Politique
Devant trancher, le Raïs, renseigne notre source, se serait montré proche des révisionnistes. Alors que tout le monde attendait qu’il s’exprime pour mettre fin à la polémique, le chef de l’Etat aurait clairement affirmé qu’il avait déjà levé l’option, lors de la dernière réunion de Kingakati, le 20 mars 2014. L’opinion se souviendra, en effet, qu’au cours de cette rencontre-là, l’autorité morale de la MP avait clairement déclaré qu’il n’y aurait pas de Dauphin, en 2016. Comme pour dire que la voie serait ainsi balisée pour la mise en œuvre de la révision constitutionnelle, y compris pour des dispositions verrouillées dont celles de l’article 220, soit par le Congrès, soit par le référendum.
Concrètement, l’on retiendra également qu’à ce stade, les regards demeurent croisés sur cette affaire. Si bien qu’il n’y aurait pas eu un vrai consensus à Kingakati, chaque bloc campant, presque naturellement, sur sa position. Les jours à venir seront donc révélateurs. Des déclarations vont certainement pleuvoir, dans tous les sens. A moins que les sémiologues réussissent à trouver une autre formule, pour convaincre et ramener tous les esprits au calme ainsi qu’à la même lecture des signes de temps.
C’est sans débat !
Les sociétaires de la Majorité présidentielle se sont retrouvés hier, lundi 25 août 2014, à la ferme présidentielle de Kingakati, autour de leur autorité morale, pour plancher sur la problématique de la révision constitutionnelle, comme l’avait si bien demandé le Mouvement social pour le renouveau, MSR.
Alors que d’aucuns s’attendaient à un vrai débat de fond à l’interne, c’est plutôt des interventions des personnalités triées, apparemment, à l’avance qui ont sanctionné cette réunion qui n’aurait pas eu d’ordre du jour précis, contrairement aux habitudes.
Curieusement, c’est aux révisionnistes à qui la parole a été donnée, en premier et dernier ressort. Une méthode que les antirévisionnistes n’ont pas du tout appréciée, se sentant ainsi piégés.
Face au zèle débordant des révisionnistes, le MSR, tête de peloton des antirévisionnistes, aurait été le seul à prendre son courage à bras-le-corps pour défendre sa position, au moment où nombreux pensaient qu’il allait peut-être se rebiffer en présence du Raïs. Les autres, également contre, ne se seraient pas exprimés. Et cela pour deux raisons. Soit que la parole ne leur a pas été accordée. Soit qu’ils se sont tout simplement réservés, par peur de froisser l’autorité morale.
Le MSR ferait-il cavalier solitaire ?
Au regard de ce qui s’est passé hier à Kingakati, on croirait que le parti cher à Yves Mobando Yogo serait la seule formation politique de la majorité à s’opposer ouvertement contre la révision constitutionnelle. Loin de là. Il y a peu, répondant à une question de la presse Burkinabée au sujet de la révision constitutionnelle en RDC et au Burkina-Faso, l’autorité morale de l’ARC, Olivier Kamitatu Etsu, avait soutenu qu’au pays de Blaise Compaoré, l’article 37 qui limite le nombre et la durée de mandat présidentiel n’était pas verrouillé, alors qu’en RDC, l’article 220 de la Constitution l’était. Comme pour dire que l’ARC était opposé au dynamitage de cet article, qui limite à deux, le nombre de mandat présidentiel. S’était-il exprimé à Kingakati ou pas ? S’est-il rebiffé oui ou non ? A l’ARC de se positionner après la rencontre de la ferme présidentielle de ce lundi 25 août 2014.
Pour sa part, le Palu d’Antoine Gizenga ne s’est pas encore clairement prononcé, même si le patriarche promet de prendre ses responsabilités dans le débat.
Encore faut-il souligner que le débat a suffisamment évolué, au regard de l’option levée hier par le Raïs.
Toutefois, à lire de près le discours de "Yandi Ve", le Palu se positionnerait du côté des antirévisionnistes, pour peu que le pouvoir des nationalistes soit sauvegardé. En effet, exhortant l’ensemble du peuple congolais à sceller le contrat politique et social, Gizenga Antoine l’a invité au "refus de retomber dans la dictature, afin de barrer la route à quiconque chercherait à confisquer le pouvoir du peuple et à nous remettre 50 ans en arrière. Ainsi, par rapport au vrai-faux débat sur la révision constitutionnelle ou l’élaboration d’une nouvelle Constitution, le Palu prendra ses responsabilités dans le débat, en tenant compte de sa vision politique d’un Parti des masses, de la coalition des forces de la gauche nationaliste, et de l’agenda politique du moment".
Ne s’arrêtant pas là, Antoine Gizenga ajoute : "le Parti lumumbiste unifié (Palu) rappelle qu’il a combattu au prix du sacrifice pendant 32 ans, le régime dictatorial pour rétablir la légalité et la légitimité en vue d’acquérir les droits du Peuple congolais. La logique voudrait que nous allions de l’avant, pas le contraire".
Willy Makiashi qui, renseigne-t-on, avait représenté le Palu hier à Kingakati, avait-il réitéré cette position du secrétaire général chef du parti ? C’est la question.
Vers l’implosion
L’option étant levée pour la révision constitutionnelle, il va falloir que les révisionnistes affrontent le souverain primaire, à travers le référendum populaire, pour lui faire avaler cette pilule. Mais, avec quel ordre de bataille. Si, d’un côté, dans la même famille politique, les uns vont battre campagne pour le oui et, de l’autre, le non. Un royaume divisé contre lui-même, dit un vieil adage, est appelé à disparaître. Et c’est manifestement à cela que l’on va certainement assister dans les jours qui suivent. Car, apprend-on, des déclarations vont pleuvoir.
La RDC va bientôt entrer dans une zone de turbulence dans sa classe politique où les alliances vont se faire et se défaire.
Et si jamais le gouvernement de cohésion s’invitait dans cette fameuse zone, les mécontents n’auront pas du mal à se positionner dans un camp comme dans l’autre.
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