Société
Hier, lundi 26 juin, a eu lieu le réquisitoire du procès du massacre de Mwanza Lomba. Ce procès devant le tribunal militaire de Mbuji-Mayi fait suite à la diffusion d'une vidéo dans laquelle on les voyait tirer, parfois à bout portant, sur des miliciens présumés, pour la plupart désarmés, dans le village de Mwanza Lomba, dans le Kasaï Oriental. Neuf soldats, dont deux en fuite, sont accusés de « meurtre », « dissipation de munitions » et « outrage » mais aucun pour « crimes contre l'humanité ».
L'auditeur militaire a requis la perpétuité contre deux majors, dont le commandant de l'opération, le sergent-major qui a filmé la fameuse vidéo et deux autres soldats toujours en fuite. Vingt ans ont été requis contre un capitaine et un lieutenant, dix ans contre un adjudant et douze mois dont six avec sursis pour un adjudant-chef.
Les avocats de la défense eux ont plaidé la relaxe, affirmant que ces soldats n'avaient fait que leur devoir pour défendre le territoire face aux miliciens.
Juger pour crimes de guerre aurait été une manière de prévenir d'autres violations au Kasaï
Capture d'écran de la vidéo où l'on voit des hommes en uniformes de l'armée congolaise tirer sur des civils à Mwanza Lomba. © Capture d'écran
Cette audience fait suite à une décision controversée lorsque samedi, le tribunal militaire a décidé d'abandonner la charge de crimes contre l'humanité. Un choix qu'a regretté, hier lundi, le Bureau de l'ONU aux droits de l'Homme en RDC (BCNUDH).
« Nous regrettons la décision » de la justice militaire de ne pas poursuivre pour « crimes contre l'humanité » sept militaires jugés dans l'affaire d'une vidéo supposée avoir été tournée dans le village de Mwanza Lomba (au Kasaï-Oriental) montrant ce qui apparait comme une scène de massacre de civils armés de bâtons par des militaires, a déclaré à l'AFP José-Maria Aranaz, directeur du BCNUDH.
José Maria Aranaz (Photo: Radio Okapi/Ph. John Bompengo)
« Juger ces crimes est une manière de prévenir d'autres violations de droits de l'homme et l'usage excessif de la force par les forces armées », a-t-il ajouté.
Les sept militaires dont le procès a débuté le 5 juin étaient poursuivis pour « crimes de guerre » par meurtre, par mutilation, par traitements cruels, inhumains et dégradants et refus de dénonciation d'une infraction commise par des militaires dans cette région où l'armée est engagée contre une rébellion.
« Les charges de crimes de guerre qui sont tombées peuvent être justifiées parce qu'il n'y a pas de conflit déclaré dans le Kasaï », a commenté M. Aranaz.
En revanche, a-t-il poursuivi, il aurait été important que l'accusation de « crimes contre l'humanité » soit retenue contre ces soldats car cela aurait constitué « un signal fort en direction de tous ceux qui sont impliqués dans les violences au Kasaï ».
Capture d'écran de la vidéo où l'on voit un soldat FARDC achevant une victime au sol. (© mediacongo.net)
Depuis septembre 2016, quatre provinces du centre de la RDC sont secouées par des violences qui impliquent des miliciens, soldats et policiers, après la mort du chef traditionnel Kamwena Nsapu qui défiait le pouvoir de Kinshasa.
Ces atrocités ont causé la mort de plus de 3.000 personnes, selon l’église catholique, et fait 1,3 million de déplacés. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été assassinés en mars.
L'ONU accuse les rebelles Kamwena Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant l'usage disproportionné et indiscriminé de la force par l'armée congolaise « ainsi que la mobilisation et l'armement des milices supplétives » par les autorités.
Le BCNUDH estime que « les officiers doivent garantir l'usage proportionné de la force par des éléments, militaires ou policiers, sous leur commandement », balayant tout argument qui consiste à attribuer ces excès à des « éléments isolés de l'armé ».
Le verdict est attendu samedi prochain. « Il sera très suivi. Tout le monde surveille ce procès car la vidéo des exécutions a fait le tour du monde », confie un témoin.
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Capture d'écran de la vidéo où l'on voit des hommes en uniformes de l'armée congolaise tirer sur des civils à Mwanza Lomba. © Capture d'écran