représentation du monde, qui fait l'action et la mobilisation collective. C'est une idéologie qui a un certain nombre de dénominateurs communs d'un groupe à l'autre. Al-Qaida a aussi pour visée la création de cet Etat islamique. C'est une idéologie qui remonte à très loin, qui a pris une forme violente et cette expérience de l'EI nourrit un récit qui n'est pas mort. Au contraire, cela donne un nouveau souffle, le mouvement va vouloir se réaffirmer un peu plus violemment à mesure qu'il y a une intensification des opérations militaires et un renforcement des mesures sécuritaires prises dans nos sociétés européennes.

Nous sommes donc loin d'avoir gagné la bataille idéologique ?

Et oui, nous n'avons jamais vraiment fait un travail sérieux sur le discrédit qu'il faut absolument jeter sur cette entreprise djihadiste. Cela vaut évidement pour nos sociétés où on a beaucoup débattu de déradicalisation, de désembrigadement, de sortie de la violence, et d'un certain nombre de programmes, particulièrement en France.

Néanmoins, si on a polémiqué sur les échecs enregistrés par quelques initiatives, le gouvernement français est en train de remettre à plat ce volet. Par ailleurs, il ne faut pas, non plus, tout jeter. La campagne "stop-djihadisme", par exemple, a eu des effets et de vrais résultats quoi qu'on en dise. Cela demande encore de la réflexion, de réunir des gens d'horizons et de disciplines divers pour penser aux moyens qui pourront être employés face à une idéologie complexe qui touche au-delà, à des trajectoires plus individuelles.

Ce sont également des questions qui se posent dans les sociétés arabes. En Irak, comme en Syrie, toute une génération est tombée dans cette représentation du monde.

Quelles sont les solutions ?

Si les facteurs structurels de la radicalisation ne sont pas appréhendés et qu'il n'y a pas de reconstruction des villes, de projet social, de projet de société, s'il n'y a pas une citoyenneté nouvelle à proposer à ces jeunes, souvent très jeunes, on ira vers plus de violence.

La reconstruction de tout un système d'enseignement dans ces pays sera le véhicule d'un nouveau sentiment d'appartenance nationale, d'une reconstruction d'une appartenance collective. Si cela n'est pas fait, rien ne changera.

"Je n'avais pas le choix" : coupable d'avoir vécu sous l'EI

A Mossoul, dans les écoles qui étaient tombées sous domination de l'EI, des enseignants se sont mobilisés pour ré-inculquer autre chose que le projet djihadiste aux jeunes. Mais, ils ont besoin de moyens, ils ont besoin d'Etat, d'institutions, de protection. Une mesure ne peut aller sans l'autre. 

A Mossoul, l'après-Daech a déjà commencé

En Syrie, ce sera encore plus difficile, car on a une fragmentation du conflit où prédomine une bataille pour le contrôle de l'Etat entre le régime et l'opposition.

Enfin, je suis plus optimiste sur la gestion de l'après dans nos sociétés. Il y a une désillusion très grande de la part de ceux qui en reviennent, il y a une chute drastique des recrutements qui prouve que le projet djihadiste s'est étiolé et qu'il n'est plus aussi attractif qu'il l'était.

Mais il est nécessaire d'avoir une approche systémique : on ne peut pas forcer la déradicalisation dans nos sociétés si on ne pense pas à des solutions, des formules politiques au niveau du Moyen Orient.

Notamment en Irak ?

En Irak, la société est dévastée par la violence depuis quinze ans. Avant la guerre de 2003 et l'invasion américaine, le projet national irakien avait déjà pâtit des guerres livrées par Saddam Hussein et de l'embargo. On a une jeunesse irakienne paupérisée et désocialisée qui n'a pas été à l'école du fait des conflits et des violences ou qui a basculé dans la lutte armée, qui n'a connu que la violence, qui a parfois milité dans des groupes islamiques parce que c'était la seule possibilité de survie.

On ne peut donc pas parler d'une sortie de crise, sans penser au rôle du savoir. Il faut sortir la jeunesse de la violence et lui transmettre autre chose. Il y a toute une jeunesse sans repères, qu'il faut re-scolariser, à qui il faut redonner des perspectives, des opportunités de vie civile autre que la vie armée. Sinon on aura une génération perdue qui va continuer à militer dans les groupes armés, continuer à se projeter dans la violence.

Encore une fois, les aides de l'Etat irakien sont indispensables. Or, aujourd'hui, dans les villes sunnites libérées, l'Etat n'est pas de retour. Il est soit inexistant, soit délégitimé ou n'assure pas les réformes. Les populations essaient de le remplacer, d'assurer une gouvernance ad-hoc, de stabiliser au jour le jour une situation qui reste très précaire, mais cela ne remplace pas l'Etat. Depuis 2003, c'est sur ce vide d'Etat que les djihadistes se sont projetés en proposant un projet étatique, des institutions, des services, une éducation.

Sarah Diffalah
LOBS
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